Belmondo et la Suisse, c’est une histoire d’amour. Mais une vraie histoire d’amour, une love story «scandaleuse», illégitime, passionnée, orageuse, comme dans les films. Cette idylle fut bien sûr celle que «le Magnifique» vécut durant sept ans avec la sublime et seule vraie star que l’Helvétie ait donnée au septième art: Ursula Andress.
Il était marié et père de famille, elle venait de divorcer. Mais entre la James Bond Girl d’Ostermundigen (BE) et «l’homme de Rio», ce fut un de ces coups de foudre contre lesquels il est vain de résister. C’était en 1965, lors du tournage des Tribulations d’un Chinois en Chine de Philippe de Broca, une sorte de remake sympathique, mais moins réussi, du triomphal Homme de Rio de l’année précédente. Ursula est alors une icône internationale, dix ans après sa relation avec James Dean, trois ans après sa mythique apparition en naïade dans le premier James Bond et deux ans après avoir donné la réplique à Elvis Presley dans un de ses innombrables navets musicaux. Belmondo a de son côté inventé une nouvelle manière de jouer et de séduire à l’écran. Ils incarnent tous deux la liberté des années 1960, une modernité qui fascine et dérange à la fois. Elle vient de quitter John Derek et lui va quitter femme et enfants pour que vive leur concubine passion dans une société où ce genre de choses n’est pas du tout convenable. Ils n’afficheront d’ailleurs pas leur amour, mais ils ne le cacheront jamais non plus.
>> Lisez aussi: Ursula Andress, la Bernoise devenue sexe-symbole planétaire
Ils vivront durant sept ans entre Paris et Ibiza, avec quelques séjours en Suisse. Ils riront beaucoup ensemble, mais se querelleront aussi. La décontraction festive de Bébel n’était pas toujours compatible avec la discipline bernoise de sa «tigresse suisse, très belle et très jalouse, mais qui était une vraie âme sœur, pleine d’énergie», comme il dira lui-même plus tard. Ces deux énergiques âmes sœurs se séparent pourtant en 1971. Sans trop faire de bruit. L’illustré avait beaucoup attendu avant de faire sa couverture avec l’actrice sans son Bébel. C’était en automne 1972: «Ursula Andress loin de Belmondo». Il s’agissait de savoir si une réconciliation était possible, de longs mois après l’officieuse séparation. Mais l’idylle franco-suisse était bel et bien morte: «Tout est fini avec Jean-Paul. Je ne veux plus le revoir», assurait la comédienne dans une interview confession où, depuis son ranch californien, elle accusait son ancien partenaire de «cruauté mentale».
Des années plus tard, ils se croisèrent dans des cocktails et des festivals. Leurs embrassades émues démontraient à chaque fois que seuls les bons souvenirs avaient survécu. A l’annonce de la mort de son ancien amoureux, Ursula Andress a écrit ces mots tout simples, emblématiques de leurs amours en liberté: «Jean-Paul, tu étais une personne hors du commun, un homme plein de passion et de vitalité, avec un énorme sens de l’humour. Tu vas beaucoup manquer à nous tous. Au revoir, toi, l’homme que j’ai aimé. Tu resteras toujours dans mon cœur.»