1. Home
  2. Actu
  3. Toutes ces Romandes qui brillent
Journée internationale des droits des femmes

Toutes ces Romandes qui brillent

A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, L'illustré présente 18 Romandes de talent qui innovent ou brillent dans leur domaine.

Partager

Conserver

Partager cet article

18 Romandes exemplaires

Pilote, artiste, scientifique... portrait de dix-huit femmes de Suisse romande qui se démarquent chacune à sa manière.

DR

ANAÏS EMERY, une fille fantastique

Anais Emery au 16e Festival du film de Zurich en 2020

En quatorze ans, sous la patte de cette passionnée de dystopies, le Festival international du film fantastique de Neuchâtel (NIFFF) a pris un véritable essor et conquis des dizaines de milliers de visiteurs. Parmi les faits d’armes de sa cofondatrice, avoir fait venir à Neuchâtel le magicien des effets spéciaux Ray Harryhausen (1920-2013) ou George R. R. Martin, Monsieur Game of Thrones.

Depuis, la Neuchâteloise a changé de lac: elle vient de prendre la tête du Geneva International Film Festival (GIFF), qui a dû malheureusement annuler sa dernière édition. On compte d’autant plus sur le sens de l’innovation et de l’expérimentation de sa nouvelle directrice pour attirer à lui un large public. (P. Ba.)

Thomas Niedermueller / Getty Images

ANNE LUGON-MOULIN, diplomate avant tout

Interview d'Anne Lugon-Moulin, ambassadrice de Suisse

Au plus fort de la pandémie, elle s’est illustrée en gérant le rapatriement de 160 compatriotes, ressortissants suisses de Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Liberia et de Sierra Leone. C’est ça aussi, être diplomate. Née en 1971, la Fribourgeoise, qui a un master en économie du développement de l’Université de Nottingham (GB), a effectué un premier passage à la Confédération puis chez Transparency International avant de rallier le Rwanda pour le Programme alimentaire mondial.

Active à la Direction du développement et de la coopération et au DFAE, elle est nommée cheffe de la division Afrique subsaharienne et francophonie, avec le titre d’ambassadrice, en 2013. En 2019, elle devient la première Suissesse ambassadrice en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, en Guinée (Conakry), au Liberia et en Sierra Leone, avec résidence à Abidjan. (P. Ba.)

Charly Rappo / La Liberté

ANNA JOBIN, éthicienne du web

Anna Jobin

C’est une femme qui passe son temps entre réalité et virtualité, une spécialiste mondialement reconnue de la sociologie des nouvelles technologies. Au vu des problèmes éthiques que posent les algo- rithmes et l’intelligence artificielle (IA), inutile de dire que son agenda est bien rempli. «Nous ne pouvons pas traiter l’IA comme une simple technologie en nous contentant d’ajouter quelques éléments éthiques à la fin», assure celle qui a participé à l’élaboration d’un code de conduite pour les recherches liées au numérique.

Membre de la Jeune Académie Suisse, qui promeut la relève de la recherche, elle se partage entre le Laboratoire d’étude des sciences et des techniques de l’Unil et l’Institut Alexander von Humboldt pour internet et la société à Berlin. (P. Ba.)

DR

KAREN GAILLARD à toute allure

Karen Gaillard, pilote

Son objectif est à la fois simple et haut perché. «Je veux vivre du sport automobile», lâche cette fille d’un mécanicien fribourgeois qui, comme Schumacher et tant d’autres, a fait ses armes en karting.

En 2019, dans un univers dominé par les garçons, elle a décroché le Young Driver Challenge. L’automne dernier, à 19 ans, elle s’est qualifiée pour la Filière Endurance. Deuxième des 24 Heures de Dubaï en janvier, elle s’engouffre dans le sillage de Sébastien Buemi. (M. D.)

Stephanie Borcard - Nicolas Metraux

NINA PAIVA, portière avec ambitions

La hockeyeuse Nina Paiva

Dans sa cage, cette demoiselle d’Etoy (VD) happe les pucks sans se demander s’ils ont été expédiés par une fille ou un garçon – elle a eu le droit de jouer avec l’équipe masculine en juniors.

Après avoir été formée au Forward Morges, la gardienne de 19 ans évolue depuis quatre saisons au plus haut niveau, en ligue A féminine avec la Neuchâtel Hockey Academy. Si elle a été sélectionnée en équipe nationale avec les M16 et les M18, la sélection élite n’a pas encore pensé à elle. Elle en rêve. (M. D.)

Sigfredo Haro / La Côte

SOUHEILA YACOUB, une carrière fulgurante

L'actrice Souheila Yacoub

Avant d’être cette comédienne qu’on s’arrache, Souheila Yacoub, 28 ans, née à Genève d’un père tunisien et d’une mère flamande, fut gymnaste pendant quinze ans, membre de l’équipe nationale suisse de gymnastique rythmique avant de devenir Miss Suisse romande 2013. Jusqu’à ce que le théâtre prenne toute la place. La Genevoise intègre le célèbre Cours Florent à Paris grâce à une bourse, puis le prestigieux Conservatoire national supérieur d’art dramatique.

Sa carrière décolle rapidement; début 2019, elle tourne dans «No Man’s Land», une série internationale d’Arte, face au comédien Félix Moati. La même année, elle participe au clip du titre «Trop beau» du rappeur français Lomepal (46,5 millions de vues sur You- Tube). En 2020, elle était au festival de Berlin pour «Le sel des larmes» de Philippe Garrel. Parmi ses projets, des films sous la houlette de réalisateurs prometteurs et, en préparation, le prochain Cédric Klapisch, avec Pio Marmaï. Vivement qu’on puisse découvrir tout ça sur grand écran! (P. Ba.)

Kevin Millet / Brandon T. / Wellington XStudio / MKind

CÉCILE FONTANNAZ, l'avenir en cuisine

Cécile Panchaud, la cuisinière de l'Hôtel des Trois Couronnes à Vevey

A 29 ans, elle est la cheffe des cuisines du prestigieux hôtel des Trois Couronnes, à Vevey. Un poste exigeant, même en temps de covid: «Nous avons de la chance, l’hôtel est ouvert. Et les week-ends, nous devons refuser du monde.»

Silhouette longiligne et cheveux longs, Cécile Fontannaz fait mentir les clichés. Elle incarne le futur de sa génération en cuisine: ambitieuse, mais pas sacrifiée. Ainsi, cette meilleure apprentie du canton de Vaud, meilleure commise au Bocuse d’or, puis gagnante du Grand Prix Joseph Favre ne compte renoncer ni à sa carrière ni à sa famille. Prochaine étape, les enfants: «Avec mon mari, nous allons nous partager les tâches, trouver un équilibre entre travail et famille.» Au talent, Cécile unit une vraie vision d’avenir. (K. S.)

Chantal Dervey / 24 heures

HÉLÈNE NOIRJEAN, la présidente a de la bouteille

Hélène Noirjean, directrice de la Fédération suisse des vignerons.

Les vignerons du pays ont à la tête de leur fédération une Jurassienne trentenaire du genre dynamique et extravertie, qui peut lever son verre en racontant une vie d’un éclectisme désarmant. Excellente connaisseuse des arcanes de la politique helvétique, où elle évolue comme un poisson dans... l’eau, elle a été tour à tour directrice de Swiss Label, responsable des dossiers à l’Union suisse des arts et métiers ou représentante de la jeunesse suisse aux Nations unies.

Cosmopolite, cette Delémontaine bilingue qui a vécu à Genève et à Bâle fut aussi une voyageuse curieuse jusqu’à s’installer un an en Thaïlande, dont elle a appris la langue, organisant même des mariages à la mode Bollywood pour des Indiens, avec éléphants et tout le décorum. Dans sa fonction, si sensible en ces temps de covid, elle s’engage contre la concurrence accrue des vins étrangers, tout en dégustant le rôle social et la puissante force identitaire d’un produit unique. Et elle préfère le rouge. (M. D.)

Jean-Paul Guinnard / 24 heures

JOCELYNE BLOCH remet ses patients debout

La Pre Jocelyne Bloch

On les appelle les sciences dures, telle la neurochirurgie, et rares sont les femmes à y faire carrière. Cette chercheuse veveysanne, mère de famille persévérante, y est parvenue. Ses travaux, dans une approche extraordinairement pointue développée par l’EPFL, le CHUV et l’Unil, en étroite collaboration avec le professeur Grégoire Courtine, permettent désormais à des personnes paraplégiques de remarcher, par stimulation électrique de la moelle épinière. (M.D.)

VALENTIN FLAURAUD / Keystone

AUDE PUGIN, l’avocate de l’industrie de pointe

Aude Pugin, avocate

Le mantra de la présidente de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, la deuxième plus importante de Suisse après Zurich: que la Suisse demeure un pays de production industrielle de pointe. «La crise déclenchée par le coronavirus a montré que les compétences industrielles étaient stratégiques pour un Etat», plaide-t-elle. Elle sait de quoi elle parle: en 2017, elle a repris de son père la direction d’APCO Technologies. Cette entreprise basée à Aigle est spécialisée dans le développement d’appareils de haute qualité pour l’industrie nucléaire et spatiale.

Auparavant, elle a exercé comme avocate pour diverses entreprises. Les changements ne lui font pas peur: elle aime, dit-elle, sortir de sa zone de confort. Elle est la seule femme membre de la Commission fédérale pour les affaires spatiales, rattachée au Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche. (A. B.)

Aline Paley

MARGOT DÉLEVAUX, décrypteuse d’actu

La journaliste Margot Delévaux

Elle dit ne pas être à l’aise à l’image. On trouve, nous, que cette Genevoise de 28 ans assure face à la caméra de son smartphone. Elle a fait ses armes à la radio entre Genève, Berlin et Bruxelles avant d’arriver en 2018 à la RTS et de se spécialiser dans les formats multimédias.

Margot mise sur les réseaux sociaux pour être au plus proche de son public. «Un bon moyen de descendre de sa tour d’ivoire», dit-elle. Ce qu’elle fait chaque jour à 17 heures lors du «Rencard», un rendez-vous qu’elle partage en stories sur Instagram et qui rafraîchit la présentation de l’actualité. (M. B.)

Jay Louvion / RTS

JULIE GILBERT, auteure multiforme

L'auteure Julie Gilbert

La Franco-Suisse de 46 ans a grandi proche des communautés amérindiennes au Mexique avec sa mère anthropologue. Devenue grande, elle a vécu avec sa famille en Amérique. Un goût de l’ailleurs qui se traduit dans ses textes pour le cinéma et le théâtre ou dans le long métrage «My Little One» (2019), coréalisé en Arizona.

Depuis, elle a imaginé une «bibliothèque sonore des femmes», une installation qui permet de redécouvrir des auteures. De quoi patienter avant la réouverture des théâtres genevois pour poursuivre ses explorations scéniques. (M. B.)

DR

ÉMILIE BOILLAT, terrienne de tête

Emilie Boillat, présidente de l'Association jurassienne des jeunes agriculteurs

En grandissant à la ferme, la Jurassienne savait qu’elle en ferait son métier. A 26 ans, avec son père, son frère, sa belle-sœur et son mari, elle élève porcs et chevaux et cultive ses terres à Courtemelon (Jura bernois). Entre-temps, cette bosseuse a sillonné la Suisse pour ses études: Lucerne pour apprendre l’allemand, la maturité à Neuchâtel et un bachelor à la Haute Ecole d’agronomie près de Berne.

Elue à la présidence de l’association des Jeunes agriculteurs jurassiens en 2018, elle en restera la coprésidente jusqu’à l’année prochaine. Avec elle, l’agriculture suisse a assurément de l’avenir. (M. B.)

Daniele Ludwig / Bist

ALINE BOVIER, toujours plus haut

Aline Bovier, directrice de l'aéroport de Sion.

«Diriger un aéroport, c’est comme piloter un avion, il faut toujours avoir un plan B et un plan C en cas d’imprévu», précise la première femme à exercer cette fonction en Suisse, à Sion depuis 2015. Sa myopie l’a empêchée de devenir pilote militaire comme elle en rêvait; du coup, elle a commencé sa carrière dans la chimie avant de diriger notamment le secteur informatique d’une compagnie d’assurances puis le site de production horloger d’ETA à Sion.

Dans sa carrière, cette mère de deux filles a dû parfois s’imposer face à des interlocuteurs masculins qui ne voyaient pas une femme dans ce rôle. C’est en passant sa licence de pilote privée qu’elle va retrouver le chemin de ses premières amours. «L’idée ne m’a jamais quittée d’un jour rentrer dans ce milieu-là», a-t-elle raconté récemment sur les ondes de la RTS. Avec le covid, ces derniers mois ont été plus mouvementés. Mais elle a bien l’intention de continuer à faire de la piste de Sion un endroit où on a de plus en plus envie d’atterrir. (P. Ba.)

Beat Schweizer

AMÉLIE KLOPFENSTEIN, la petite fiancée du ski suisse

La skieuse Amélie Klopfenstein

Elle est apparue en pleine lumière, menue et rayonnante, sur le podium de la place lausannoise du Flon, quand elle a gagné trois médailles en trois jours, dont deux d’or, lors des Jeux olympiques de la jeunesse en janvier 2020. Supersonique, elle avait débarqué dans la compétition à la dernière minute, remplaçant au pied levé une coéquipière blessée.

Cette subite notoriété à 17 ans allait-elle lui monter au bonnet? Pas le genre de cette Neuvevilloise aux pieds vissés sur terre ou dans la neige, élève sage à l’école (sport-études) de Brigue et qui, en novembre, a été sacrée championne suisse de slalom chez les adultes. «Si j’ai un côté casse-cou, je réfléchis pas mal», raconte-t-elle en glissant qu’elle se verrait bien un jour pilote d’avion ou d’hélicoptère. Jusqu’au 10 mars, en Bulgarie, elle est une des favorites des Mondiaux de ski juniors, ses deuxièmes. Le fabuleux destin d’Amélie continue, mais plus discrètement, sans la musique de Tiersen. (M. D.)

Sedrik Nemeth

OCÉANE DAYER, connectée à la nature

Océane Dayer, militante pro-climat

C’est durant ses études à l’EPFL puis lors de son master en sciences de l’environnement à l’EPFZ que la Genevoise prend véritablement conscience de l’urgence climatique. Elle est l’une des jeunes Suissesses présentes à la conférence sur le climat de l’ONU (COP21) en 2015. La même année, elle fonde l’association Swiss Youth for Climate.

A 31 ans, elle en a – déjà! – transmis les rênes à la génération Greta, mais continue de présider la branche suisse du Réseau de solutions pour le développement durable (SDSN), lancé par l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. Responsable politique au WWF Suisse, elle décrit son approche comme une «connexion pragmatique» à la nature. Les pieds sur terre pour mieux la protéger. (M.B.)

Marc Latzel / 13 Photo

ARYA UDRY, objectif Mars

La Pre Arya Udry

L’atterrissage, le 18 février, du rover Perseverance sur la planète Mars l’a émue aux larmes. «Un moment historique» que la planétologue de 33 ans a suivi depuis Las Vegas, où elle enseigne la planétologie et la géologie martienne à l’Université du Nevada. Née à Genève, l’Hérensarde d’origine est fascinée par la planète rouge depuis l’adolescence.

Elle rêve d’être astronaute, choisit finalement les géosciences à l’Université de Lausanne avant de faire le grand saut pour l’Amérique, où elle décroche son doctorat et se voit proposer un poste dans la foulée. Le but de son travail sur la mis- sion de la NASA Mars 2020: «Analyser et comprendre la formation des roches magmatiques dans le cratère de Jezero», là où le rover s’est posé après un périple de plus de six mois et depuis lequel il en- verra des informations aux scientifiques. En attendant de toucher du doigt les échantillons de roches: ils ne seront pas ramenés sur terre avant 2030. (A.B.)

Josh Hawkins / UNLV

SONIA SENEVIRATNE, l’experte du climat

Sonia Seneviratne, climatologue

En janvier 2020, lors du procès lausannois des militants du climat contre Credit Suisse, «l’ampleur et la précision de [son] audition avaient emporté la conviction du tribunal» et fait pencher la balance en leur faveur, expliquait le juge. Depuis, ils ont été condamnés en appel. La scientifique persiste, en se basant sur les faits et la science. Elle a récemment regretté le manque d’ambition de la Confédération en matière de réduction d’émis- sions de gaz à effet de serre.

Depuis toujours, cette Vaudoise née en 1974 d’un père sri-lankais et d’une mère suisse veut apprendre et comprendre. Ado, elle se rêve astrophysicienne, tâte de la biologie à l’uni avant d’opter pour la physique et les maths à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Après un passage à la NASA, elle retourne à l’EPFZ, où elle est nommée professeure à l’Institut des sciences de l’at- mosphère et du climat. Mère de deux enfants «très soutenue» par son mari scientifique, la spécialiste des événements climatiques extrêmes a cosigné le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) à propos des conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C. Et rappelle qu’il n’y a «mal- heureusement pas de vaccin contre le réchauffement climatique». (A.B.)

Eddy Mottaz / Le Temps
Par Patrick Baumann, Albertine Bourget, Meryl Brucker, Marc David et Knut Schwander publié le 4 mars 2021 - 08:58