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Au boulot les gamins!

Pas facile d’inciter les enfants à donner un coup de main pour le ménage. Pourtant, les parents devraient insister, parce que c’est profitable aux enfants aussi.

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Denis Kormann

La vaisselle sale s’entasse sur la table. On entend un appel: «Louis, la vaisselle dans le lave-vaisselle!» «Je vais le faire tout soudain», répond Louis. «Pas tout soudain, tout de suite!» Le ton comminatoire de la maman n’autorise aucun atermoiement. En grognant, Louis entreprend de porter la vaisselle à la cuisine. Le programme familial des petites tâches le dit noir sur blanc: aujourd’hui, c’est Louis qui est chargé de la vaisselle.


Le gamin de 10 ans doit toujours être rappelé à l’ordre, quand bien même il sait que son intervention s’impose. Après tout, il a approuvé le programme. Tous les membres de la famille y figurent et doivent exécuter leur mission. Louis sait aussi que ses copains font de même chez eux. Cela dit, aucun d’entre eux ne sait vraiment à quoi cela est bon. Or ces petites tâches ont bel et bien un effet qui s’étend au-delà d’un partage des corvées bienvenu au sein de la famille. Tous les pédagogues en conviennent: l’implication des enfants dans le ménage est essentielle pour leur développement. Quand les enfants assument une responsabilité, ils deviennent plus sûrs d’eux-mêmes, plus autonomes. Ils apprennent en outre comment, plus tard, ils organiseront leur vie quotidienne. Exemple: ranger les couverts dans le tiroir demande de la motricité fine. Si les petits portent quatre assiettes à la fois au lieu de deux, ils développent le sens de la mesure, de l’espace et de l’efficacité. Selon le pédiatre allemand Rupert Dernick, ces aptitudes précoces stimulent l’intelligence mathématique. Elles font avancer les enfants et les préparent au jour le jour à l’école. Ce modèle est aussi présenté en Suisse alémanique aux soirées de parents d’élèves du jardin d’enfants.


Un enfant qui met la table, range la vaisselle ou suspend le linge le fait donc aussi pour lui-même. Il est possible de familiariser un enfant à un tel comportement. Cela ne signifie pas qu’ensuite il s’attaquera joyeusement à de telles tâches. Reste que les petits aident volontiers avec zèle et se réjouissent de pouvoir le faire.

De petites tâches dès 3 ans
Il y a donc du sens à faire participer précocement les plus petits aux travaux ménagers. Dès 2 ou 3 ans, les enfants peuvent assumer de petites tâches. Cela a pour effet de renforcer le sentiment d’appartenance familiale. Lorsque les parents mettent aussi la main à la pâte, sereins et sans ronchonner, ils servent à leurs enfants un exemple essentiel: le travail ménager n’est pas une corvée, il fait partie du quotidien et peut même procurer du plaisir. L’important est que les parents demandent sérieusement l’aide des enfants et s’abstiennent à tout prix de faire le boulot eux-mêmes, sans quoi les petits concluraient qu’il suffit de faire la mauvaise tête assez longtemps pour contourner la règle. Certes, tout cela nécessite de maîtriser ses nerfs. Mais les enfants remarquent ainsi qu’ils sont coresponsables et, à elle seule, cette constatation est une récompense. Et si l’on donne aux rejetons le droit de choisir entre deux tâches telles que passer l’aspirateur ou laver la vaisselle, c’est susceptible de les motiver encore davantage.

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A la maison, il y a des règles. Présentées avec humour, les «règles» qui régissent la vie des enfants.De Laurence Salaün et Gilles Rapaport, Seuil Jeunesse. DR

Pas de sous pour le faire
Si ça ne marche pas trop bien et qu’une sanction est un jour effectivement de rigueur, elle doit toujours être en rapport direct avec la petite tâche concernée. Si Louis refusait de remplir le lave-vaisselle, il ne pourrait aller jouer au foot dehors avec ses petits copains qu’une fois la mission remplie. Par principe, dans la répartition des tâches, personne ne doit être traité de manière déséquilibrée et il importe de ne pas en demander trop à quiconque. Le petit coup de main aux travaux du ménage ne vaut pas un supplément d’argent de poche. Les pédagogues sont d’accord à ce sujet: au sein de la famille, l’argent n’est pas une devise adéquate.


Par Gabriele Herfort (Beobachter) publié le 17 octobre 2018 - 09:00, modifié 18 janvier 2021 - 21:08