C’est typique de l’effet Petitcollin. Un nom gentil et mignon sans doute prédestiné. Samedi 9 mars dans l’après-midi, au salon Mednat, à Beaulieu, après sa première conférence consacrée au stress post-traumatique, elle dédicace ses nombreux ouvrages en vente sur la table d’à côté. Une dame, impatiente, peut enfin accéder à la coach, conférencière et auteure de best-sellers. Dans ce tête-à-tête où l’on surprend l’urgence du sujet déposé («enfant, famille, besoin d’aide»), il y a tout du rapport formidablement affectueux et réparateur qui lie Christel Petitcollin à ses lecteurs dans le monde entier, de la Suisse à la Corée, de la Pologne au Portugal, depuis une quinzaine d’années. Elle écoute pleinement. Ils lui sont immédiatement reconnaissants. Au moment de laisser sa place dans la file «dédicace», la dame demande à serrer l’intervenante dans ses bras. Etreinte partagée. Elle repart, sac au dos, avec son exemplaire signé et un conseil pour la suite. «Une lecture pour réparer les enfants blessés. Beaucoup d’apaisement et retour de joie et de vie… Très amicalement, Christel.» C’est l’effet Petitcâlin.
Pour ceux qui la connaissent, qui ont vu son nom et sa photo en tête de gondole des librairies, sur la table basse de leur thérapeute ou dans les pages de «Paris Match», Christel Petitcollin reste l’auteure du best-seller «Je pense trop», publié en 2012 et qui a déclenché une double reconnaissance. D’abord, celle des «cerveaux surefficients», HPI, surdoués, «zèbres», qui se sont retrouvés grâce à ce «mode d’emploi de la pensée en arborescence», écrit pour eux par une des leurs. Une âme sœur. Gratitude éternelle. Ensuite, reconnaissance professionnelle, médiatique et internationale, «Je pense trop» étant traduit aujourd’hui dans le monde entier (en estonien, en roumain, en chinois…), tout comme la plupart de ses 20 manuels de développement personnel, reconnus par le monde psy. Devant une crêpe salée au sarrasin et un cidre doux, conférence oblige, l’auteure confie: «D’où que ce soit dans le monde, je reçois toujours le même e-mail: «Merci, grâce à votre livre je sais 1) que je ne suis pas fou 2) que je ne suis pas seul.»
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En hypersensible bûcheuse, cette «star» du développement personnel ne réalise pas ce qu’elle est devenue aux yeux des autres. A Lausanne-Ouchy, elle gare sa voiture automatique, dont l’intérieur est aussi impeccable que sa tenue. Sac à main, foulard imprimé façon Burberry, collants et escarpins noirs. Une élégance discrète et rassurante. «Je vais avoir un problème aujourd’hui, prévient-elle, depuis le covid, je vis en pyjama et en pantoufles!» Visioconférences, coaching sur Zoom, écriture de son dernier livre, sorti le 13 mars, depuis sa résidence du Loiret. Originaire de Montpellier, dans le Sud, par sa mère, de Reims, dans le Nord, par son père, elle a migré entre les deux dans le Loiret. N’est-ce pas là qu’est situé Douchy, le fief d’Alain Delon? «Oui, en effet, c’est plein de gens célèbres, comme Lambert Wilson… Moi, je me suis mise au golf… addictif!» Un autre élément biographique inattendu et réjouissant illumine la compréhension du savoir-être Petitcollin. Cette gentillesse, ce parler simple, direct et réconfortant, cette aura aussi de meilleure copine, toujours calme, avec le bon conseil, cette posture et cette allure de grande sœur: Christel Petitcollin, 64 ans en juin prochain, a été… hôtesse de l’air. Sur Air Littoral, pendant dix ans. Il y a donc logique et continuité dans le parcours. «Mayday! Mayday! Deux réacteurs en feu! Atterrissage d’urgence!» Nerfs à toute épreuve, micro imperturbable. «Quelles que soient les turbulences, les passagers se cramponnent au sourire de l’hôtesse», confie-t-elle en anticipant les consignes du photographe. Oter son pardessus matelassé pour une meilleure photo? Volontiers, «je suis une réchauffée de la vie, dit de moi ma fille». Vanessa, 39 ans, et William, 35 ans, sont ses deux enfants. Elle partage avec nous sa joie d’être grand-mère depuis quatre mois. Photos du bébé sur son téléphone portable.
Pour permettre à l’âme humaine de retrouver sa chapelle
Cœur, intelligence, travail. Depuis trente ans, elle est coach et formatrice en développement personnel. Ses premiers livres ont été édités aux Editions Jouvence, genevoises. «J’étais frontalière, j’ai habité à Annecy de 1992 à 2005, un rapport chaleureux s’est développé avec mes lecteurs suisses, le plus bienveillant des publics.» Ses ouvrages abordent les aspects d’une même thématique (bourreau, victime, manipulation, emprise, violence, stress post-traumatique…) dans un seul but: offrir sa «trousse de premiers secours». Comprendre et soigner. Rapidement. Christel Petitcollin est une urgentiste de l’âme humaine déchirée, broyée, errant autour du corps martyrisé. Dans son nouveau livre, elle arrive en 2024 à la rescousse des victimes d’agressions sexuelles, un sujet ô combien d’actualité, le passage le plus touchant et le plus significatif s’intitulant «Permettre à l’âme de retrouver sa chapelle».
Tout est dit. Elle ne fait partie d’aucune obédience, elle œuvre pour les victimes avec un grand V. Dans un premier chapitre intitulé «Une chape de béton armé», elle décrit et déplore aussi ce mécanisme de «silenciation», cette loi du silence qui habite la société en général, les familles, les amis, des professionnels même, et qui s’abat une seconde fois sur la victime dissociée, déshumanisée, à côté d’elle-même, lorsqu’elle ose, avec ce qu’il lui reste de force vitale, ouvrir sa bouche pour enfin briser son silence à elle. Sa force de coach réside là: «J’offre une telle qualité d’écoute grâce à mes études en PNL (programmation neurolinguistique, ndlr) que les confidences remontent toutes seules. J’ai été sidérée, émerveillée par la puissance de l’écoute, par ce que ça provoquait. Ce monde est malade de ne pas écouter.» C’est son rapport direct à son public, sans intermédiaire et encore moins maintenant qu’elle porte sa casquette d’éditrice, qui lui donne ses idées de sujets. «Les lecteurs me passent commande par lettre, par e-mail ou en séance.» Ainsi sont nés «Mon enfant pense trop», «Enfant de manipulateur» ou «J’ai pas les codes!» Ensuite, sa valeur «noyau», c’est le partage d’informations. Sa mission.
Un fait divers lui intime l’ordre d’écrire son livre
Il y a quatre ans, un fait divers a ébranlé Christel Petitcollin, lui intimant l’ordre d’écrire enfin son livre «Agressions sexuelles. Trousse premiers secours», nourri de ses trente ans d’expérience thérapeutique. Océane, 18 ans, victime de viol, se suicide en France. Christel Petitcollin dit avoir «culpabilisé». Son livre aurait pu la sauver. Il y a quatre ans, elle nous l’avoue en fin d’interview, elle a aussi vécu une alerte cardiaque. Sérieuse. Désormais, elle prend son rôle encore plus à cœur. «Transmettre est devenu mon leitmotiv.» Profitant des restrictions covid, les salles de conférences fermant en Suisse, elle écoute son amie et partenaire business Christiane Mulhauser (84 ans, à Beaulieu également les 9 et 10 mars) pour se lancer sur Zoom et les réseaux sociaux. Elle apprend à savourer les relations audiovisuelles quand une cliente, en visio depuis le Maroc, lui tend la main pour la lui serrer, de l’autre côté de l’écran, en fin de séance. Ou que les participants à un stage sur Zoom restent aussi dissipés et bavards sur le chat que dans une salle de cours.
Christel Petitcollin est devenue une marque florissante. Comme d’autres grands noms (masculins) du développement personnel, elle propose sur son site internet des master class, entre autres «outils» gratuits ou payants. Nous allons le dire à sa place, elle paraîtrait prétentieuse: ses livres ont battu tous les records de vente en Pologne; elle rencontre ses lecteurs (ses fans!) en octobre à Varsovie. En Corée du Sud, elle est adulée comme une rock star («Vous savez, les Coréens sont très timides, mes lecteurs sont très touchants, des petites bombes émotionnelles…»); un automobiliste a pilé sur les freins pour lui déclarer sa flamme alors qu’elle était vêtue du «hanbok» traditionnel. A Moscou, elle a tenu conférence en russe, après avoir appris la langue en autodidacte («Le russe pour les nuls») et participé à une croisière sur la Volga pour ses 50 ans… Seul son cœur pourrait la lâcher. «Je n’ai plus peur de rien. «L’art d’aimer» d’Ovide est encore édité? J’aimerais moi aussi que ce dernier livre me survive. Je serais la plus heureuse au cimetière.»
L’agenda suisse 2024 de Christel Petitcollin
- «Agressions sexuelles. Trousse premiers secours», Christel Petitcollin Editeur, 208 p., en librairie le 13 mars.
- Stages tout public: «Scénario de vie gagnant» et «Les surefficients et l’amour», Lausanne, 4 et 5 mai.
- Stages pour thérapeutes: «Traitement du stress post-traumatique par la double dissociation (protocole PNL)», Lausanne, 2 et 3 mai. Inscription: conferences@bluewin.ch
- Son site: christelpetitcollin.com très complet.