Cultiver son jardin
On leur avait bien dit, pourtant. Là-haut, à 800 mètres, sur ce bout de terrain, rien ne pousse ni ne poussera jamais. Mais c’était compter sans la fantaisie et l’énergie du couple Meyer, dont nous vous contons l’histoire en page 18. Betty et Marcel ont commencé par retaper la vieille maison. Puis ils ont dégotté une serre dans une petite annonce, qu’ils ont démontée et transportée en plusieurs fois pour commencer leurs semis. Ils ont creusé deux étangs, puis trois, en misant sur la terre argileuse pour l’étanchéité. Là encore, les voisins ont ri sous cape. Mais l’eau irriguera la terre, et les truites qui s’y ébattent permettent d’en vérifier la pureté.
Des petits bois de vergnes ont été plantés, où poussent désormais des shiitakés plus bios que bios. Et puis il y a les fleurs, les kiwis, les légumes et même des truffes! Et surtout cet incroyable labyrinthe fait de buis, en forme d’immense étoile, une plantation insolite qui a mis des années à grandir, qui prend des jours à tailler et qui ne sert parfaitement à… rien! Marcel et Betty l’adorent et en rigolent encore. Ils ne se lassent pas de l’admirer. Trente ans plus tard, la terre aride du haut plateau de Diesse s’est transformée en jardin d’Eden.
Autre lieu, autre idéal. Céline, elle, a troqué son tailleur et ses talons hauts pour un jean bien usé et de grosses chaussures (lire en page 46). A sa profession d’assistante dans une étude d’avocats, elle a préféré celle de bergère. Cinq cents moutons sous ses ordres, cinq chiens en guise de précieux gardiens et le ciel pour témoin. Une vie à la dure, dans les hauts pâturages, sans aucun confort, l’eau froide dehors. Mais elle l’affirme haut et fort: si elle pouvait, elle n’arrêterait jamais. Il fut une époque où «faire un alpage» était tendance.
La soussignée l’a humblement expérimenté dans ses jeunes années. Quatre mois là-haut, 33 génisses, deux chèvres délurées qui s’étaient fait un plaisir de dévorer les pousses tendres du petit potager âprement planté. Mais on leur pardonnait tout, vu qu’elles nous donnaient du lait pour confectionner de succulents petits fromages frais. Un sentiment de liberté, de n’avoir besoin de rien ni de (presque) personne, ce fut une leçon de vie. Et aussi, en quelque sorte, une façon de cultiver son jardin.
A toutes et à tous, nous vous souhaitons un merveilleux été, rempli de fantaisie et de nature, en toute liberté.
>> CôtéNature, c'est des conseils pour faire fleurir votre jardin, mais aussi des portraits d'artisans de nos régions, des suggestions de balades, des recettes faciles à réaliser, des idées de bricolages, de décorations et de tricots, et bien plus encore. Le magazine est disponible en kiosque ou sur notre boutique en ligne au prix de 5.-.