A défaut de faire œuvre de pionnière, la Suisse s’est illustrée avec son oui massif au mariage pour tous. Un vote symbolique avec tous les cantons qui adhèrent après une campagne apaisée: il y a de quoi être collectivement fiers!
On ne peut s’empêcher de mettre ce processus en parallèle avec celui, beaucoup moins glorieux, du vote sur la loi covid qui interviendra en novembre. Pour mettre en échec le Conseil fédéral, l’UDC a établi une stratégie de manipulation du débat. Elle déroule un programme dont chaque séquence permet de construire au final un narratif supposé tout emporter. Premier acte, comme à son habitude, le premier parti de Suisse fait du bruit au cœur de l’été. Il semble être le seul à avoir compris que le 1er août constituait un jour magique: c’est non seulement la Fête nationale, mais aussi le moment des grandes vacances des autres formations politiques et un de ceux où les médias reprendraient n’importe quoi faute d’actualité!
Le 1er août, donc, Marco Chiesa lance une bombe: les villes sont le marais de la Suisse. Dirigées par des gauchistes, elles pompent les ressources vives du pays ancestral. Le patron de ce parti a beau être un urbain comme la majorité de la population, l’image passéiste d’une Suisse des valeurs éternelles vise à parler au plus grand nombre, quelques mois après l’opposition entre gens de la périphérie – comprendre: les paysans, dans l’imagerie UDC – et citadins lors des votations sur les pesticides et sur l’eau.
Mais pas si vite: entre-temps, il aura fallu jouer la carte du grand-papa proche des valeurs ancestrales. C’est là qu’intervient le conseiller fédéral Ueli Maurer avec son t-shirt d’un groupe qui fleure bon la vieille Suisse réactionnaire pour montrer son opposition à la politique sanitaire du gouvernement dans lequel il siège. Ne manque plus que l’attaque frontale par l’organe du parti. La Weltwoche lance la fronde contre le conseiller fédéral Berset alors que des «jacqueries» s’organisent contre le Palais fédéral.
Il ne faut pas se tromper. Ces durs de durs de l’UDC n’ont aucune conviction: ils jouent juste un bloc contre un autre, sentent que la situation peut dégénérer comme au Capitole à Washington en début d’année et qu’ils peuvent profiter du désordre. L’entente pour tous n’est décidément pas à leur programme.