Le harcèlement scolaire ne cesse d’augmenter en Suisse et touche maintenant un enfant sur dix durant sa scolarité. Et l’attraction des jeunes pour les réseaux sociaux décuple la force de frappe des harceleurs. Bien sûr, notre pays n’est pas le seul concerné, mais il semblerait qu’il soit plus touché que ses voisins européens. Des voisins qui s’inspirent grandement du Danemark, pionnier de la lutte contre ce fléau des préaux. Avec la Suède et l’Islande, le royaume de Hamlet fait office de précurseur dans ses méthodes. Depuis une quinzaine d’années, dans 60% des écoles maternelles et primaires mais aussi 40% des crèches est appliquée la méthode «Fri for Mobberi» visant à développer une communauté de bienveillance parmi les têtes blondes.
En faisant en sorte qu’il y ait plus de contacts avec les enfants, que jamais aucun ne soit laissé à part et en encourageant des gestes amicaux entre eux – comme des petits massages dans le dos –, la sécrétion d’ocytocine est stimulée, permettant un attachement à l’autre et donc la création d’un lien. La France, pas très en avance non plus sur le sujet, a présenté, fin septembre, un plan de bataille sans merci contre le harcèlement à l’école. Elle va adopter le modèle danois en mettant en œuvre des cours d’empathie dès les petites classes et la suppression du portable par les autorités dans les cas graves chez les plus grands. Et la Suisse alors? Pour le moment, notre contrée est plus dans la réaction que dans la prévention, même si les hautes écoles pédagogiques sensibilisent les futurs enseignants à ce sujet.
Reste que, une fois sur le terrain, la formation ne s’avère pas suffisante du tout. Seul le Valais semble avoir pris une petite enjambée d’avance en encourageant, via des vidéos et des distributions de flyers, les victimes à parler. Une personne chargée de ces thématiques a également été engagée par le canton. Mais, au final, cela n’empêche pas ce type de violence d’exister, ni les harcelés de souffrir longuement avant que quiconque intervienne. Les Templiers, eux, des bénévoles sillonnant les routes sur leurs fringants destriers de métal, répondent présent à toute heure du jour et de la nuit, escortent les enfants terrorisés par les menaces à l’école si nécessaire, réconfortent ces âmes blessées, qui ne se sentent plus seules face à l’adversité.
Devant l’efficacité de ce soutien, on en vient à se demander pourquoi un tel modèle n’est pas plus décliné dans un pays qui a les moyens de le faire. Une vie d’enfant, c’est ce qu’il y a de plus précieux.