«Alors qu’elle s’est toujours positionnée sur une ligne très dure en matière de restrictions et de mesures sanitaires depuis le début de la pandémie, Mme Amherd n’a pas hésité à se rendre à Saint-Pétersbourg malgré la situation sanitaire désastreuse qui prévaut dans cette région. Elle pensait peut-être qu’en se mettant sur la photo avec la Nati, en cas de victoire de cette dernière, l’image ferait un peu oublier la polémique qui fait rage autour du choix de l’avion de combat.» A entendre ricaner ce proche du collège gouvernemental, on se dit que la technique du tacle appuyé n’est pas seulement l’apanage du football et que la solidarité qui semble lier les sept Sages s’effrite.
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La présence de la Haut-Valaisanne à la Gazprom Arena le 2 juillet dernier, à l’occasion du match opposant la Suisse à l’Espagne, en a surpris pour ne pas dire choqué plus d’un sous la Coupole. Alors qu’Alain Berset, notre ministre de la Santé, recommandait aux supporters de ne pas se rendre en Russie, où le variant Delta fait des ravages, certains estiment que Viola Amherd a brouillé le message de prudence martelé par son collègue.
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Du côté de la conseillère fédérale, on s’en défend, bien sûr, et on réfute toute tentative de récupération politique. «En tant que ministre des Sports, Mme Amherd a jugé important d’aller soutenir sur place l’équipe de Suisse dans cette étape importante pour la suite de la compétition. La situation n’était pas critique vu que le match se déroulait dans un stade ouvert et qu’elle se trouvait dans des loges séparées. Madame la conseillère fédérale, qui a reçu ses deux doses de vaccin, a par ailleurs scrupuleusement respecté les normes en vigueur en matière d’hygiène et de distanciation durant tout le séjour. Elle a, par exemple, porté un masque durant toute la rencontre», nous a fait savoir son service de communication.
A l’écart des polémiques, l’épidémiologiste Antoine Flahault se dit pour sa part choqué que l’Europe politique ait accepté sans broncher que des matchs soient organisés en Russie et au Royaume-Uni, où le variant circule de manière intense. Le directeur de l’Institut de santé globale à l’Université de Genève se déclare également indigné que la Suisse n’ait pas placé la Russie sur liste rouge ni imposé une quarantaine aux voyageurs débarquant de ce pays.
«C’est trop tard pour prendre ce type de mesure. Dès le moment où un variant devient dominant, ce qui est le cas du Delta dans notre pays, la quarantaine n’est plus efficace. De plus, tous les contrôles en matière de tests et de comportement sont scrupuleusement appliqués sur les personnes concernées», nous ont indiqué les services d’Alain Berset. Une affirmation qui fait bien rire deux supporters valaisans qui ont fait le déplacement de Saint-Pétersbourg. «A l’embarquement, à Zurich, ils étaient tellement à la bourre qu’ils ont renoncé à prendre notre température. Concernant le contrôle de notre test PCR, on a eu l’impression qu’il suffisait de déplier une feuille A4, même vierge, pour passer. Quant au match, on l’a suivi sans distanciation et sans masque, si ce n’est pour aller chercher une bière à la cantine.»