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L'éditorial

Guy Parmelin ou la revanche du gentil

Souvent raillé - notamment pour son anglais approximatif - depuis son élection au Conseil fédéral, Guy Parmelin «a déçu en bien» nombre d'observateurs à l'occasion de la réception de ses homologues Biden et Poutine. Avec son style.

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SUISSE JOURNEE PORTES OUVERTES FERME

Le Conseiller fédéral et président de la Confédération, Guy Parmelin, visite la ferme Praz-Romond et porte un agneau dans ses bras lors de la journée «portes ouvertes à la ferme», dimanche 2 juin 2019 à Puidoux. 

Jean-Christophe Bott/Keystone

Une légende est en train de se construire. Guy Parmelin, dont la plupart des observateurs n’attendaient pas grand-chose, se révèle être un grand président pour la Suisse. Dans une époque où il n’est pas aisé de trouver sa voie, le Vaudois a fait au plus simple: il a décidé d’être lui-même. Le début de son mandat à Berne n’en a été que plus difficile. Lacunes en langues, mauvaise préparation sur les dossiers de la Défense, Guy Parmelin a commis bien des gaffes. Mais si l’authenticité le caractérise, il faut aussi reconnaître sa capacité d’apprentissage. Lui, réputé lent, s’est avéré un excellent sprinter.

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2021 a été l’année de la révélation. Le cœur du président pour un an a parlé quand il a eu l’idée toute simple mais formidable d’une minute de silence en hommage aux victimes du covid. Dans les grandes crises, on reconnaît les grands personnages à une seule chose: ils savent trouver le moyen de resserrer les liens autour d’eux. Il a joué ce rôle. L’estomac n’a pas failli non plus quand il a fallu assumer. Dans une époque où l’étage des responsables se défile trop souvent, le président devenu ministre de l’Economie a entériné la fin des discussions avec l’UE, ouvrant ainsi sans pathos un nouveau chapitre des relations avec nos voisins.

Dans ce tableau, le conseiller fédéral a ajouté sa touche toute personnelle. Guy Parmelin, c’est un gentil, un enfant de Bursins qui aime la terre et les gens. Il suffit de le voir dans une manifestation, rayonnant de bonheur au milieu des Suisses. Ce grand bienveillant aime le contact. Quand il se retrouve entre Vladimir Poutine et Joe Biden sur le perron de la Villa La Grange pour renouer un dialogue au nom de Genève, de la Suisse et du monde, il s’agit bien du même Guy Parmelin qui demandait peu de temps avant à toutes les parties – debout sous la pluie et bottes aux pieds – de se calmer avant une votation explosive.

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Et puis il y a le style personnel. Guy Parmelin est cool sans le savoir. Il se fiche des apparences au point que ses tenues du dimanche, son antique radio dans sa cuisine ou sa manière de saluer sur un plateau TV comme s’il entrait dans le bureau de poste deviennent des petits moments de bonheur. La preuve, son personnage se balade sous forme de mème dans tous les recoins du web. En devenant un objet culte de la pop culture, Guy Parmelin fait là aussi du bien à toute la Suisse.

Par Stéphane Benoit-Godet publié le 24 juin 2021 - 08:49