Le 14 mars 2019, Adeline Morel aurait eu 40 ans. Une date qui a une résonance particulière pour Esther et Jean-Claude Morel, les parents de la sociothérapeute assassinée le 12 septembre 2013. «Quarante ans, c’est l’âge de l’équilibre, de la maturité, s’exclame sa maman. Adeline aurait été une quadragénaire et une maman rayonnantes, c’est tellement injuste qu’elle n’ait pas pu voir grandir sa fille.»
Ce jour-là, les Morel ont ouvert leur porte à la famille et aux amis d’Adeline, toujours fidèles, et Esther a confectionné le gâteau préféré de sa fille, un cœur au chocolat, dont Adeline raffolait. Rien de morbide dans la démarche, assure-t-elle: «On sait bien qu’on ne fête pas ses 40 ans, elle n’est plus là, mais on veut honorer sa mémoire à travers nos souvenirs partagés. J’ai parfois peur qu’on l’oublie. Adeline n’a pas vécu longtemps, mais elle a donné tellement d’amour autour d’elle que l’empreinte de cet héritage doit rester vivante.»
Les époux ont traversé ce drame avec une dignité exemplaire. «Pas de pardon, mais pas de haine», résume Jean-Claude, évoquant leur état d’esprit. Tous deux ont tenu à connaître, comme la loi les y autorise, sous réserve de l’approbation du détenu, le lieu en Suisse alémanique où Fabrice A., l’assassin d’Adeline, purge sa peine de prison à perpétuité assortie d’une mesure d’internement ordinaire. «Pour nous, c’était important de savoir où il se trouve. Même si le fait qu’on ne puisse pas nous garantir qu’il ne sortira plus restera toujours un facteur de stress.»