Changement d’ère. Après plus d’un siècle d’insouciance et d’abondance énergétique, voilà que se profile le temps des pénuries et des black-out à répétition. Mettre ces noires perspectives sur le dos de la Russie coule de source. C’est elle qui a déclenché une guerre insensée au cœur de l’Europe, elle qui a la main sur le robinet du gaz et du pétrole. Mais, de notre côté, qu’avons-nous fait pour éviter ou anticiper cette crise qui nous pend au nez depuis bien avant le 24 février 2022? Rien. Ou pas grand-chose. Il a fallu que la menace soit avérée pour donner un coup d’accélérateur au développement des énergies renouvelables. Mieux vaut (trop) tard que jamais certes. Mais que pèsent nos 6% d’électricité produite par le solaire et l’éolien face aux 40% de l’Allemagne, dont l’objectif 2030 culmine à 80%? Les chiffres sont saisissants. Et soulignent la différence entre, d’un côté, une politique volontariste développée à coups de mesures contraignantes et, de l’autre, de gentilles incitations dénuées de toute limite qui, avouons-le humblement, rentrent d’un côté et ressortent aussitôt de l’autre.
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Résultat, la Suisse dispose du parc automobile le plus gourmand en carburant d’Europe, pointe au deuxième rang continental en matière de déchets par personne et détient la palme mondiale de la population qui prend le plus l’avion. Des faits qui mettent en miettes la thèse – ridicule – selon laquelle nous serions respectueux de l’environnement. La vérité, c’est que, depuis 2010, nous ne cessons de briser par référendum des projets de lois ambitieux en matière d’écologie. A commencer par la loi sur le CO2 bien sûr.
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Moralité sortie des urnes: nous ne voulons pas de changement. Il y a une raison à cela: la croyance unanimement répandue que notre pouvoir d’achat et notre économie forte nous mettent à l’abri des pénuries. Le problème, c’est que l’argent ne peut pas acheter un produit qui n’existe pas.
Changement d’ère. Nous entrons dans un monde où l’offre se tarit et les ressources se contractent. Pour n’en avoir pas pris conscience à temps, nous voilà punis.