«J’ai commencé l’année avec un mois de vacances. J’avais auparavant terminé mon job et l’année 2020 avec une permanence entre les Fêtes. La dernière nuit, il y avait eu une tentative d’homicide et l’impossibilité, vu les bureaux déserts, de dire ensuite au revoir à tout le monde, ce qui fut un peu dur après vingt-neuf ans d’activité à Neuchâtel.
Le 1er février, je me présentais à Berne pour entamer mon nouveau job de chef de la formation de la police judiciaire fédérale. C’était impressionnant de passer les différents portiques de sécurité. Je me suis retrouvé dans une grande salle avec une quinzaine de nouveaux arrivants, comme moi, qui allaient rejoindre les différents domaines de direction de Fedpol. Une personne des RH nous a présenté l’entreprise en allemand, je ne comprenais pas tout et me suis dit intérieurement: «Toi, mon coco, tu vas devoir t’y remettre!»
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Comme le chef des opérations a changé d’orientation, j’ai très vite dû gérer sa fonction en intérim en plus de la mienne, c’était un peu rock’n’roll. Les semaines qui ont suivi m’ont permis de me familiariser avec mon nouveau cadre de vie et de découvrir des collègues extraordinaires. Auparavant, je mettais douze minutes pour me rendre au travail, j’ai fait l’expérience du pendulaire qui consacre environ deux heures par jour à ses trajets. Je rentre évidemment plus tard chez moi et ça limite d’autant plus le temps consacré à l’écriture de mes romans, mais je ne regrette rien, car l’imagination est toujours là et un futur scénario est déjà en train de prendre forme.
Mon travail, aujourd’hui, c’est notamment d’évaluer les besoins en formation des gens, de mettre en place un nouveau domaine, d’unifier, de simplifier et d’harmoniser les procédures au niveau de la police judiciaire fédérale et du Ministère public de la Confédération.
J’ai aussi pour mission de participer à rendre cette police plus opérationnelle, ce qui est sur la bonne voie. Mais j’ai quand même découvert et été impressionné par l’impact des menaces sur les édiles, notamment publiées sur les réseaux sociaux. Malgré ce changement de rythme, j’ai pu remettre à jour mon livre «Les secrets des interrogatoires et des auditions de police» et écrire un article scientifique sur le thème de l’aveu qui sera publié dans un livre de droit en 2022. Le fait que mon dernier roman, «L’ivresse des flammes» (Editions Favre), a été nommé au Prix du polar romand a aussi éclairé mon année. 2021 a été riche en récompenses, puisque j’ai également reçu le deuxième prix du meilleur polar suisse le 18 septembre à Granges.
Le Covid-19 a bien sûr affecté ma vie, comme pour la plupart des gens. Ma compagne est à risque; aussi, j’ai refusé des soirées où il y avait trop de monde, ce qui a parfois généré des incompréhensions. J’ai fait plus attention avec ma maman, je ne serre plus la main, j’ai mis des limites aux contacts non essentiels. Bref, il y a eu moins d’insouciance dans ma vie, même si je suis quelqu’un d’heureux par nature.
J’ai connu une petite frayeur cet été au moment où notre région a subi des inondations. C’était le 22 juin; par crainte de la grêle, je voulais vite rentrer chez moi, mais je me suis soudain fait surprendre par une déferlante d’eau et de boue sur une petite route. Ma voiture a commencé à se soulever, des cailloux et des branches d’arbres se mettaient à dévaler. Malgré tout, je suis arrivé en haut de la route et j’ai pu rejoindre ma maison. Heureusement, j’avais une bonne voiture. Mais j’ai appris ensuite qu’un village du canton avait été coupé du monde, avec des images folles de gens évacués par hélicoptère, de voitures emportées par un ruisseau qui s’était mis à déborder et à envahir toute la localité.
Heureusement, il n’y a eu ni mort ni blessé. Désormais, nous vivons de plein fouet la réalité du réchauffement climatique. 2021 aura aussi été sur ce plan-là, pour moi, une année particulière, avec une prise de conscience toujours plus forte de cette problématique.»