Suivant les conseils de l’artiste Julie Thomas, nos 12 et demi (en comptant une femme enceinte tout près du dénouement) lecteurs ont d’abord pris deux minutes pour adopter une posture confortable sur leur chaise car, a expliqué l’experte, «quand on est débutant, on a tendance à se crisper: pensez à écrire avec tout votre corps, tout votre moi, et pas seulement votre pouce ou votre index». Ils ont donc pris une grande inspiration et se sont préparés à vivre quelques heures juste pour eux, emplies de douceur, pas loin de la méditation. Au centre, l’animatrice leur a décrit les traits de base de la calligraphie en traçant de larges gestes dans l’air qui rappelaient la danseuse classique qu’elle fut.
Cette pédagogie a fait mouche. Tous les apprentis d’un jour ont vérifié le plaisir qu’a pris l’artiste à leur transmettre sa passion du beau. Une passion qui l’avait convaincue, il y a deux ans, de lancer ces ateliers d’aquarelle et de calligraphie, après sa première vie de danseuse, suivie d’études universitaires et d’engagements chez Sotheby’s et des ONG.
Les participants ont fait preuve de bonne humeur et de persévérance. Ils ont d’abord appris qu’en calligraphie le trait doit être fin quand on monte, épais quand on descend. Qu’on ne devait pas écrire en attaché, comme à l’école, mais plutôt tracer des symboles qui, mis ensemble, deviendront des lettres.
Puis, nantis des magnifiques crayons aquarellables de Caran d’Ache, notre partenaire, ils en ont humidifié la pointe et touché à la délicate aquarelle, si sensible quand l’eau sèche.
Mission accomplie: en trois heures tapantes, la petite troupe a conjugué lenteur et habileté pour repartir avec trois cartes de vœux pleines de personnalité. Les plus conquis iront peut-être plus loin, en visant la «mémoire musculaire» des scribes, qui ne s’acquiert qu’à coups d’exercices quotidiens. Ils ont tous passé un excellent moment. Et souri quand leur malicieuse meneuse n’a pas craint de comparer leur activité picturale à «une patineuse qui glisse avec légèreté sur un lac gelé».