C’est depuis la Piazza d’Ascona, le magnifique quai qui borde le lac Majeur dans la région d'Ascona-Locarno, qu’on embarque pour une traversée d’une quinzaine de minutes à destination des deux îles de Brissago. La petite île, Saint-Apollinaire, couverte d’une végétation spontanée, abrite une serre mais ne se visite pas. Alors que la plus grande, Saint-Pancrace, ouverte au public depuis 1950, abrite le parc botanique créé par la baronne Antoinette de Saint-Léger (>> lire: Aux îles de Brissago, les secrets d'une saga).
En s’éloignant d’Ascona, on découvre, surplombant la station de villégiature, la colline boisée du Monte Verità, haut lieu de la liberté de pensée et de vie à l’aube du XXe siècle.
Au centre de l’île trône la fastueuse villa néoclassique tout en marbre construite par Max Emden, second propriétaire des lieux. Elle abrite aujourd’hui un hôtel de quelques chambres - souvent loué pour des mariages - et un restaurant.
A la belle saison, le restaurant déborde largement sur le parc par le truchement d’une terrasse édénique. En cas de mauvais temps, sa rotonde se révèle très accueillante.
Le Bagno Romano, la célèbre piscine aménagée par Max Emden, qui aimait bien la peupler de naïades dévêtues, est bordé aujourd’hui d’un mini-jardin de plantes utiles.
Le parc botanique est consacré aux différents biotopes de type méditerranéen présents sur les cinq continents: le bassin méditerranéen lui-même, le Sud-Ouest australien, la pointe sud de l’Afrique du Sud, un bout de Californie et le centre du Chili. Le canard, lui, est indigène…
Le parc accueille de nombreuses familles, car tout a été conçu pour rendre sa visite attractive pour les enfants. Une course au trésor, à la fois didactique et ludique, invite petits et grands à se pencher sur les mystères de la botanique.
En dehors de très nombreux oiseaux, le parc botanique accueille une colonie de cistudes d’Europe, seule tortue indigène de Suisse, que l’on a cru un temps éteinte. Ce centre de reproduction devrait permettre sa réintroduction dans plusieurs cantons, dont Neuchâtel et Genève.
Un nid d’œufs de dinosaure a été conçu par une artiste au cœur d’une forêt de fougères arborescentes, que ces «terribles lézards» broutaient il y a plus de 200 millions d’années.
De la famille des agaves, Beschorneria yuccoides, originaire du Mexique, se mire dans les eaux du lac Majeur.
Au fil des saisons, le parc botanique n’en finit pas de se métamorphoser car 99% des plantes restent toute l’année en place. Cette Telopea Speciosissima, qui fleurit au début du printemps, est l’emblème floral de la région de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie.
Même si l’on n’est pas un passionné de botanique, la visite de l’île, à travers ces paysages des cinq continents reconstitués avec précision, offre une magnifique occasion de dépaysement.
L’humour n’est pas absent et les enfants, lancés dans leur course au trésor, tombent parfois sur de curieux spécimens!
En plein été, le bosquet de bambou, envahi de nuages de vapeur d’eau, est le terrain de cavalcades endiablées.
Brrr… Le jardin de la sorcière abrite les plantes toxiques. A toucher seulement avec les yeux…
>> A lire aussi: Aux îles de Brissago, l'incroyable projet de passerelle flottante
D’autres escapades végétales dans la région d'Ascona-Locarno
- Le parc des camélias. Inauguré en 2005 à Locarno sur la rive du lac Majeur, ce petit paradis subtropical regroupe plus de 900 espèces de camélias, dont la floraison s’échelonne sur neuf mois.
- Le parc botanique de Gambarogno. Entre Piazzogna et Vairano, au sommet d’une colline qui semble se jeter dans le lac, un parc magique où le pépiniériste Otto Eisenhut, expert mondial du magnolia, a regroupé plus de 400 cultivars de cette plante. Camélias, azalées, pivoines, rhododendrons et quelque 300 variétés d’agrumes (confitures et liqueurs en vente) sont également à l’honneur.
- Muralto. Une jolie promenade de 1,5 km au bord du lac de Locarno, plantée d’essences rares et centenaires: palmiers du Chili, cocotiers yatay, cyprès chauves…
- Bolle di Magadino. Pour les ornithologues en herbe, la réserve naturelle du delta de la rivière Ticino et de la Verzasca, sur le lac Majeur, constitue un site d’importance européenne pour les oiseaux migrateurs. Sentier didactique naturel et visites guidées en canoë en été.
- Bosco Sacro di Mergugno. Cette réserve forestière au-dessus de Brissago, sur les pentes du Ghiridone (2188 m), abrite dans son noyau central une extraordinaire forêt de cytises des Alpes, qui fleurit telle une «pluie dorée» entre la fin du printemps et le début de l’été.
- Valle di Lodano. Encore une réserve forestière d’altitude prétexte à de magnifiques randonnées à travers d’anciennes hêtraies, candidates officielles au patrimoine mondial de l’Unesco.