Acrobates ou funambules se jouant en permanence des lois de la gravité, quoi de plus naturel que de les emmener en altitude? La piste de cirque sur les pistes de ski, c’est le défi que relèvent depuis trois ans Jean-Luc Barbezat et Greg Zavialoff, producteurs de Cirque au Sommet. Un chapiteau de 430 places planté pour la troisième fois à 1070 m, au centre de Crans-Montana, jusqu’au 18 août. «Notre objectif, expliquent-ils, c’est de proposer un spectacle contemporain mais familial, hors des sentiers battus, de mélanger des artistes d’ici et d’ailleurs et de donner aussi la possibilité à des jeunes, en dehors du spectacle, de s’initier pendant une semaine aux arts circassiens en rejoignant l’Academy.»
Attention danger!
Des enfants qui peuvent rêver d’égaler les prouesses d’Alexandra à la barre russe. Avec Eric, Tristan et Eve, la jeune femme appartient à la Barcode Company, la troupe vedette de l’édition 2019 qui se tient jusqu'au 18 août*. Quatre artistes qui travaillent ensemble depuis huit ans et se sont déjà produits dans 47 pays sur des scènes aussi prestigieuses que celle du Cirque du Soleil.
Ce matin justement, l’acrobate est arrivée avec un sparadrap sous le menton. La Québécoise, qui s’est blessée à l’entraînement, a filé chez le médecin pour se faire poser des points de suture. Quelques instants plus tard, elle sautait comme si de rien n’était sur la barre portée par Eric et Tristan, qui assurent sa réception, la moindre erreur pouvant être fatale; car, on l’oublie parfois, envoûtés par la magie de ces figures dessinées dans le ciel, ces artistes risquent leur vie juste pour nous faire rêver. D’où les répétitions inlassables avant et parfois encore après chaque spectacle. «C’est la seule façon d’effacer la notion de danger», confie Eve, la Bretonne, qui pratique l’acrobatie main à main. «Ce sont de sacrés bosseurs, soutient Jean-Luc Barbezat, qui jongle, lui, avec les casquettes de producteur et metteur en scène. Ce qui m’impressionne toujours chez les artistes de cirque, c’est qu’il n’y a pas d’ego, pas de tête qui dépasse, tout le monde est au service du spectacle!»
Humour, poésie et virtuosité
Un spectacle de cirque contemporain avec un scénario, des vidéos, de la poésie, la guitare du talentueux Valaisan Jérémie Pellaz. Autre Romand à avoir rejoint cette édition, Raphaël Perrenoud**, qui n’a eu aucune peine à s’intégrer à la Barcode Company, lui qui présente aussi un numéro de roue simple simplement magnifique.
Crans-Montana va donc vivre dans une ambiance circassienne. Ce d’autant qu’en journée, deux compagnies de spectacles de rue, Shantalle et Jerry et The Flying Dutchmen, vont mettre le feu à la station. Si Cuche et Barbezat assuraient par le passé la partie comique du spectacle, l’honneur en revient cette année à Karim Slama. Avec le Québécois Ugo Dario, le Vaudois assure des enchaînements hilarants, quasi muets à part des onomatopées qui rappellent des personnages de bandes dessinées.
Le jour de la première, lors du dernier filage, il s’est fait une jolie frayeur au moment de s’élever dans l’air, retenu par un filin. Plus sûr du tout, notre Karim, d’avoir assuré son ancrage pour se laisser tomber dans le vide. Il a dû faire appel à ses ressources d’ancien gymnaste pour rester accroché à son cintre. Le soir de la première, tout est naturellement rentré dans l’ordre. The show must go on!
>> * Cirque au Sommet: jusqu’au 18 août, promenade
de l’Ehannoun, Crans Montana (VS).
www.cirqueausommet.ch
>> ** Lire aussi: le portrait de l'acrobate genevois Raphaël Perrenoud