Dans deux mois, les citoyennes et citoyens suisses renouvelleront l’Assemblée fédérale. Cette 52e élection en 175 ans de Confédération moderne sera la première dotée d’un soupçon de transparence sur le financement des campagnes. Cette lacune était indigne d’une démocratie directe si prompte à se présenter comme un modèle mondial. En 2023, les électrices et électeurs suisses doivent pouvoir faire leur choix en sachant qui paie combien pour les affiches, les publicités, les sites internet ou les meetings des cinq milliers de prétendants aux 246 petits trônes fédéraux.
Mais l’opacité des liens entre les gros sous et le parlement est loin d’être révolue. Une majorité des principaux concernés ont fait en sorte qu’on ne perce qu’un œilleton dans la porte blindée derrière laquelle les lobbys financent leur campagne électorale. Il faut aussi un peu de persévérance pour trouver l’adresse web de ce modeste judas numérique (Contrôle fédéral des finances). Heureusement, des organisations civiles œuvrant pour plus de transparence en politique étofferont ce travail d’information citoyenne ces prochaines semaines sur les sites moneyinpolitics.ch et lobbywatch.ch.
Pour évaluer l’indépendance réelle des candidates et candidats, il existe aussi leur site web personnel. L’exercice est passionnant. Les candidates femmes, tous partis confondus, sont statistiquement plus motivées à jouer la franchise en dressant la liste de tous leurs mandats, rémunérés ou bénévoles, avec les montants exacts. Parmi ces adeptes de la transparence, on retrouve sans surprise la centriste fribourgeoise Isabelle Chassot, récemment nommée présidente de la Commission d’enquête parlementaire sur la débâcle de Credit Suisse. Pour que le bicamérisme suisse regagne la confiance de la population, il doit rompre avec le «lobbycamérisme» occulte. Le meilleur moyen d’accélérer cette mue vertueuse, c’est de privilégier dans les urnes les candidates et candidats qui jouent cartes sur table.