Nadine Gobet: la chercheuse de solutions
49 ans, directrice de la Fédération patronale et économique (FPE) à Bulle, députée au Grand Conseil, PLR/FR.
Non élue
Ce qu’elle aime, c’est «amener des solutions». Elle s’y emploie à la tête de la Fédération patronale et économique (FPE). «Mon travail consiste à être à l’écoute et au service des artisans, PME et indépendants qui constituent la grande majorité des entreprises ici (le sud du canton de Fribourg, ndlr)». Sortie en 1994 avec un master en droit de l’Université de Fribourg, elle hésite entre le brevet d’avocat et un emploi de juriste, se voit dans un groupe comme Nestlé ou une grande banque. «Je voulais mettre la main à la pâte dans une structure économique.» Elle postule comme stagiaire pour le brevet d’avocat et comme secrétaire patronale «ici, à la FPE». Elle a le choix, opte pour la FPE. «Je suis restée dans ma région et je ne l’ai jamais regretté!»
Son entrée en politique est «la suite logique» de son activité professionnelle. Ses parents étaient actifs dans les sociétés locales. Dans sa jeunesse romontoise, elle s’implique dans les camps de ski, les colonies de vacances de la paroisse et les scouts comme cheftaine. «Une partie de mon engagement vient de là, je crois.» Plus tard, elle rencontre des femmes «qui auraient aimé s’engager en politique, mais estimaient ne pas pouvoir concilier vie de famille, travail et politique. Sachant que mon compagnon et moi n’aurions pas d’enfants, je me suis dit: «J’ai un super travail et je peux, moi, m’engager.» En 2006, elle entre au Grand Conseil, où elle est membre de la Commission des finances et de gestion. Aux élections fédérales de 2015, elle est première des viennent-ensuite.
L’année suivante, elle perd son compagnon. «J’avoue que mon travail m’a aidée à garder l’esprit occupé, glisse-t-elle. Mais je suis quelqu’un de résolument optimiste, tourné vers l’avenir.» Qui ne cache pas ses préoccupations. «Les conditions-cadres, l’AVS, comment rester concurrentiel en Suisse au niveau des coûts, la fiscalité des entreprises au sein de l’OCDE… Le congé paternité de deux semaines? Une solution de compromis avec laquelle on peut vivre. L’initiative de l’UDC contre la libre circulation des personnes? Et si on a une pénurie de main-d’œuvre qualifiée comme annoncée, on fait quoi? Non, ce n’est pas possible. C’est fondamental pour moi de défendre les intérêts des entreprises.»
Mon combat
«Porter les préoccupations des artisans et des entrepreneurs, quel que soit leur secteur d’activité.»
Ana Roch: La Genevo-Galicienne
46 ans, députée au Grand Conseil et conseillère municipale à Vernier, MCG/GE.
non élue
Originaire de Galice, l’ancienne présidente du Mouvement citoyens genevois (MCG) est aussi à la tête de l’entreprise familiale, montée par son père, dans le domaine du bâtiment.
Mon combat
«S’il doit y avoir un sujet conséquent à traiter au niveau du parlement fédéral ces prochaines années, c’est bien celui de la formation des jeunes. Je suis convaincue que nous avons en Suisse un gros retard sur cette question sociale de la plus haute importance. Les jeunes formeront l’épine dorsale de notre économie de demain. Il est risqué de sacrifier une telle force motrice pour l’avenir du pays.»
Christine Bulliard-Marbach: La femme de réseau
Conseillère nationale sortante, PDC/FR.
élue
Entrée sous la Coupole en 2011, la Singinoise est, selon la RTS, celle qui a investi le plus de deniers personnels – et qui l’a dévoilé – dans sa campagne en Suisse romande. Mère de trois enfants, cette femme de réseau a repris Zum Schlüssel, auberge de sa commune natale d’Ueberstorf. Où elle a même reçu le Conseil fédéral.
Mon combat
«La réforme de la prévoyance vieillesse est une priorité absolue de la prochaine législature. Il faut garantir le financement de l’AVS pour assurer une retraite aux générations futures. Pour cela, il faut harmoniser l’âge de la retraite à 65 ans pour les hommes et les femmes.»
Simone de Montmollin: La terrienne
50 ans, députée au Grand Conseil, PLR/GE.
élue
Ingénieure œnologue et mère de deux filles, Simone de Montmollin est une Genevoise d’adoption. Celle qui a grandi à Mies (VD) entame sa carrière politique, il y a plus de dix ans, par une élection à l’Assemblée constituante genevoise, dont elle deviendra l’un des agents essentiels.
Mon combat
«Les enjeux environnementaux et climatiques sont importants. L’agriculture et l’alimentation sont au cœur de ces enjeux sociétaux. Je me battrai pour des conditions-cadres qui renforcent l’agriculture suisse dans son rôle de production, garante d’une alimentation de qualité et qui préserve l’environnement et la biodiversité.»
>> Lire aussi les portraits:
L'éditorial: Parce qu'un Suisse sur deux est une femme
Par Albertine Bourget
Les élections fédérales du 20 octobre battent des records en termes de nombre de candidats. Surtout de candidates, puisqu’elles sont près de 40% à se présenter sur l’ensemble du pays (43% à Genève, 40% à Fribourg et à Neuchâtel).
Dans une année marquée par la mobilisation autour du 14 juin et du réchauffement climatique, cette hausse nous a donné une idée un peu folle: si seules des femmes étaient élues, à quoi ressemblerait la prochaine législature? Pour en dresser les contours, nous nous sommes basés sur la députation romande qui siège actuellement au Conseil national, en prenant en compte les sortantes, la répartition des sièges par canton et en excluant les sièges alémaniques à Fribourg et en Valais. Nos calculs sont ensuite devenus un véritable casse-tête: nous aurions voulu vous présenter la répartition la plus équitable possible, mais les candidatures féminines, tous âges confondus, sont bien plus nombreuses à gauche et au centre qu’à droite. A titre d’exemple, à Fribourg, l’UDC ne présente pas une seule femme. Le résultat final: un panel largement teinté de vert et qui penche à gauche.
Ce tableau forcément subjectif déplaira peut-être à certain-e-s. Tant pis. A l’heure où nos élues ne représentent que 31,7% du National et 13% des Etats (qui compte autrement dit 87% d’hommes), il est plus que temps de s’engager pour une meilleure représentativité de la population suisse. Sans passer par des quotas, mais en votant, tout simplement. Quitte à privilégier les noms féminins dans l’urne, sachant qu’au-delà de sa propre appartenance partisane, être femme influence le vote: voir par exemple le congé paternité ou l’égalité salariale. Le changement passera par là.
Le «making of» de la Une de L'illlustré
Réunir 49 candidates au Conseil national alors qu’elles étaient en pleine campagne électorale: un véritable tour de force. Au total, 40 d’entre elles ont pu réorganiser leur agenda afin de monter sur notre échafaudage dans une halle du Palais de Beaulieu à Lausanne le vendredi 13 septembre.
Nos invitées ont été priées de se répartir sur la structure mesurant 6 mètres en fonction de leur degré de vertige. Le tour de force était également technique pour notre photographe et ses assistants, afin que toutes les candidates soient soigneusement éclairées et mises en valeur par le biais d’une juste disposition.
>> Voir aussi la vidéo du montage en accéléré:
L'échafaudage et les candidates aux fédérales
(Photo Sébastien Agnetti. Production Marion c/o Minuit Pile et Natalia Mottier. Assistants Natacha Pont, Robin Bachmann, Kevin Laszewski).