Quand on pense check-up ou dépistage, on pense surtout à une maladie somatique. Pourtant, la question de la bonne santé mentale est plus que jamais mise en avant. La pandémie de Covid-19 a amplifié ces troubles multiples et complexes qui peuvent toucher toutes les strates de la population. Comme pour le cancer ou les maladies cardiovasculaires, faudrait-il alors envisager de mettre en place des dépistages ciblés pour prévenir ou identifier des dépressions, troubles anxieux, psychoses, bipolarités? «C’est une certitude», estime le Dr Othman Sentissi El Idrissi, médecin adjoint agrégé au département de psychiatrie des HUG, qui a constaté ces deux dernières années un impact considérable de la crise, chez les jeunes en particulier. «Le nombre de patients pris en charge au sein de notre centre de crise a doublé et leur moyenne d’âge est passée de 40 à 22 ans.» Un phénomène favorisé par l’isolement, les difficultés économiques, scolaires ou professionnelles, qui ont agi comme un catalyseur de problématiques psychiques et psychiatriques.
Dans le domaine de la santé mentale, de nombreuses variables entrent en jeu pour le dépistage et la prise en charge personnalisée. «C’est un combat national qui doit être mené à grande échelle, estime le Dr Sentissi El Idrissi. La mise en place de programmes cantonaux d’action de prévention et de détection, comme le dépistage précoce des éléments de stress ou encore de la consommation de substances psychoactives chez les jeunes adultes, doit devenir une priorité sanitaire. Cela permettrait de prendre en charge plus tôt certaines situations qui se compliquent et nous échappent parfois, et, in fine, de diminuer les coûts de la santé.»
Pour une prévention ciblée, la formation des acteurs de première ligne (médecins généralistes, pédiatres, infirmiers à domicile, etc.) est primordiale. Des indicateurs comme l’âge ou les antécédents psychiatriques personnels et familiaux permettent d’identifier les patients à risque et de les adresser pour des évaluations et une prise en charge adaptées. A noter qu’il existe désormais de nombreux outils à disposition, comme les questionnaires validés par l’Observatoire suisse de la santé (Obsan), qui aident à mener des évaluations psychométriques rapides et spécifiques à partir de questions assez simples pouvant mettre en évidence une zone d’alerte.
«Des campagnes d’information et de prévention à large échelle pourraient en outre aider à lutter contre la stigmatisation qui persiste autour de la santé mentale, ajoute le Dr Sentissi El Idrissi. On sait pourtant qu’une grande partie de la population a au moins une difficulté psychologique, sur le plan phobique, anxieux ou encore de l’humeur.»
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