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Comment Patrick La Spina a quitté le milieu du football pour y revenir avec Zidane

Espoir du football suisse des années 1990, le Valaisan Patrick La Spina a quitté un milieu au sein duquel il ne se reconnaissait pas. Avant de le réintégrer dix ans plus tard aux côtés de... Zidane!

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Patrick La Spina

 Le Valaisan Patrick La Spina a quitté le milieu du football avant de le réintégrer dix ans plus tard aux côtés de... Zidane!

GABRIEL MONNET

«A cette époque, il y avait une cabine téléphonique devant le stade de Tourbillon, à Sion. C’est de là que j’ai appelé Christian Constantin pour lui dire que je quittais le club et le football. Notre conversation a duré quarante-cinq minutes. Il a essayé de me faire changer d’avis. En vain. J’ai d’ailleurs le souvenir d’un échange serein. Pas d’éclats de voix, pas de rancœur, ni de rancune. J’avais 21 ans. Mon rêve de devenir footballeur professionnel qui avait illuminé mes nuits d’enfant et d’adolescent venait de s’évanouir. J’étais pourtant promis à une grande carrière, disait-on.

Le hic, c’est que je me suis toujours fié à mon instinct, à mes ressentis, je me suis toujours écouté plutôt que d’écouter les autres. Et là, après huit ans de sacrifices, à jongler entre les entraînements et l’école, à sauter d’un train à l’autre puis dans le funiculaire qui me ramenait à Crans-Montana, où je suis né, je sentais que je devais dire stop! Pas par peur de l’échec, mais parce que je ne me reconnaissais pas dans ce milieu. Trop d’incohérences, peu de vision de développement d’un sportif, pas assez d’humanité, de bienveillance. Avec le recul, je me dis que malgré mes qualités, je n’étais pas fait pour être footballeur. Je n’ai jamais regretté ma décision.Quand on est sûr de faire ce qui est le mieux pour soi, on peut vite tourner la page. Ce que j’ai fait après avoir abrégé mes études de sciences politiques pour travailler dans la finance et les assurances. Dix ans. Un job sympa et très lucratif mais guère épanouissant. La dernière année, le matin, avant de partir au boulot, je m’habillais, je m’asseyais vingt minutes sur le couvercle des toilettes pour me questionner sur le sens de ma vie.

Six mois plus tard, j’ai donc décidé de revenir dans le football. Mais en tant que formateur et avec ma philosophie du jeu et des joueurs. Un concept presque iconoclaste pour l’époque, basé sur le développement des individus par le travail de la technique et la gestion des émotions, un facteur déterminant sur un terrain. Je m’éclatais mais je gagnais dix fois moins qu’avant. Heureusement, de camps juniors en formations individuelles, Foot Lab, ma petite société, a pris son envol. Des clubs prestigieux en Europe me sollicitaient.


Puis est arrivé cet appel de la famille Zidane, en 2019, disant que Zinédine était séduit par mon approche et qu’il souhaitait me rencontrer. Il cherchait un formateur pour les responsables des Zidane Five Club, l’école de foot qu’il a essaimée à travers la France. Le clan m’a demandé des vidéos, un dossier. J’ai répondu que je préférais convaincre Zidane par la pratique. Ou renoncer. J’ai donné mon cours en sa présence, à Aix-en-Provence. Puis il m’a reçu dans son bureau, à Madrid, où il était encore entraîneur.

J’y suis allé avec beaucoup de respect mais sans appréhension, juste en savourant le plaisir d’expliquer mon concept à quelqu’un dont l’extraordinaire carrière a reposé sur ses qualités techniques. Je pensais qu’il m’accorderait un quart d’heure. Cela a duré une heure et demie. Ce qui nous a réunis n’est pas l’argent mais une certaine idée du football. Sentir qu’on partageait les mêmes convictions, le même feeling, la même sensibilité a été émotionnellement très fort. Ce jour n’a pas changé ma vie. Il a mis en lumière mon travail et lui a donné du sens. Beaucoup de sens…»


Patrick La Spina
DR

Son actualité: 

Vingt-sept. C’est le nombre de Zidane Five Club que l’ex-capitaine des Bleus anime en France et en Italie, avec Patrick La Spina, qui forme les entraîneurs responsables des camps. Le leitmotiv du projet: aider les enfants à grandir par le foot et prendre du plaisir à jouer plutôt qu’à gagner.

Par Christian Rappaz publié le 15 avril 2022 - 09:45