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L'édito

Bien dans sa peau

Si les débats entourant la transidentité sont souvent réducteurs et clivants, changer de sexe ou de genre n’a rien d’un acte militant ou d’une lubie. La dysphorie de genre est au contraire une souffrance pour celles et ceux qui la vivent au quotidien. Ce fut le cas du Vaudois Léon Salin, jeune homme trans qui revient sur son parcours de vie. Un chemin complexe mais libérateur qu'il évoque avec sensibilité dans le magazine «L'illustré» disponible dès ce mercredi en kiosque.

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Léon Salin

Né avec l’apparence et le sexe d’une fille, le jeune Vaudois Léon Salin était en réalité un garçon. C’est ce qu’on appelle une dysphorie de genre. Il lui a fallu des années et un long processus pour qu’il puisse se définir et s’épanouir.

GABRIEL MONNET

Les débats autour du changement de genre sont souvent clivants. Certains n’y voient que le fruit d’une idéologie déviante. Une menace. Faire valser ses valseuses ou ses ovaires serait l’ultime bras d’honneur à la société patriarcale. Pour d’autres, c’est un progrès évident, à la fois médical et social. Pourtant, changer de sexe n’a rien d’un acte militant ou d’une tocade. A la base, la dysphorie de genre est une souffrance. Elle ne se choisit pas. Elle désigne la discordance entre l’identité d’une personne et son sexe d’assignation à la naissance. Ce fut le cas du Vaudois Léon Salin, homme trans. Cette semaine, son témoignage éclaire le chemin introspectif, complexe et libérateur qui fut le sien.

En Suisse, les chiffres de l’Office fédéral de la statistique parus fin octobre indiquent que les opérations d’affirmation de genre sont en augmentation. En 2022, elles concernaient 486 personnes, dont 68% avaient pour but une réassignation sexuelle du féminin vers le masculin. Si la moyenne d’âge est de 27 ans, plus de la moitié avait entre 15 et 24 ans. Pour les transitions du masculin vers le féminin, les intéressées, plus âgées, avaient 34 ans en moyenne.

Derrière ces statistiques, il y a autant de cas individuels, d’obstacles, de souffrances et d’espoir. Des chemins de vie tortueux tant pour celles et ceux qui transitionnent que pour leur entourage. Comment faire accepter à une mère, à un père que leur petite dernière devienne leur fils? La chanteuse Cher a exprimé son désarroi des années après que sa fille à la chevelure vaporeuse fut devenue un homme solidement charpenté prénommé Salvatore. «Cela a été difficile de perdre un enfant pour en avoir un autre», a-t-elle récemment dit au L.A. Times. Les réactions, volontaires ou pas, peuvent blesser ou exclure. Un rejet familial peut devenir un rejet de soi-même. 

Réussir sa transition, c’est aussi, parfois, réussir à la faire accepter à ses proches et à la société. A ce titre, les vidéos du compte Instagram de Léon Salin sont un modèle d’intelligence. Un outil de compréhension accessible à tous. Il n’y a ni mystère ni fantasme, mais la recherche d’un équilibre personnel avant tout. C’est une quête de soi afin d’avancer dans la vie en étant bien dans sa peau. Une renaissance choisie, auréolée, dans le meilleur des cas, d’une reconnaissance.


Au menu de «L'illustré-TV8» disponible dès ce mercredi 8 novembre en kiosque:

  • A LA UNE: Christian Constantin au chevet de son ami Léonard Gianadda
  • Portrait: Christian Bolt, le sculpteur qui travaille le marbre de Carrare avec passion
  • Témoignage: Léon Salin, la quête de soi
  • Gaza: Cri d'alarme du responsable du CICR pour le Proche-Orient
  • Société: Témoignages sensibles autour de l’équithérapie
  • Et aussi: des concours exclusifs, les jeux, l'horoscope, l'actu des people, les grilles TV, …
La cover de L'illustré n°45
Photo de couverture par Sedrik Nemeth
Par Didier Dana publié le 8 novembre 2023 - 09:52