- L’Omega European Masters 2020 a été victime de la pandémie. Yves Mittaz, à combien s’élèvent les dommages?
- Yves Mittaz: Notre chance, c’est que nous savions déjà en mars que nous devrions annuler le tournoi, à cause des règlements du Conseil fédéral. Nous n’avions alors aucun coût pour les joueurs. Néanmoins, il y avait déjà 1 million de dépenses fixes. Elles ont été couvertes par des subventions du gouvernement, du canton, de la commune et de Swiss Golf, ainsi que par des sponsors individuels. Par ailleurs, nous avons dû terminer les travaux du putting green, du green No 2 et du trou No 3 entièrement rénové, qui avaient débuté à l’automne 2019. Au total, 1,5 million, budgétisé à l’avance. Au final, un zéro noir est resté, malgré l’annulation du tournoi 2020.
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- Omega a-t-elle pu remplir ses obligations, Raynald Aeschlimann?
- Raynald Aeschlimann: Ce fut une année compliquée sur le plan organisationnel, avec les mesures prises dans nos points de vente dans tous les pays. Mais nous sommes heureux que, sur le plan économique, l’année n’ait pas été mauvaise du tout. Après vingt ans de partenariat avec le tournoi, il n’y avait aucun doute dans notre esprit sur notre volonté de poursuivre sans restriction.
- La situation sanitaire est incertaine. Quelle affluence pour maintenir le budget?
- Y. M.: Pour l’instant, il n’y a plus de restrictions sur les nombres. La seule exigence est que, s’il y a plus de 1000 visiteurs, ils auront besoin d’un certificat covid. En ce qui concerne les ventes anticipées, nous avons eu très peu de demandes de l’étranger jusqu’ici. En 2019, des spectateurs de 26 pays sont venus à Crans, dont beaucoup d’Angleterre. Alors que nous avons normalement environ 50 000 spectateurs, nous serions satisfaits avec 40 000 cette année. Mais ce nombre est beaucoup moins important pour le budget que les recettes de sponsoring. Nous avons continué à bien travailler dans ce domaine. Sur 7 millions d’euros de recettes de sponsoring, nous avons eu une perte supportable, de 10%. C’est pourquoi nous avons réduit le montant du prize money de 2,5 à 2 millions d’euros.
- Les signatures de joueurs ne sont pas aisées à obtenir cette année. Quelles chances d’avoir des joueurs de haut niveau?
- Y. M.: Il y aura certainement un résultat dans la fourchette du top 15, top 18 ou même top 20. Cela signifie que le gagnant jouera un golf de classe mondiale. Cela a toujours été le cas au cours des dernières décennies, que le lauréat porte un grand nom ou pas. De toute façon, les noms ne sont pas si déterminants dans le golf suisse. Si on mettait Dustin Johnson dans le club-house de Lausanne, la plupart des invités ne le reconnaîtraient même pas… Nous n’avons pas la culture du golf. A Crans, les gens attendent davantage leurs favoris de longue date, comme Jiménez.
- Raynald Aeschlimann, vous êtes président d’Omega depuis 2016. Votre meilleur souvenir de ces cinq ans avec Yves Mittaz?
- R. A.: C’était un rêve depuis le début d’avoir un tournoi à Crans avec les plus grands golfeurs au départ. En 2019, il s’est réalisé avec Rory McIlroy, Sergio García et Tommy Fleetwood: génial!
- Le plateau de cette année-là a-t-il augmenté le nombre de spectateurs?
- Y. M.: Nous avons eu 10% de visiteurs en plus. Mais il n’y a sans doute que trois joueurs qui attirent des spectateurs supplémentaires en ce moment: Rory, DeChambeau et Tiger.
- R. A.: Ce qui attire les amateurs de golf en Valais, c’est qu’ils sont sûrs de voir un golf spectaculaire, peut-être des trous en un. Il y a aussi le fait qu’ils sont pour la plupart eux-mêmes golfeurs, proches de l’action, et peuvent «copier» quelque chose des joueurs. Peu importent les noms.
- Y. M.: Exactement! Quand Federer ne jouera plus à Bâle, on ne sait pas ce qu’il adviendra du tournoi. A Crans-Montana, le tournoi est plus important que n’importe quel joueur.
- Et votre souvenir, Yves Mittaz?
- Y. M.: Toute l’histoire de vingt ans avec Omega. L’entreprise a investi des dizaines de millions au fil des décennies. Elle a développé le tournoi avec nous. Nous n’avons pas eu à nous battre une seule fois à propos des contrats. Je ne les ai même pas regardés. L’extension a été réglée en deux secondes. Je n’ai jamais connu cela ailleurs sur le marché du parrainage.
- R. A.: C’est ainsi, je suis Jurassien bernois, Yves est Valaisan. Les valeurs fortes typiques des deux régions nous relient.
- Vos rêves pour l’avenir du tournoi?
- Y. M.: J’ai vu Ballesteros gagner, García, Jiménez, Faldo, Westwood. Mon souhait sportif serait que Rory l’emporte. En outre, mon vœu le plus cher est que la rénovation du 18e trou, avec un «Inselgreen» très spécial, se fasse au cours des six ans pendant lesquels je compte encore diriger le tournoi.
- R. A.: Je n’ai pas de rêves concrets. Quand les rêves deviennent réalité, une histoire se termine. Mais je veux que celle d’Omega et de l’European Golf Masters de Crans-Montana continue encore et encore.