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Christian Constantin: «Quoi qu’il arrive, je reste!»

Que le projet qu’il propose se réalise ou pas, dans lequel il assure vouloir injecter 55 millions de francs de sa poche, CC demeurera propriétaire et président du FC Sion. Pour lui, il est temps que le Valais se dote d’infrastructures sportives modernes et ambitieuses.

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Christian Constantin, président du FC Sion

Christian Constantin est président du FC Sion depuis 2003.

Urs Flueeler/Keystone

- Quelle est la philosophie de votre méga-projet? 
- Christian Constantin:
Elle repose sur un triple constat. Premièrement, la gestion d’un club par des propriétaires étrangers ne dure pas, donc inutile d’explorer cette voie. Deuzio, avec son organisation actuelle, le club est systématiquement déficitaire. Et, troisièmement, il ne reste dans le football d’élite helvétique qu’Aarau et nous à évoluer dans de vieilles et vétustes installations. Moralité, le FC Sion doit rester valaisan tout en prenant le virage de la modernité. Moi ,je vais plus loin. Mon projet soutient l’activité sportive avec de l’immobilier. Selon nos prévisions, les revenus de ce dernier couvriront un tiers du budget annuel du club. Côté infrastructures, la vraie nouveauté est l’intégration d’une grande scène permanente à l’intérieur du nouveau stade ainsi qu’un plancher amovible. Ces deux éléments permettront de transformer en quelques heures un stade de foot en une arène dédiée au spectacle où même Sion sous les étoiles pourra s’installer. 

- N’est-ce pas un peu mégalo comme vision?
- Est-ce que les stades de Lausanne, Lucerne, Saint-Gall et bientôt Lugano sont le fruit de visions mégalos? Le Valais du XXIe siècle doit arrêter de bricoler sur des prés ou essayer de faire du neuf avec du vieux. Il mérite de véritables infrastructures urbaines. Je pense que ce projet est plus une chance que quelque chose de surdimensionné.

- Cinq cent dix millions, est-ce absorbable pour le canton?
- Ce n’est que le 20% de ce que je construis actuellement avec mes sociétés. 

- Vous affirmez vouloir injecter personnellement 55 millions dans ce projet, provenant des bénéfices réalisés à Collombey, à Martigny et à Riddes, sites sur lesquels vous disiez vouloir construire un stade mais qui ont finalement servi à vos affaires…
- Pour diverses raisons, les projets de stade n’ont jamais pu aboutir et j’ai effectivement réalisé des plus-values sur ces lieux grâce à des activités commerciales. A Riddes, il me reste une surface de 45 000 m2 dont la valorisation servira à injecter ces 55 millions dans le projet que je propose.

- Comment se passent les discussions avec la ville de Sion et l’Etat du Valais? 
- Elles sont très courtoises et imprégnées d’une vraie volonté d’aller de l’avant. J’ai face à moi un président de ville, Philippe Varone, qui entend faire de Sion une cité moderne et attractive et un conseiller d’Etat, Frédéric Favre, plutôt enclin à la variante rénovation du stade actuel mais avec qui on peut parler. J’ai moi-même déjà vécu cinq rénovations de stade et je connais leurs surcoûts et leur rendu limité.

- Selon vous, la balle est donc dans le camp des collectivités?
- Absolument. La commune de Sion devra certes céder du foncier mais, en contrepartie, elle deviendra propriétaire d’un stade à 180 millions et recevra 50 millions supplémentaires pour la cession des terrains que je souhaite rentabiliser afin de soutenir le club. Quant à l’Etat, la loi sur les subventions préconise de financer les infrastructures d’intérêt cantonal à hauteur de 30% des coûts reconnus. Pour décrocher cette manne, il faudra convaincre le Grand Conseil avec un projet bien ficelé. Ce sera la délicate mission du Conseil d’Etat. 

- Quand une décision interviendra-t-elle? 
- Nous allons faire une demande de licence professionnelle auprès de la Swiss Football League à fin février tout en sachant qu’elle ne nous sera pas accordée en première instance puisque la question des infrastructures ne sera pas réglée. Je rappelle à ce titre que le contrat qui nous lie à la ville sera échu le 1er décembre 2024 et que nous ne le renouvellerons pas sous cette forme (la Challenge League est également une ligue professionnelle, ndlr). La décision devra alors impérativement intervenir pour fin avril, date butoir pour l’obtention de la licence pour la saison prochaine.

- Sans quoi, même si le club est sportivement promu en Super League, il ne pourra pas y accéder? 
- Exactement. Sans projet d’infrastructures et sans contrat avec la ville, le club sera contraint de se retirer du professionnalisme. 

- A moins que le Collectif Tourbillon, cette association de supporters créée pour prendre votre succession, n’entre dans le jeu?
- J’ai demandé il y a deux mois à ses fondateurs de quels moyens financiers ils disposaient pour ambitionner de reprendre le club. Je n’ai toujours pas de réponse de leur part. Leur élan part d’une bonne intention, mais je ne suis pas sûr que celui-ci prenne en compte les réalités du football professionnel. 

- Si je comprends bien, que le projet se réalise ou pas, vous allez rester aux commandes du club? 
- Oui. Le club est l’une de mes sociétés et à moins qu’un repreneur providentiel de dernière minute ne s’annonce, je reste! Que le FC Sion évolue en ligue professionnelle ou amateur.

- Avec ce projet immobilier, cela laisse le sentiment que vous vous servez du FC Sion pour vos affaires privées…
- C’est l’histoire lancinante qui court depuis vingt-cinq ans. Quand je laisse entendre que je vais lâcher le club il y a beaucoup de monde à sa porte, mais quand je demande avec quels capitaux l’entreprise va poursuivre ses activités, il n’y a plus personne...

Par Christian Rappaz publié le 15 décembre 2023 - 08:52