La compétition, Daniel Yule l’a dans le sang. Issu d’une famille britannique, père anglais et mère écossaise, il est le cadet d’une fratrie de trois enfants. Comme beaucoup d’enfants de sa région du val Ferret (VD), il chausse les skis tôt. Déterminé à évoluer au même niveau que son aîné de deux ans, Alastair, il apprend rapidement les bases du slalom et prend part à sa première compétition le jour de ses 5 ans.
Sous la tutelle de Raphaëlle Berclaz, aujourd’hui présidente du fan-club de Daniel Yule, il participe à quelques courses cadets et engrange suffisamment de succès pour lui ouvrir les portes du tout nouveau Centre No 9 de Ski Valais. Là, il est entraîné par Philippe Bestak, une combinaison payante au vu du palmarès du jeune Valaisan à la fin de l’année 2008: trois fois champion de Suisse, il décroche une médaille d’argent en finale du Grand Prix Migros et même deux titres de champion britannique. Daniel n’a que 15 ans.
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Il pratique le foot l’été, dompte la neige l’hiver et intègre le Centre national de performance NLZ Ouest après quelques ajustements: il met en pause sa pratique du ballon rond pour s’adonner pleinement à sa passion de la glisse. En parallèle, il acquiert la nationalité suisse pour lui permettre de continuer ses entraînements avec Swiss-Ski et être inclus dans l’équipe suisse juniors de ski alpin. La même année, il se spécialise dans les disciplines techniques, le slalom et le slalom géant.
Lors de la saison 2011-2012, il marque ses premiers points en Coupe d’Europe et prend le départ de sa première course en Coupe du monde, à Kitzbühel. La saison suivante, Daniel démontre une progression encourageante, avec quelques victoires en courses FIS, plusieurs participations à des courses de Coupe du monde et ses premiers top 10 en Coupe d’Europe.
Sa carrière commence à décoller en 2014, avec une première place au classement général du slalom en Coupe d’Europe. Jusqu’au graal, une sélection pour les Jeux de Sotchi. Il la décroche sous les flocons du slalom de Kitzbühel, après une remontée fantastique de la 30e à la 7e place. En Russie, le Valaisan se confronte à la rude réalité olympique, quittant l’épreuve sur une disqualification, après avoir enfourché la première porte de la seconde manche. Il tente de trouver du positif dans son malheur: «L’expérience olympique va beaucoup me servir. Elle me profitera cette année ou les suivantes.»
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Quatre ans plus tard, il confirme son statut de skieur confirmé, enchaînant les podiums en Coupe du monde, avec deux 3es places consécutives à Kitzbühel et à Schladming, puis une première victoire à Madonna di Campiglio. Sa première consécration a lieu le 24 février 2018, à PyeongChang: il y remporte l’or olympique aux côtés de Denise Feierabend, Wendy Holdener, Luca Aerni et Ramon Zenhäusern. Cette nouvelle discipline, le «team event», consiste en une épreuve mixte de slalom parallèle. En finale, la Suisse se défait de l’Autriche par trois victoires à une et devient la première nation victorieuse de l’histoire de cette discipline nouveau-née.
La saison suivante, Daniel Yule engrange trois nouvelles victoires en Coupe du monde, à Madonna di Campiglio, à Kitzbühel et à Adelboden. Il devient le premier Suisse à s’imposer sur cette dernière piste mythique depuis Marc Berthod en 2008, en géant, et termine 3e au classement général du slalom, pour la seconde fois. Ses quatre victoires au total font de lui le slalomeur suisse le plus titré de l’histoire.
Après deux ans de disette, la référence du slalom suisse vient de regoûter à la saveur d’un podium, et de quelle manière! Le 16 janvier, sa 2e place à Wengen lui offre un podium sur lequel aucun Suisse n’était monté depuis Michael von Grünigen en 1999. «Pour moi, ce résultat signifie beaucoup. Il y a eu des journées difficiles entre-temps. Là, retrouver les joies du podium représente quelque chose de magnifique. Surtout ici à Wengen, où j’ai toujours trouvé la piste magnifique», s’exclame-t-il. La confiance retrouvée et son ticket pour Pékin validé, Daniel Yule part pour la Chine porté par les espoirs de tout un peuple. A 28 ans, il sera un des grands prétendants à l’or cette année encore.
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