Ce spectacle ravirait tout amateur de légumes frais:aussi loin que porte le regard, des carottes, des concombres, des poivrons, des piments, des tomates et des radis en tous genres et de toutes les couleurs. Les serres de la ferme Bio-Tisch à Pratval (GR) sont pleines à ras bord de ces variétés en pleine maturité, bientôt prêtes pour la récolte. Si ce n’est pas la plus belle carte de visite d’une maison maraîchère en plein mois d’août…
Mais ce n’est pas tout. Ladite carte de visite ne révèle pas entièrement ce qu’elle produit. Elle réserve encore des surprises, comme des fruits qu’on ne s’attend pas à dénicher au fin fond des Grisons. Un bref coup d’oeil dans une serre plus éloignée les dévoile qui oscillent au-dessus du sol, des cantaloups charentais («Cucumis melo») attachés haut dans un entrelacs de branches, plus loin des pastèques («Citrullus lanatus») qui ont besoin d’un soutien pour ne pas tomber à cause de leur poids qui peut culminer à 4,5 kilos. Emballées dans des filets multicolores, elles semblent faire la sieste dans de petits hamacs. On rêverait bien d’une vie de pastèque…
Un (bon) climat d’exception
Cultiver des melons dans ce coin de pays, à l’orée de la Via Mala, cette bizarre idée leur était venue, à lui et à son partenaire commercial Mathias Riedi, il y a une douzaine d’années, raconte Marcel Foffa. A cette époque, quand leur employé Pedro leur avait parlé de la culture des melons chez lui, au Portugal, les biocultivateurs avaient dressé l’oreille. «Le climat d’ici, dans le Domleschg, doux et méridional, avec beaucoup de foehn, offre en général d’excellentes conditions pour la culture des légumes et des fruits. On s’est donc demandé comment se développerait ici celle de melons», ajoute Marcel Foffa tout en nous coupant des lichettes d’un charentais rebondi et vert clair, parcouru de stries plus foncées.
Une bouchée, une seule, et c’est l’été dans le gosier. La chair orangée fond sur la langue et exprime une douceur incomparable. «Voilà comment il doit être», se réjouit Marcel Foffa. Pour obtenir cette saveur, justement, les longues pousses au feuillage dense(qui trahissent l’appartenance botanique des melons à la famille des cucurbitacées) sont attachées très haut pour que les fruits puissent mûrir de façon régulière. «Quand ils poussent au sol, un des côtés n’est jamais au soleil et on s’en aperçoit immédiatement quand on les goûte», précise Marcel Foffa.
Un plant de melon charentais produit trois, maximum quatre fruits; pour la pastèque, ce n’est souvent qu’un seul fruit. Parfait pour la qualité et la douceur, car les nutriments se partagent entre peu de fruits. La récolte s’en ressent aussitôt: une bonne année sans grands froids ni fortes périodes de pluie donne entre 600 et 700 beaux fruits. Ce faisant, pour Bio-Tisch, les melons représentent certes un marché de niche, mais pour Marcel Foffa «ils complètent sacrément notre offre. Les clientes et les clients se réjouissent comme des fous chaque année à cette perspective.»
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