1. Home
  2. Actu
  3. Eva Green: «J’aime les rôles extrêmes»
Interview

Eva Green: «J’aime les rôles extrêmes»

Elle était faite pour ce personnage! A 43 ans, Eva Green, au long CV hollywoodien, est au centre du deuxième volet des «Trois mousquetaires: Milady» de Martin Bourboulon. Dans le rôle de Milady de Winter, l’actrice française incarne une vraie guerrière, énigmatique et manipulatrice. Un rôle très éloigné de cette actrice hypersensible qui n’aime pas trop se dévoiler.

Partager

Conserver

Partager cet article

L'actrice Eva Green

Eva Green est dans le rôle-titre des «Trois mousquetaires: Milady». On peut aussi la voir dans «Liaison», une minisérie franco-anglaise, de nouveau aux côtés de Vincent Cassel.

Driu & Tiago/H&K

La promotion n’est pas ce qu’elle préfère, mais, superproduction oblige, Eva Green doit se plier à l’exercice comme ses confrères acteurs qui enchaînent également les interviews dans les suites contiguës d’un palace parisien. Souriante, faisant preuve d’une vraie gentillesse, elle prend souvent le temps de la réflexion avant de répondre. Eva Green ne cache pas sa timidité, ses doutes comme ses emballements. Révélée au théâtre à 20 ans, elle lui préfère le cinéma et brille aux côtés de Louis Garrel dans «Innocents: The Dreamers», de Bernardo Bertolucci, en 2003. Depuis ce succès devant les caméras, la Française alterne blockbusters, films intimistes ou fantastiques, comme les trois qu’elle a tournés avec Tim Burton. A 43 ans, l’actrice, qui vit à Londres, aime les espaces verts et va souvent se ressourcer en Normandie, dans les Alpes ou encore en Irlande, où elle aimerait acheter une ferme pour élever des alpagas.

- Comment voyez-vous cette Milady de Winter?
- Eva Green: C’est une nouvelle version du personnage qui n’avait pas encore été explorée et c’est ce qui m’a intéressée, car il y avait l’opportunité de montrer une certaine fragilité et de comprendre pourquoi elle est devenue cette espèce de sphinx insondable.

- Qu’y a-t-il de vous dans cette Milady?
- Pas grand-chose. C’est quelqu’un qui est rongé de l’intérieur, elle est devenue une espèce de machine au service de la vengeance. Peut-être que si dans ma vie j’avais vécu de tels traumatismes, je pourrais être comme elle, mais là, non, il y a peu de ressemblance.

- Vous êtes-vous plongée dans le roman avant le tournage?
- J’avais lu «Les trois mousquetaires» quand j’étais enfant et vu des adaptations au cinéma ou à la télé. J’avais été marquée par l’interprétation de Lana Turner en 1948. Mais, là, le personnage a un autre relief. Milady est plus moderne, plus guerrière, c’est une femme fatale, mystérieuse, manipulatrice. Elle est plus tangible, elle dévoile ses fissures.

- Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous?
- Jouer un personnage iconique sans tomber dans les clichés de la femme fatale. Après, je pense que l’on s’attend à ce que je dise que ce sont les combats qui ont été le plus difficile pour moi, mais, au contraire, c’était très fun d’effectuer tout ce travail en amont, de s’exercer aux arts martiaux pour pouvoir combattre, apprendre à manier les armes. C’est vraiment ce que j’ai préféré. J’ai toujours été sportive même si je suis un peu gauche.

- Ce travail vous a-t-il réconciliée avec le cheval?
- On peut le dire! J’ai très peur des chevaux. J’ai fait pas mal d’équitation enfant, j’ai également tourné plusieurs films où je devais monter à cheval, mais je suis tombée tellement de fois! Cet animal est pour moi totalement imprévisible. Je crois vraiment qu’il ne fait que ce qu’il veut. Mais là, c’était différent et j’ai pris du plaisir à me remettre en selle. Mario Luraschi a la réputation d’être le meilleur cascadeur du genre au monde. J’ai compris pourquoi cela valait la peine de travailler avec lui. J’ai ressenti un immense plaisir à galoper à travers champs.

L'actrice Eva Green à cheval sur le tournage des «Trois mousquetaires: Milady»

L’actrice redoutait les scènes à cheval, car elle est souvent tombée. Mais grâce au cascadeur Mario Luraschi, elle a réussi à apprécier de nouveau les grands galops.

Ben King/Pathé Films

- La fin est très ouverte, un troisième volet est-il prévu?
- Sincèrement je crois que personne ne le sait. Tout dépend des résultats de celui-ci. Je suis prête à continuer si ce sont les mêmes scénaristes, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte.

- Vous alternez blockbusters et films plus intimistes, une préférence?
- J’aime les rôles extrêmes et les personnages qui pourraient être joués par des hommes. Cela ne m’intéresse pas d’être un faire-valoir de stars masculines. J’ai toujours été attirée par les personnages intenses qui me permettent de sortir de moi-même et, lorsque j’étais au cours d’art dramatique, c’est ceux-là qu’on me donnait pour sortir ce qui était en moi. Sinon, dans les grosses productions, on peut parfois ressentir plus de pression en raison de l’argent en jeu. Quant aux films indépendants, parfois deux jours avant de commencer, on ne sait pas s’ils vont se faire, mais c’est souvent là qu’il y a de très beaux rôles.

- Qu’auriez-vous aimé faire si vous n’aviez pas été comédienne?
- J’y pense toujours, car tout peut s’arrêter, mais je ne sais pas trop. Une activité en rapport avec la nature, la terre, dans une ferme en Irlande, pays que j’adore.

- Comme votre sœur Joy, qui fait du vin en Toscane?
- Oui, avec son mari ils font du vin et cultivent leur jardin bio. C’est une vie géniale. Ce n’est pas facile, mais ils vivent en harmonie avec la nature.

L'actrice Eva Green et sa sœur jumelle Joy

Eva Green et sa sœur jumelle, Joy, unies par une grande complicité et un véritable amour de la nature.

Instagram Le Crocine

- Nourrissez-vous d’autres rêves d’artiste?
- J’aimerais avoir le talent d’écrire ou de chanter, mais je ne l’ai pas. Donc j’ai beaucoup de gratitude dans le fait de pouvoir continuer à exercer ce métier qui peut s’arrêter à tout moment. Je travaille peut-être moins que certains, peut-être suis-je plus exigeante, mais j’ai toujours envie de tout donner, je m’investis totalement dans un personnage, je n’y vais jamais à moitié.

- Faites-vous lire les scénarios à votre mère?
- C’est moi seule qui décide. Il faut écouter ses entrailles, et ce qu’on s’imagine dans le personnage. Ensuite, je parle des rôles que je vais interpréter avec ma mère et c’est toujours très productif.

- Avez-vous le projet de lire de nouveau des contes pour enfants ensemble?
- Oui, nous cherchons un conte qui nous correspondrait, car nous avons découvert que nos voix se ressemblaient. Par exemple, lorsque nous faisons des sorcières, nous allons vers les mêmes notes.

L'actrice Marlène Jobert avec ses deux filles, Joy et Eva Green

Eva et Joy dans les bras de leur maman, l’actrice française Marlène Jobert. Cette dernière était tombée amoureuse d’un chirurgien-dentiste suédois, Walter Green, qui ignorait tout de la notoriété de sa future épouse.

Georges Lunghini/Sygma/Getty Images

- Qu’y a-t-il de plus important pour vous dans la vie?
- L’amour, qui se décline à plusieurs niveaux, qui engendre une sorte d’harmonie entre les humains, qui permet d’installer une paix intérieure, et qui nous manque tellement dans notre monde aujourd’hui.

- Comment vous voyez-vous dans vingt ans?
- Je ne blague pas lorsque je dis que j’aimerais avoir un coin à moi en Irlande avec des animaux, élever des alpagas… Dans ce pays où je retourne souvent, j’aime les gens, leur humour, leur sensibilité. J’y ai passé cinq ans de ma vie.

- Nourrissez-vous une relation particulière à la Suisse?
- C’est un pays tellement beau. Je le connais bien, enfant, j’allais beaucoup dans les Alpes. Eté comme hiver, c’est magique. On parle avec les dieux lorsqu’on est dans ces montagnes. 

L'affiche du film «Les trois mousquetaires: Milady» sorti le 13 décembre 2023

Après «Les trois mousquetaires: d’Artagnan», voici le deuxième volet, «Les trois mousquetaires: Milady», sorti mercredi 13 décembre.

Pathé Films
Par Marie-Christine Luton publié le 21 décembre 2023 - 06:02