Bonjour,
Pour la journaliste vedette de la RTS, la pandémie, dont elle parle régulièrement au TJ, a pris un tour dramatique en 2021 lorsque son papa, âgé de 75 ans, hospitalisé en urgence aux HUG, a été placé dans le coma et intubé. Récit du moment clé de son année.
Didier Dana
Jennifer Covo, journaliste vedette de la RTS, a vu cette année ses parents attraper le coronavirus.
Nicolas Righetti/Lundi13«Au début du mois de février, mes parents ont attrapé le coronavirus. Tout se passait bien jusqu’au jour où j’ai reçu un coup de fil: «Papa est parti à l’hôpital en fin de matinée.» Dans sa chambre, aux HUG, il était égal à lui-même, rassurant et drôle. Au TJ, je me préparais à recevoir le conseiller fédéral Ignazio Cassis. Mais, à la sortie de l’édition du journal de midi, ma sœur cadette m’a appelée, paniquée: «Papa est aux soins intensifs. Il n’arrive plus à récupérer, il a perdu son oxygène dans la nuit.» Ma collègue Agnès Wuthrich, m’apercevant en larmes, me libère: «Pars t’occuper de ta famille! On va te remplacer.»
A l’hôpital, je croise Jérôme Pugin, le médecin-chef des soins intensifs. Je l’avais reçu en plateau pour évoquer la pandémie. Cette fois, c’est lui qui m’accompagne au chevet de mon père. Je le découvre sur son lit, le visage recouvert d’un masque. Il essaie de parler, mais, en état de détresse respiratoire, il suffoque. Je prends sa main, je la serre. Il lève l’autre en me désignant le ciel pour me signifier: «Si Dieu veut, je reste en vie.» Cet homme de 75 ans, croyant et fort, a déjà traversé des épreuves, dont un kyste au cerveau.
Je pose mille questions. On me répond: «Il a perdu 80% d’oxygène. Il est dans le pic de la maladie. Le virus a massivement attaqué ses poumons, il faudra peut-être l’intuber.» Je suis dévastée. Nous avons toujours été cinq. Une famille unie, dans les moments heureux comme dans les épreuves. A cet instant, rien d’autre ne compte plus que la vie de mon père. Je ne peux pas me résoudre à le perdre.
Le lendemain, nous apprenons qu’il a fait un pic de fièvre et le verdict tombe: «Il va être intubé et placé dans le coma.» Avec mes deux sœurs et ma mère, on se tient par la main. Les médecins nous rassurent: «Ce n’est pas la fin. On a fait des progrès depuis mars 2020. Ce sera long, des semaines, des mois peut-être. Ménagez vos forces…» Ma mère reste stoïque. Elle a ces mots qui résonnent encore: «Je vais aller préparer l’appartement pour quand papa va rentrer.» Mes sœurs et moi, effondrées, sommes subjuguées par son calme apparent.
Les jours suivants, la santé de mon père se dégrade encore un peu: «Il ne répond plus à l’intubation, on va devoir le placer sur le ventre.» Le professeur Pugin insiste: «C’est grave, mais ne capitulez pas!» Il avait raison d’espérer. Dans la chambre, nous avions appris à interpréter les chiffres inscrits sur la machine à laquelle il était branché en permanence. Au bout de sept jours, les médecins ont pu extraire le tube qui lui avait permis de respirer et de survivre. Son état s’est amélioré miraculeusement. On allait enfin pouvoir le retrouver, conscient cette fois.
C’est à ce moment-là que papa a décidé qu’il ne voulait pas nous voir, dans un premier temps. Pour la première fois, j’ai vu maman pleurer. Nous ne le savions pas, mais la réaction de mon père était normale. Au sortir du coma, il ne se souvenait de rien. Cette maladie provoque un choc très éprouvant. Il allait avancer, pas à pas, afin de retrouver ses capacités physiques et psychiques. Finalement, même si ses propos n’étaient pas toujours cohérents, il a fini par accepter nos visites.
Nous allions bientôt le récupérer totalement: jovial, optimiste et malicieux. Il nous demandait furtivement, contre l’avis du corps médical, alors que sa trachée était sensible et qu’il n’ingurgitait que des liquides: «Va me chercher un carré de chocolat!» A sa sortie, je lui en ai offert tout un assortiment. Il n’a plus aucune séquelle aujourd’hui et répète à qui veut l’entendre que les soignants ont été extraordinaires de douceur et d’humanité. Il conclut invariablement son récit en disant: «Mon médecin me dit que je suis un survivant!»
Le vendredi 23 avril, Thomas Pesquet décolle vers la Station spatiale internationale (ISS) en compagnie de trois astronautes, 26 avril 2021 Space X:
SpaceX«Avec mon fils de 6 ans, nous écoutons, sur France Inter, «Allô Olma? Ici Thomas Pesquet», les podcasts que réalise l’astronaute français depuis l’espace où il a séjourné pendant six mois. Olma est une machine de la connaissance. Avec l’aide d’une journaliste scientifique, elle se connecte à l’ISS (Station spatiale internationale) et Thomas Pesquet répond à toutes sortes de questions: «Comment devient-on astronaute?» ou «Que penses-tu du tourisme spatial?» C’est un formidable outil éducatif.»
Les forces armées suisses testent l’héliportage de chevaux dans le Jura. Le but est d’arriver à les évacuer rapidement en cas de blessures, 09 avril 2021 Saignelégier:
Fabrice Coffrini/AFP«J’ai une affection particulière pour le Jura. Petites, mes deux sœurs et moi y allions, en famille, en compagnie de nos parents, afin d’admirer les chevaux. Cette image poétique de ces quadrupèdes dans le ciel me ramène à l’enfance…»
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, essuie un camouflet protocolaire en restant debout devant deux hommes assis: le président turc, Recep Tayyip Erdogan (à dr.), et le président de l’UE, Charles Michel, 06 avril 2021 Ankara (Turquie):
AFP«Cette scène, dite du «sofagate», m’a choquée. J’ai grandi dans un monde où, lorsqu’une femme est debout, les hommes, quels qu’ils soient, se lèvent pour lui céder leur place. Cela va au-delà des questions d’égalité entre les sexes. C’est, avant tout, une question de respect et d’éducation.»
Inauguration du centre de vaccination de Beaulieu, d’une capacité de 16 000 vaccinations par semaine, 19 avril 2021 Lausanne:
Laurent Gillieron/Keystone«En avril dernier, le vaccin, tout le monde l’attendait. Les personnes âgées, plus vulnérables, étaient naturellement prioritaires. A ce moment-là, on l’a peut-être oublié, mais les gens s’inscrivaient à tour de bras et faisaient la queue afin d’obtenir un rendez-vous. C’était une priorité et une première porte de sortie sûre en vue des vacances d’été. Moi-même, je me suis fait vacciner au mois de juin.»
Un policier londonien, acclamé par la foule, danse dans les rues du quartier de Soho, pour célébrer l’assouplissement des mesures sanitaires, 12 avril 2021 Londres:
Henry Nicholls/Reuters«En regardant cette scène de joie, je me dis rétrospectivement: «C’est possible… Est-ce qu’enfin on arrive au bout?» Le pub anglais est le symbole du lien social par excellence, un lieu de retrouvailles. La pandémie nous a enseigné combien nous avions besoin les uns des autres et de nous retrouver les uns avec les autres…»
La foule réagit en apprenant que le policier Derek Chauvin a été déclaré coupable du meurtre de George Floyd, 20 avril 2021 Minneapolis (Etats-Unis):
Stephanie Keith/ZUMA/Alamy Stock Photo«Il y a dans cette larme toute l’humanité d’une situation insoutenable: le 25 mai 2020, le monde entier, impuissant, a vu George Floyd mourir en direct sous ses yeux. Ici, le 20 avril 2021, la justice des hommes répond à la barbarie d’un homme ayant abusé de son statut de policier…»
La solitude d’une reine. Elisabeth II assiste, à la chapelle Saint-Georges du château de Windsor, aux obsèques de son mari, le prince Philip, emporté dans sa centième année. En raison de l’épidémie de coronavirus, seules trente personnes étaient présentes au cours des funérailles. La reine elle-même connaîtra des problèmes de santé en novembre, faisant trembler tout le royaume, 17 avril 2021 Windsor:
Jonathan Brady-WPA/Getty Images«Derrière cette silhouette noire minuscule se cache une femme de 95 ans. Une veuve qui enterre son mari et qui est aussi le plus ancien chef d’Etat et monarque de l’histoire contemporaine toujours en fonction. L’image scelle la fin d’une histoire d’amour entre la reine et le prince Philip, qu’elle surnommait «son roc». Il rejoint à cet instant solennel l’histoire avec un grand H.»
Une reproduction en résine acrylique 3 D du David de Michel-Ange s’apprête à partir pour représenter l’Italie lors de l’exposition de Dubaï 2021 après avoir été préalablement recouverte d’une poudre de marbre, 14 avril 2021:
Carlo Bressan/AFP«J’ai découvert, la toute première fois, le David de Michel-Ange, à Florence, lorsque j’avais 20 ans. Je suis restée figée et muette devant cette œuvre de 5,5 tonnes et de 5 m de haut que l’on s’attendrait à voir bouger. Elle incarne la virilité et l’intelligence: le petit David vainqueur du terrible Goliath. Cette statue est monumentale et aérienne à la fois.»
A Porrentruy, le HC Ajoie remporte la Swiss League en battant Kloten et décroche sa place en ligue nationale, 28 avril 2021:
Georgios Kefalas/Keystone«Il y a 14 ans, au début de ma carrière journalistique, j’avoue que je ne m'intéressais que peu au sport. Et, c’est en voyant progresser des équipes comme le HC Ajoie que j’ai compris et mesuré tout le bonheur que pouvait apporter un collectif. En premier à ses supporters, à une région, voire à un pays tout entier. La langue universelle du sport a un pouvoir fédérateur inouï.»
22 momies royales sont acheminées, dans des chars, depuis le Musée égyptien, place Tahrir, jusqu’au Musée national de la civilisation égyptienne, 3 avril 2021:
Yasmin Eliwa/AFP«Le métier de journaliste nous ramène à un temps immédiat. Or, sur cette image, trois époques se superposent. Il y a l’Egypte des pharaons, berceau de l’humanité, des momies transportées dans un décorum contemporain et néo-pharaonique clinquant, sur la place Tahrir. C’est ici qu’en 2011 eurent lieu les manifestations qui ont provoqué la démission du président Hosni Moubarak en entraînant la libéralisation du régime.»