1. Home
  2. Actu
  3. Fanny Clavien, femme jusqu’au bout des muscles
Portrait

Fanny Clavien, femme jusqu’au bout des muscles

Ex-championne d’Europe de karaté et de wakesurf, 
la Valaisanne de 31 ans, s’est lancée il y a 
deux ans dans le bodybuilding

Partager

Conserver

Partager cet article

file715dcyk4cc0194hrr1ev
Corps-esprit. Fanny Clavien recherche une forme d’équilibre global, à la fois physique, mental et esthétique. Anoush Abrar

Résultat, son corps de femme s’est transformé en une montagne de muscles! Elue Miss Univers IBFA le 1er juillet, elle revendique son choix et se moque 
de ceux qui l’attaquent sur les réseaux sociaux. Elle a fait un choix de vie, il y a deux ans, et elle se sent, aujourd’hui, plus épanouie et plus heureuse que jamais. «Je vis à 200% et je kiffe ma vie», s’exclame-t-elle avec un grand sourire, vibrante, rayonnante.
 

A 31 ans, la Valaisanne Fanny Clavien est une multichampionne confirmée et totalement atypique. Triple championne d’Europe de karaté, puis championne d’Europe dans un tout autre domaine, le wakesurf, elle vient de décrocher, le 1er juillet en Italie, le titre le plus prestigieux du nouveau sport qu’elle a choisi, le bodybuilding, Miss Univers IBFA. Sacrée dès sa première compétition, Fanny Clavien a vu déferler ensuite un véritable tsunami de hargne sur les réseaux sociaux: on l’accuse de ne plus être une vraie femme et d’être devenue un avatar de mec…

Je suis libre, passionnée, j’aime mon corps

«Ces gens qui me prennent à partie, je les appelle les trolls, dit-elle en riant. Ils me disent que je suis dégueulasse avec mes muscles, que je suis tatouée, que je suis lesbienne. Eh bien, je suis contente de ne pas entrer dans leurs codes. Moi, je vis comme je veux, je suis libre. Quand on me dit que je ne suis pas féminine, je demande: «C’est quoi être féminine?» Je suis femme, j’adore être femme et je me sens belle. Je me fais les ongles, je me fais des coupes de cheveux, j’aime la mode...»

 

Un visage fin et sensuel, des yeux bruns pleins de vie, de longs cheveux, beaucoup d’allure. Drôle, rieuse, Fanny Clavien respire la bonne humeur et dégage une énergie impressionnante, cette énergie blanche des karatékas, pure, puissante. Les muscles lui ont façonné un corps parfait, mais ils restent invisibles sous le t-shirt. Elle n’a rien de lourd ni de massif, rien d’une lanceuse de poids ou d’une camionneuse; on a l’impression, en la voyant, de voir un top model.
«Quand je faisais du karaté, explique Fanny, je faisais 68 kilos, pour 171 cm, pendant les compétitions, et maintenant, c’est quasiment le même poids. Mais j’ai un corps plus fit et plus sculpté. Le bodybuilding, c’est une recherche de la force, mais aussi de l’harmonie. Il faut que chaque partie du corps devienne esthétique. Les épaules, les jambes, le galbe des cuisses, des fessiers... C’est un sport qui demande une rigueur et une force mentale incroyables, c’est 24 heures sur 24.»


Quand Fanny Clavien arrête le karaté, il y a deux ans, c’est parce qu’elle en a un peu assez. «C’était un peu comme une histoire d’amour qui s’arrête, dit-elle, tu sens que c’est la fin, mais tu ne veux pas finir trop vite.» Mais il y a forcément une vie après le karaté, surtout pour elle, devenue par ailleurs journaliste. Elle parle de bodybuilding avec l’un de ses sponsors, Avni Nasufoski, qui lui propose de faire un entraînement. «J’ai été piquée par la mouche. J’ai tout de suite adoré: c’est très dur, très exigeant. J’éprouve un plaisir incroyable à être dans une douleur absolue. Je me dis, après l’entraînement, que je suis allée au bout de moi-même et que je n’ai rien lâché.»

Fanny Clavien est une compétitrice. Un mois après avoir découvert le bodybuilding, elle confie à son coach, Avni Nasufoski, qu’elle veut faire des concours. Elle commence à changer de corps, à développer tous ses muscles. «Quand le corps commence à se transformer, c’est une phase très compliquée, explique-t-elle. C’est comme quand on construit une maison et qu’on ne sait pas encore à quoi ça ressemblera à la fin. Ça a pris deux ans avant que je sois satisfaite de me voir et que je me sente dans ma maison. Mais aujourd’hui je suis hyper-contente!» Ses proches la soutiennent, ses parents, sa sœur, sa compagne, Natalie, qui partage sa vie depuis une année et appartient aussi au monde du bodybuilding.

Fanny Clavien s’entraîne deux à trois heures par jour. Elle s’inflige aussi un régime alimentaire qui tient de la torture. En période de compétition, le menu se réduit à poulet, poisson et légumes verts, avec de l’eau et du café pour arroser le tout. Le reste du temps, c’est à peu près la même chose: jamais une pizza, un sandwich, un verre de vin! Pour tenir, Fanny s’autorise parfois des concessions tactiques: en faisant le plein d’essence, elle craque et achète un Kinder Bueno, mais elle le jette aussitôt revenue dans sa voiture. Elle disputera à Las Vegas, le 12 septembre prochain, le concours Miss Olympia amateur. Tout en rêvant déjà à une carrière professionnelle.

Par Habel Robert publié le 25 juillet 2018 - 08:45, modifié 18 janvier 2021 - 21:00