«En réalité, j’ai commencé deux fois ma carrière. La première à l’âge de 15 ans, quand j’ai intégré l’école sport-études à Brigue pour me consacrer à fond au ski. Un choix payant puisque l’année suivante, alors que j’avais à peine 17 ans, j’ai fêté mon premier titre de championne du monde junior de slalom, une 9e place en géant de Coupe du monde et ma participation aux Mondiaux de Saint-Moritz. Des résultats qui ont attiré des sponsors et m’ont donné accès au sport professionnel. J’étais sur un nuage. Le ski passait avant mes études, dans lesquelles j’étais embarquée pour cinq ans. Petite parenthèse, j’ai finalement obtenu ma matu d’économie et droit en 2020, presque comme prévu initialement.
Car la mononucléose m’a fait descendre de mon nuage. Je décrochais certes de bons résultats, mais je me sentais loin de ma plénitude. Puis, alors que tout semblait rentrer dans l’ordre question santé, je me blesse gravement au genou droit lors des Championnats suisses de slalom, en 2019. Un gros coup sur la tête et un gros coup d’arrêt. Le bon côté, c’est que j’ai découvert qu’il y avait une vie à côté du ski. Je passais soudain plus de temps avec ma famille et mes amis. Ils m’ont beaucoup aidée durant cette période. Mon papa en particulier.
Philippe Rast, ce nom vous dit peut-être quelque chose si vous êtes passionnés de moto. Il a été double champion suisse d’enduro et a participé à des manches de Coupe du monde. Son soutien et ses conseils m’ont été très précieux. C’est lui qui m’a donné goût à la compétition. Comme je suis fille unique, il me prenait toujours dans les courses. Bref. Je me remets de mes opérations et, en 2020, j’attaque mon second début de carrière. Avec beaucoup de questions et de doutes. Je me disais que si ça ne marchait pas, j’aurais au moins vécu une magnifique expérience de vie. Mais les astres étaient de mon côté. Le fait d’avoir pratiqué une multitude de sports depuis toute petite m’a forgé un gros mental. Je devais avoir une vingtaine de mois quand mes parents m’ont mise sur des skis la première fois. Puis j’ai fait de l’athlétisme, au sens large, de l’équitation et du vélo enduro. Toujours en compétition. J’adore l’équitation, mais faire les concours s’avère horriblement cher. Je suis toujours accroc à l’athlétisme et au vélo surtout.
Avec Florian Lorimier, mon préparateur physique, on retourne tous les étés au stade. L’athlétisme fait partie intégrante de ma préparation. Mais ma vraie passion estivale, c’est l’enduro. Je me suis lancée dans la compétition en 2018 et, depuis, je m’entraîne autant que mon métier de skieuse me le permet. J’ai tout de suite croché. L’an passé, j’ai participé à quatre manches de Coupe du monde avec des résultats plutôt honnêtes. Cette année, je n’en courrai que deux. L’enduro est un plaisir qui ne doit pas empiéter sur mon métier de skieuse. Quand je dis que je suis une touche-à-tout au niveau sportif, on demande souvent: «Pourquoi le ski, finalement?» Je ne sais pas trop quoi répondre. Peut-être parce que nous avons un chalet sur les pistes à Nendaz. Parce que l’hiver je skiais tous les mercredis après-midi et les week-ends. Parce que je n’avais que 7 ou 8 ans lorsque j’ai participé à ma première compétition. Pour tout ça sans doute. Mais avant tout parce qu’il m’a offert la possibilité de faire d’une de mes passions mon métier…»
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