Emmanuel Macron a emporté haut la main l’élection présidentielle française. Désormais, à lui de jouer. C’est le sentiment qui prédomine à l’issue de ce mandat où le président a quelque peu été empêché de pouvoir donner le meilleur de lui-même. «Empêché», c’est le terme qu’il avait utilisé pour qualifier l’action de son prédécesseur, François Hollande, dont il avait été ministre. Les circonstances sont bien différentes d’une époque à l’autre, mais les «gilets jaunes» et la crise du covid ont clairement compté comme autant de freins à l’action du jeune élu. C’est un point important. Devenu chef de l’exécutif à 39 ans, confirmé à 44 ans, il a révolutionné la politique française en explosant façon puzzle les partis politiques traditionnels. Par contre, une fois aux affaires, Emmanuel Macron a eu du mal à créer la rupture avec les manières de tontons flingueurs de la politicaillerie franchouillarde.
Le président a ainsi fait l’erreur de s’entourer de trop de technocrates. Il en a oublié la vraie vie et la vision d’ensemble de son projet pour plonger dans les détails des réformes. Est-ce la raison pour laquelle ce lettré aime tant se noyer dans la complexité, ce qui met ses citoyens à distance? En public, le président parle trop, trop longtemps et de manière trop alambiquée. L’histoire qu’il raconte a du mal à captiver, ce qui crée des tensions. Emmanuel Macron met par ailleurs en avant de nouvelles manières de faire de la politique qui tiennent du gadget. Comme ces citoyens tirés au sort pour réfléchir à une politique écologique. Et puis il promet des choses irréalisables. La pire restant ce vœu pieux qu’il n’y aurait bientôt plus de SDF en France. La vie, c’est parfois plus compliqué que de simples intentions quand on doit composer avec la misère.
Et, en même temps, Emmanuel Macron est un grand président. Démocrate, européen, innovateur sur bien des points, courageux, il peut faire entrer son pays dans une nouvelle ère. Pas seulement celle des start-up mais aussi celle – beaucoup plus ambitieuse – de la redéfinition de la vie démocratique. Une France avec davantage de mixité sociale et de décentralisation, comme en Suisse, cela paraît être une bonne boussole. En économie, il faut en finir avec un système qui réussit l’exploit de réunir les pires aspects du socialisme (la dette devient abyssale) et ceux de l’ultralibéralisme (ne prenez pas votre retraite dans un EMS français). Emmanuel Macron a l’intelligence, l’énergie et la stature pour relever ces défis. Il ne doit rien à personne, contrairement à ce que veut faire croire l’opposition. Et si être lui-même constituait sa meilleure option?