En 2800 avant Jésus-Christ, en Chine, sous le règne de l’empereur Shen Nung, on utilisait déjà le cannabis pour soigner les rhumatismes, la constipation et le paludisme. Près de cinq millénaires plus tard, en Suisse, le cannabis médical tente une timide intrusion dans notre pharmacopée par le biais de deux substances dont les propriétés, les modes d’utilisation et les indications thérapeutiques sont très différents. Le THC et le CBD font partie des 80 cannabinoïdes que recèle le cannabis.
S’ils sont interdits à la vente en Suisse depuis 1951 car considérés comme des stupéfiants, les produits cannabiques contenant plus de 1% de THC peuvent être prescrits par des médecins. Car le THC a prouvé son efficacité pour soulager nombre de douleurs chroniques liées à la sclérose en plaques, à la fibromyalgie, aux polyarthrites, à l’endométriose…
Bémol
Petit bémol, un seul médicament industriel à base de cannabis est autorisé en Suisse et les préparations magistrales ne peuvent être obtenues qu’auprès de trois pharmacies (Langnau, Winthertur et Genève). Une vidéo sur Konbini News, filmée dans un EMS genevois, présente même des résidents souffrant d’alzheimer tout ragaillardis par la prise régulière de bonbons à l’huile de cannabis.
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Mais en réalité, tout est fait pour dissuader les médecins de prescrire ces produits, puisqu’ils doivent faire une demande d’autorisation spéciale limitée dans le temps à Berne pour chaque patient. Cela dit, une révision de la loi sur les stupéfiants facilitant la prescription de cannabis médical vient d’être approuvée en procédure de consultation.
Problèmes
Pour le CBD, qui contient moins de 1% de THC, la situation peut sembler plus simple puisqu’on le trouve en vente libre (mais pas pour les mineurs) sous la forme d’huiles, de gouttes, de bonbons ou de chewing-gums. Avec tout de même deux problèmes majeurs, comme le révèle Roxana Rouzbeh, pharmacienne à Lausanne: «Ces préparations ne subissent pas de véritables contrôles de qualité. Résultat, la posologie et la teneur des produits sont souvent fantaisistes et la présence de pesticides, fongicides et métaux lourds n’est pas à écarter. Premier conseil donc: boycottez internet et achetez bio en pharmacie.»
Second problème, l’automédication. Depuis que le CBD est en vente libre, les gens se précipitent vers ce qu’ils croient être un médicament miracle. Or ses effets demeurent limités et variables selon les individus. Inefficace en cas de douleur aiguë, le CBD peut aider à soulager certaines douleurs chroniques. Ses vertus anti-épileptiques, anxiolytiques, anti-nauséeuses et anti-inflammatoires sont souvent citées. Des médecins le prescrivent avec succès à la place de somnifères chimiques. Mais, en tout état de cause, demandez l’avis de votre pharmacien ou de votre médecin avant d’en remplir votre armoire à pharmacie, le produit n’étant vraiment pas bon marché.