1. Home
  2. Actu
  3. Et si Macron osait être lui-même?
Politique française

Et si Macron osait être lui-même?

Stéphane Benoit-Godet revient sur la réélection d'Emmanuel Macron ce dimanche 24 avril. Si les «gilets jaunes» et la crise du covid ont freiné ses ambitions lors de son premier mandat, les français espèrent que le président tiendra ses promesses. Selon le rédacteur en chef de «L'illustré», la meilleure chose qu'Emmanuel Macron puisse faire pour son deuxième mandat, c'est d'être lui-même.

Partager

Conserver

Partager cet article

Emmanuel Macron

23 avril 2022: A la veille de l’élection qu’il a remportée par 58,8% contre 41,2% pour Marine Le Pen, Emmanuel Macron l’a joué à la fois Frenchy et so American. Sur la plage du Touquet, il a fait une balade avec son épouse Brigitte. Côté tenue, il avait opté pour des baskets, lunettes et, clin d’œil patriotique, un hoodie bleu, blanc, rouge signé Vitality, une marque très prisée des jeunes. Vendue sur le site internet officiel de la marque 59,99 euros, cette pièce ultra-tendance est déjà presque en rupture de stock.

Dukas

Emmanuel Macron a emporté haut la main l’élection présidentielle française. Désormais, à lui de jouer. C’est le sentiment qui prédomine à l’issue de ce mandat où le président a quelque peu été empêché de pouvoir donner le meilleur de lui-même. «Empêché», c’est le terme qu’il avait utilisé pour qualifier l’action de son prédécesseur, François Hollande, dont il avait été ministre. Les circonstances sont bien différentes d’une époque à l’autre, mais les «gilets jaunes» et la crise du covid ont clairement compté comme autant de freins à l’action du jeune élu. C’est un point important. Devenu chef de l’exécutif à 39 ans, confirmé à 44 ans, il a révolutionné la politique française en explosant façon puzzle les partis politiques traditionnels. Par contre, une fois aux affaires, Emmanuel Macron a eu du mal à créer la rupture avec les manières de tontons flingueurs de la politicaillerie franchouillarde.

Le président a ainsi fait l’erreur de s’entourer de trop de technocrates. Il en a oublié la vraie vie et la vision d’ensemble de son projet pour plonger dans les détails des réformes. Est-ce la raison pour laquelle ce lettré aime tant se noyer dans la complexité, ce qui met ses citoyens à distance? En public, le président parle trop, trop longtemps et de manière trop alambiquée. L’histoire qu’il raconte a du mal à captiver, ce qui crée des tensions. Emmanuel Macron met par ailleurs en avant de nouvelles manières de faire de la politique qui tiennent du gadget. Comme ces citoyens tirés au sort pour réfléchir à une politique écologique. Et puis il promet des choses irréalisables. La pire restant ce vœu pieux qu’il n’y aurait bientôt plus de SDF en France. La vie, c’est parfois plus compliqué que de simples intentions quand on doit composer avec la misère.

Et, en même temps, Emmanuel Macron est un grand président. Démocrate, européen, innovateur sur bien des points, courageux, il peut faire entrer son pays dans une nouvelle ère. Pas seulement celle des start-up mais aussi celle – beaucoup plus ambitieuse – de la redéfinition de la vie démocratique. Une France avec davantage de mixité sociale et de décentralisation, comme en Suisse, cela paraît être une bonne boussole. En économie, il faut en finir avec un système qui réussit l’exploit de réunir les pires aspects du socialisme (la dette devient abyssale) et ceux de l’ultralibéralisme (ne prenez pas votre retraite dans un EMS français). Emmanuel Macron a l’intelligence, l’énergie et la stature pour relever ces défis. Il ne doit rien à personne, contrairement à ce que veut faire croire l’opposition. Et si être lui-même constituait sa meilleure option?

Par Stéphane Benoit-Godet publié le 27 avril 2022 - 08:59