Sommes-nous contraints d’obéir à notre au destin? C’est la question qu’on se pose en découvrant le documentaire de Jules Guarneri, intitulé «Le film de mon père», au festival Visions du réel à Nyon en avril. Jean Guarneri y pousse son fils Jules à réaliser un film, parce qu’il veut, comme il l’a dit au micro de Y a pas d’âge, «qu’il soit cinéaste». Une ambition en forme de revanche, lui qui n’est pas devenu un artiste.
Jean n’est pas une exception. Tous les parents projettent sur leurs enfants leurs souhaits et leurs désirs, parfois leurs frustrations et leurs ambitions inassouvies. Que faire de cet héritage? Certains choisissent la même profession que leur père, certaines reprennent les entreprises familiales, d’autres encore passent par des années de thérapie. Jules, lui, a fait un film.
Mais le rôle de Jean ne se limite pas à pousser son fils. Pour s’assurer que Jules n’aura aucune excuse et qu’il ne lâchera pas l’affaire en cours de route, il décide de se filmer lui-même, en train de raconter sa vie à la caméra. Un dispositif curieux, à mi-chemin entre la prise de pouvoir et la confession, et que Jules a intégré au montage final. Des attentes que son père fait peser sur lui, il a fait une œuvre, non dénuée d’humour.
>> Découvrez tous nos podcasts sur L'illustré audio
Les attentes que les parents font peser sur leurs enfants sont un incontournable des relations familiales. Nous avons donc rencontré le père et le fils au domaine familial, à Villars. Ensemble, ils ont raconté les légendes familiales et la manière dont les attentes de Jean, le père, ont façonné Jules, le fils. L’épisode s’intitule «S’évader de sa famille», ce que Jules a réussi à faire en accomplissant exactement ce que son père souhaitait: faire un film. Cette rivalité malicieuse entre les deux hommes, on l’entend encore en écho dans le générique de début. Sur l’écran, on peut lire: «Un film de Jules Guarneri», mais on entend Jean dire: «J’adorerais que ce soit mon film!»