Elle confesse volontiers que, lorsqu’elle était enfant, elle n’aimait pas son patronyme, mais, dans la foulée, elle s’empresse d’ajouter qu’elle n’aurait pas pu trouver un meilleur nom de scène. Car depuis qu’elle est gamine, Dua Lipa (prononcez avec une pointe d’accent anglais «Duerrr Liperrr») rêve de devenir chanteuse. Peut-être parce qu’elle est une enfant du micro. En effet, son père, Dukagjin Lipa, est producteur de musique, chanteur du groupe de rock kosovar Oda et fondateur du festival Sunny Hill de Pristina. Et même si elle est née à Londres, en 1995, chante et s’exprime dans la langue de Shakespeare et casse la baraque dans les charts américains et anglais, l’interprète et parolière de l’album Future Nostalgia est une Albanaise du Kosovo.
Loin de renier ses origines, elle les affiche avec fierté puisque, en juillet dernier, elle est allée jusqu’à poster sur les réseaux son amour pour sa patrie avec une carte représentant ce que l’on appelle la Grande Albanie estampillée de la mention «Autochtone». Evidemment, ce tweet a soulevé un gigantesque tollé de protestations, car cette fameuse Grande Albanie s’avère être un brûlant sujet de discorde entre la Serbie, l’Albanie et le Kosovo. Mais, finaude, la Dua (ce qui signifie «amour» en albanais) a vite désamorcé la crise en écrivant sur son compte: «Mon post précédent n'a jamais visé à inciter à la haine. Nous méritons tous d'être fiers de notre identité ethnique et de nos origines. Je veux simplement que mon pays soit représenté sur une carte et pouvoir parler avec fierté et joie de mes racines albanaises.» C’est une évidence, la jeune dame n’a pas froid aux yeux et fait preuve de beaucoup de maturité pour son âge.
Mais justement, comment cette fille aux sourcils épais, ainsi que la surnommait à ses débuts la presse britannique, a-t-elle réussi en si peu de temps à s’imposer, à tout juste 25 ans, aux côtés de pointures telles que Katy Perry, Rihanna, Lady Gaga, Lizzo ou encore la grande prêtresse Madonna? D’abord en faisant preuve d’opiniâtreté. Lorsqu’elle a 11 ans, le directeur du chœur qu’elle fréquente lui assène qu’elle ne sera jamais chanteuse, car sa voix est trop basse. Mais l’ado ne se laisse pas démonter pour autant. Lorsque sa famille quitte Londres pour retourner à Pristina, la miss garde en tête son plan de carrière. Elle suit des cours avec des profs un peu plus bienveillants et, deux ans plus tard, poste sur YouTube des vidéos dans lesquelles elle reprend les titres de ses artistes préférées du moment, comme Pink, Christina Aguilera ou Nelly Furtado.
Mais la patrie des Beatles lui manque et la donzelle rêve des feux de la rampe. Alors elle n’hésite pas à raconter à ses parents un mytho, comme disent les jeunes, et prétend qu’elle veut faire l’uni à Londres. Evidemment que, pour cela, elle se doit de finir son gymnase là-bas. En réalité, elle fréquente davantage les boîtes de nuit, les concerts de Coldplay ou de Bruno Mars et les shootings de mode que les bancs de l’école. Mais elle obtient facilement son diplôme.
Par ailleurs, elle balancera très vite par-dessus les moulins sa carrière de mannequin lorsque la marque en ligne Asos Marketplace, pour laquelle elle bossait, lui demande de perdre quelques kilos. Elle rétorquera qu’elle préfère manger des Krispy Creme plutôt que de défiler sur des podiums. Et l’université, alors? Elle la range aussi au placard. La demoiselle ne s’est pas installée dans la capitale anglaise pour étudier, mais pour devenir la nouvelle Lily Allen. Elle alterne donc les petits boulots de serveuse ou de «physio» (abréviation de physionomiste, c’est-à-dire la personne qui choisit les noceurs assez chics ou connus pour pénétrer dans les boîtes de nuit), s’inscrit à la Sylvia Young Theatre School, un établissement fréquenté au fil des ans par plusieurs célébrités telles que Rita Ora, Nicholas Hoult ou encore Amy Winehouse, apprend à danser, à jouer et à interpréter des titres. Et, à peine trois ans après avoir posé ses baskets au Royaume-Uni, Dua Lipa signe avec la Warner Bros.
Le clip du titre New Rules, extrait de son premier album, atteint des scores vertigineux dès sa sortie en 2017 sur YouTube et comptabilise aujourd’hui 2 milliards de vues. Il faut dire que, au niveau de la chorégraphie et des looks, la jeune dame excelle. Elle jongle avec du sportwear et du classieux et certaines marques, comme Puma ou Gucci, n’ont d’ailleurs pas manqué de la contacter pour en faire une de leurs égéries.
Mais c’est en 2018 qu’elle explose littéralement. A tout juste 23 ans, la pop star est la première artiste féminine à être nommée dans cinq catégories aux Brit Awards. Elle repartira avec deux trophées sous le bras, celui de la meilleure artiste solo féminine et celui de la meilleure révélation de l’année. «Chanter et réussir dans la musique, c’était ma destinée», confie- t-elle en novembre dernier au Los Angeles Times. Et l’on ne peut que s’incliner devant le résultat puisque, en juin dernier, elle était encore l’artiste féminine la plus téléchargée sur Spotify, avant d’être détrônée par l’Américano-Cubaine Camila Cabello. Mais elle compte toujours à son actif 37 millions d’auditeurs par mois sur le service de streaming suédois. Et ça, ce n’est rien par rapport au fait que la demoiselle à la chevelure tantôt blond platine, tantôt brun ébène trône telle une reine sur la pop américaine. La preuve par six puisque, pour la 63e cérémonie des Grammy Awards (l’équivalent américain des Victoires de la musique), elle planait au-dessus de ses consœurs avec six nominations.
Et côté cœur? Merci pour elle, cela va très bien aussi. Après avoir eu une relation durant dix-huit mois avec le chef cuisinier et mannequin anglais super canon Isaac Carew, elle a enchaîné, en 2019, avec le non moins mignon Anwar Hadid, frère de sa copine top-modèle Gigi Hadid. Depuis, les tourtereaux filent le parfait amour et vivent en collé-serré le confinement dans le ranch de la famille Hadid. On se réjouit à l’avance de suivre l’artiste dans ses mille prochaines vies.