Elle aurait pu nous donner rendez-vous au bar chic et feutré d’un quatre-étoiles ou sur une terrasse branchée élégamment posée sur le lac Majeur. Elle a opté pour un modeste salon de thé de Sementina, à mi-chemin entre Locarno et Bellinzone.
Elle est arrivée en jean, baskets et blouson mi-saison, à l’heure où les papis du coin commandent leur premier pichet de rosé sous l’œil désapprobateur des mamies qui trempent encore leur morceau de panettone dans leur caffè latte. Un grand sourire accompagnant son ciao!, elle s’est excusée de son retard alors qu’elle avait exactement trois minutes d’avance. Elle est comme ça, Christa Rigozzi: simple, directe, nature et d’une gentillesse confondante qui ferait presque oublier son indéniable beauté qui lui permit, un soir de septembre 2006, à l’âge de 23 ans, de coiffer la couronne de Miss Suisse.
Le tutoiement de rigueur établi, la plus populaire de nos reines de beauté (ex æquo avec Melanie Winiger et Lolita Morena...) nous invite à une projection privée d’un petit film sur son enfance au bord de l’eau. «Grâce à mes parents qui tenaient à ce que je fasse du sport, j’ai appris toute jeune à skier, à patiner et à nager. En juin, maman nous amenait, mon frère Christian et moi, le samedi matin, à 7h30, à la piscine de Bellinzone pour prendre notre cours de natation. Et tous les ans ou presque il pleuvait. On attendait au bord du bassin en grelottant sous nos peignoirs avec juste un petit pain au lait tout mouillé et un choco drink pour se réconforter.» Heureusement, cette expérience limite traumatisante n’a pas dégoûté Christa, qui obtiendra même ses brevets de plongeon et de sauvetage. Car, les années passant, la piscine calvaire est devenue un espace privilégié où se retrouver entre jeunes sous le chaud soleil tessinois. Faut-il préciser que l’on passe alors plus de temps au bord que dans les bassins?
La piscine de Bellinzone est bientôt trop petite pour Christa. Gamine, elle adorait accompagner son père, garde-pêche, dans ses tournées à travers les forêts qui cernent Monte Carasso. C’est en sa compagnie qu’elle a appris à aimer la nature, en particulier l’eau vive des rivières et des lacs. «A Arbedo, près de Bellinzone, il y a une très jolie plage sur la rivière Tessin, en dessous du pont de l’autoroute, où j’allais faire trempette. Mais, avec ma copine Manuela, on préférait souvent descendre en boguet jusqu’à Tenero, au bout du lac Majeur. Côte à côte sur les petites routes, un sac plein de chips et de boissons sur le dos, on chantait comme des folles tout le long du trajet. Mais c’est arrivé plus d’une fois qu’à court d’essence, on fasse le retour à pied en poussant le vélomoteur. Parfois, on y allait à patins à roulettes pour être fit en maillot de bain sur la plage. Total, on arrivait crevées et on s’avalait un énorme sandwich pour se réconforter.»
Etudiante, Christa continue chaque été à sillonner la région à la recherche de nouveaux plans baignades. Mais les copains ont désormais des voitures, l’occasion de s’aventurer tout au fond du Vallemaggia, dans le Valle di Peccia. La petite bande se baigne souvent dans une piscine naturelle, sous le Grotto Pozzasc, auberge où l’on mange la meilleure polenta du monde d’après Christa. Ou bien on file à Tegna, à la confluence des Centovalli et du Vallemaggia. «Il y a là un super endroit pour se baigner, malheureusement devenu un peu trop touristique aujourd’hui. Mais, à l’époque, c’était plus tranquille et on pouvait y rester du matin au soir avec les amis, à faire les fous dans l’eau et des grillades sur la plage.»
Le temps passe et c’est un de ses copains de baignade, Giovanni Marchese, que Christa épouse religieusement le 4 septembre 2010 dans la petite église de Monte Carasso. Ils se rendent ensuite en bateau jusqu’à Ascona pour y retrouver tous leurs amis à l’Hotel Eden Roc. «J’y suis retournée pour fêter avec Giovanni nos cinq ans de mariage. Comme à chaque fois que je viens à Ascona, je me suis immédiatement sentie en vacances.»
Pour cette grande voyageuse qu’est Christa, que ce soit pour le plaisir ou pour le travail, il y a cet attachement très fort à la Suisse et à son canton d’origine qui lui fait toujours retrouver le chemin de Monte Carasso. «Grâce à ma famille et à mon mari, qui sont des points d’ancrage essentiels dans ma vie, je peux travailler à travers le monde sans souci. Je sais qu’ils sont là, à Monte Carasso, où mon frère et mon père font le meilleur vin du monde et où Giovanni et moi avons construit notre maison.» Et devinez quel aménagement prolonge la villa de Christa et Giovanni? Une magnifique piscine à débordement où Giovanni n’est pas le dernier à piquer une tête, lui qui est du signe des Poissons...