Ce matin-là, Jean-Robert Schaffter, qu’à peu près tout le monde appelle Schaffti, rôde dans des sous-bois du Jura. Il porte des bottes, des jumelles et un téléphone mais il ne cherche pas de champignons, qu’il a pourtant ramassés le matin même, dans la forêt de hêtres derrière sa maison. Ce qu’il traque, l’œil grand ouvert et le smartphone à l’affût? Des images. «Un tableau de feuilles, un reflet dans l’eau, des gouttes de rosée sur des tiges. Si j’ai quelque chose en tête, je le poursuis immédiatement. Mon avantage, c’est que je vois les choses. J’ai certaines dispositions, sans aller jusqu’à parler de don.» Il se laisse ainsi emporter par cette passion visuelle tout droit venue de l’enfance, quand il s’ennuyait ferme à l’école et laissait son regard sortir des fenêtres de son collège de la vallée de Delémont. «J’étais un élève indiscipliné, pas du tout scolaire. A 15 ans, j’ai dit à mon père que j’allais faire ce que je voulais, graphiste. Les dessins, les affiches, j’aimais cela.»
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Ses sujets, il les saisit partout, en amoureux de l’instant fugace. Comme il n’a pas de permis de voiture, les fenêtres des trains deviennent ses écrans de cinéma. Un visage derrière une vitre mouillée l’attire soudain. Ou il se souvient de la Battersea Power Station, l’immense usine électrique aperçue lors d’un voyage ferroviaire à Londres, le bâtiment dont les Pink Floyd firent une couverture de disque. «J’ai eu le temps de ne faire qu’une seule photo, très vite, puis je l’ai reproduite en gravure, en restant proche de l’image d’origine.»
Il a aussi découvert sa maison en se promenant, il y a quinze ans. C’était une ferme nichée en solitaire dans un vallon, près de Montfaucon (JU). Elle était sans raccordement à l’eau ni à l’électricité, avec un établi d’horloger à l’étage supérieur. Une de ces demeures comme beaucoup d’agriculteurs en possédaient pour gagner un peu d’argent supplémentaire en assemblant des horloges. «Par chance, j’ai pu convaincre le propriétaire de la vendre, il n’avait pas envie de rénover.» Schaffti s’y est beaucoup investi. La maison est devenue une oasis de calme et un lieu de retraite pour son épouse Isolde et lui. Elle abrite son atelier.
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