Dans une petite ville de Romandie, des milliers de foyers se préparent à passer la nuit de Noël 2022. Il est 19h30, la nuit est tombée, on se prépare à passer à table et… tout s’éteint. Le black-out est devenu réalité dans plusieurs régions du pays.
Chez les Duboux, piégés par leur optimisme congénital, on retire trois bougies du sapin pour éclairer la table et une quatrième pour aller chercher une ou deux lampes de poche à la cave, tout en espérant que les piles ne sont pas plates. Mais que faire avec la dinde qui avait encore besoin d’une demi-heure de cuisson?
Les Dupuis, eux, avaient pris les devants: on sort d’abord les trois belles lampes rechargeables (et rechargées) pour assurer une lumière décente. Et on inaugure la grosse «power station» flambant neuve en y branchant, selon un scénario établi à l’avance, le frigo, le micro-onde et une plaque à induction. D’après les calculs de la fille aînée, qui fait des études en microélectronique, les Dupuis peuvent alimenter ces trois appareils et recharger les lampes jusqu’au lendemain midi. Et si le courant n’est pas rétabli d’ici là, on déploiera les panneaux solaires sur le balcon pour recharger en continu la grosse batterie, même si le soleil hivernal ne permettra pas de faire des miracles.
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En attendant, dans le quartier plongé dans l’obscurité, un bruit désagréable s’amplifie et des effluves de gaz d’échappement se diffusent à tous les étages: les voisins qui avaient opté pour des génératrices à essence les font démarrer les unes après les autres sur leur balcon ou dans leur jardin… Joyeux Noël et bienvenue dans le monde du sauve-qui-peut énergétique!
Ce scénario tragicomique sur le plan électrique pourrait être complété par celui des chauffages et chauffe-eau à l’arrêt, faute de gaz naturel russe. Mais contentons-nous ici du volet électrique: faut-il faire comme nos imaginaires Dupuis et s’équiper d’une grosse station de recharge avec, en option, de grands panneaux solaires dépliables pour viser une semi-autarcie face à un éventuel black-out? Si on en croit les statistiques de vente de ces équipements ces derniers mois, des milliers de Suisses en sont persuadés. Mais avant de débourser aveuglément des milliers de francs, il est plus judicieux de déterminer quels sont nos besoins minimaux et de s’équiper de manière raisonnable.
Il y a d’abord le besoin légitime d’un éclairage domestique de qualité. Grâce aux lampes LED rechargeables, très efficientes, une bonne lumière peut être garantie sans recourir aux sympathiques mais dangereuses (et polluantes) bougies. Sachons néanmoins que la plupart de ces lampes sont des gadgets de qualité exécrable. La marque Fermob est une des rares à cumuler fiabilité et efficacité. Sur le plan du stockage d’électricité, l’offre en stations de recharge est désormais variée. Le principe est le suivant: profiter des périodes sans coupures pour les recharger et se rabattre sur elles en cas de black-out. Mais malgré les progrès technologiques en matière de batterie, il n’y a pas de miracle: l’électricité reste une énergie difficile à stocker.
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Ainsi, pour assurer plusieurs recharges des smartphones et de lampes nomades ou pour alimenter une heure ou deux un ordinateur portable, une petite «power station» (compter 380 francs) d’une capacité de 200 wattheures (Wh) et de 4 kg suffira à condition d’un retour rapide de la fée électricité dans les prises du logis. Et même une grosse station de recharge comme celle présentée plus bas sur cette page, d’une capacité de 6000 Wh, ne peut faire fonctionner un congélateur de 350 W que pendant dix-sept heures ou un four de 1000 W que pendant six heures.
Reste le scénario le plus douloureux d’une coupure de courant de longue durée. Seule riposte: recharger sa station de recharge (ou directement ses appareils, moyennant les bons adaptateurs) avec des panneaux solaires nomades qu’on déploiera sur son balcon, à une fenêtre ou dans un jardin. Mais là non plus, pas de miracle: il faudra opter pour un grand dispositif de qualité, disposer d’un espace en ensoleillement direct et rester patient, surtout en hiver…
Mais de grâce, à moins d’un besoin vital ou/et professionnel, évitons d’opter pour un groupe électrogène à essence, polluant et bruyant, et dont l’usage en zone résidentielle est (heureusement) soumis à des restrictions. Apprenons plutôt à compter, à stocker et à produire minutieusement chaque wattheure de manière douce. Cette mentalité de fourmi aura le mérite de rendre notre relation à l’énergie plus responsable.
4 équipements anti-black-out
1. Ecoflow River mini
Une petite station de recharge d’une capacité de 218 Wh qui assure plus de 10 recharges de smartphone ou de lampe nomade, et qui peut même alimenter directement un ordinateur portable une heure ou deux. 380 fr.
2. Lampe rechargeable
Les lampes Fermob Balad sont chères. Mais avec une dizaine d’heures d’autonomie et une lumière de qualité, elles écrasent leurs concurrentes. Modèle 25 cm, 85 fr.
3. Panneaux EcoFlow 160 W
Une entrée de gamme possible pour un début d’autarcie électrique. Ces panneaux photovoltaïques pliables (7 kg et 157 x 68 cm) peuvent produire en situation idéale un courant de 160 W. De quoi recharger les batteries. 400 fr.
4. Power station Goal Zero Yeti 6000X
Un monstre de 50 kg qui stocke 6 kWh. Une option extrême et onéreuse pour ceux qui ne peuvent pas survivre sans téléviseur et ordinateur. 6000 fr.