Nous aurions aimé écrire cet article en utilisant sa police inclusive, mais il va falloir encore du temps pour que les claviers s’adaptent à cette typographie, visible, intuitive et simple, où le masculin et le féminin s’enlacent harmonieusement. C’est ainsi que ce graphiste a conçu son travail de bachelor, qui permettra enfin, quand un seul homme est présent avec 50 femmes, de ne plus imposer le masculin. D’abord, il a redessiné à la main les lettres présentes dans la typographie Akkurat, puis il a laissé son imagination faire le reste, le il et le elle fusionnant, les terminaisons s’entremêlant, pacifiées, dans une typographie qui, on ne l’imagine peut-être pas, est aussi inspirée de la calligraphie carolingienne utilisée par les moines copistes.
Les femmes de son entourage ont apprécié la démarche, reconnaît celui qui a commencé sa trajectoire par un CFC de graphiste. «Mais ce n’est pas une position seulement féministe, j’avais envie d’offrir à toutes les personnes concernées par le genre une police neutre et objective.»
Tristan Bartolini n’est pas le premier à avoir tenté de rétablir l’égalité au niveau grammatical. Il reconnaît lui-même aussi volontiers que ses quelque 40 caractères peuvent encore être améliorés. Lui aime particulièrement sa terminaison XSE pour désigner le statut amoureux/se.
«J’ai fait beaucoup d’essais, il fallait qu’il y ait une cohérence. Il faudra peut-être trouver des raccourcis au niveau des claviers, comme pour l’arobase», indique encore celui qui fait honneur à la grande tradition de la typographie suisse.
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