«J’ai passé une année mythique, je ne pouvais pas espérer mieux concernant ce que je peux me faire comme idée de la vie. J’ai vécu tellement de choses fortes que j’ai oublié la moitié des trucs qui me sont arrivés. Avec le Knie, nous avons fait plus de 300 dates dans toute la Suisse. Avec 2021 perturbée par le covid, cela représente en tout dans les 500 représentations. Nous avons joué devant 1 million de personnes en deux ans! Les Knie ont créé plus qu’une institution, une tradition. Les gens de tous les âges viennent nous voir, de 2 mois à 104 ans, c’est la réunion de toute la Suisse.
C’est aussi beaucoup de travail. Nous avons produit 56 spectacles en 31 jours rien qu’à Zurich. Devant l’opéra au bord du lac, avec une billetterie remplie à 95%… pas possible de se plaindre! Au-delà des chiffres, l’aspect humain emporte tout: j’ai une magnifique relation avec tous les membres de la famille et le lien avec ce public est phénoménal. J’ai toujours voulu faire de la musique pour rassembler les gens et créer des émotions positives. Quand tu as une standing ovation chaque jour, que tu vois les émotions sur les visages, c’est vraiment beau. Nous avons une mission, c’est ainsi que le public nous voit. Après cette période compliquée, nous avons été investis d’un rôle par la population qui nous montre que la culture n’est pas reléguée aux oubliettes. Partout, on nous disait: «Merci de ne pas avoir annulé, merci d’être venus.»
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J’ai été le seul artiste à faire deux fois la tournée avec les Knie, peut-être qu’on le refera mais, bien sûr, pas l’an prochain. Alors, pour moi, la tristesse s’installe car je vais quitter un show où il y a une telle gentillesse et une telle bienveillance… Après un tel marathon, je sais qu’il faudra récupérer pour ensuite revenir sur les festivals de l’été et défendre le dernier album sorti en janvier. Je n’ai pas eu le temps de bien le faire en 2022 mais il est pourtant numéro un des charts en Suisse!
Depuis octobre 2020, on n’est pas sortis du top 100 des Airplay-charts suisses, avec même trois chansons classées en même temps. Cela me rend fier. Pour la suite, tout est ouvert, je pratique un métier où l’inconnu est une sorte de constance. J’aime l’art dans son ensemble et les opportunités sont vastes. Cette année, j’ai aussi doublé le film «Les Minions» en versions allemande et française. J’ai pu faire la promo avec Thomas Gottschalk en Allemagne — l’idole de mon père — et Gad Elmaleh, mon comédien préféré depuis que je suis petit! J’aime aussi découvrir de nouveaux talents et les accompagner. Comme avec ma sœur Maryne: un des gros «highlights» de mon année a été quand mon label m’a envoyé comme tous les vendredis le classement des titres les plus écoutés et que pour la première fois, nous y figurions les deux.
Parfois, je me dis que tout ce que je vis de positif, je vais le payer. J’ai beaucoup de chance avec mes proches et amis qui commencent à avoir des enfants. Tout le monde est en bonne santé, les gens autour de moi ont du succès et parfois je me fais une grosse rechute, idéaliste que je suis. Au cirque, on a beaucoup d’Ukrainiens et de Russes. Quand j’arrive aux répétitions et que je vois la moitié en larmes et l’autre désolée par ce qui arrive, cela m’affecte. Je suis une éponge émotionnelle, j’en fais des chansons mais c’est dur. L’abnégation de ces personnes… Elles regardent des vidéo de leur ville sous les bombes et trois minutes après on travaille sur notre chorégraphie. Tu passes par des moments de doute et, parfois, plus rien ne semble faire de sens. Si ce n’est que tous les soirs, on joue. Le reste du monde se pète la gueule et nous sommes les marchands de rêve. Faire passer un bon moment aux gens est un énorme privilège.»
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