Un mois après sa sortie dans les cinémas, personne n’a pu échapper à la déferlante «Barbie». Tourné par Greta Gerwig, avec les icônes hollywoodiennes Margot Robbie et Ryan Gosling, le film a redonné le sourire aux exploitantes et exploitants de salles obscures. Rien qu’en Suisse romande, plus de 125 000 personnes – selon le box-office de la revue «Cinébulletin» du 14 août – se sont plongées dans l’univers tout en plastique de la poupée fétiche de Mattel. Alors que certaines critiques revendiquent le côté féministe du long métrage, d’autres le considèrent plutôt récréatif.
Quoi qu’il en soit, après seulement trois semaines d’exploitation, le film affichait plus de 1 milliard de recettes au niveau international. Fait inédit dans l’histoire du 7e art, c’est la première fois que ce chiffre est atteint par une réalisatrice en solo. Un démarrage sans précédent aussi pour la société de production Warner Bros. Et pour le fabricant de ce jouet emblématique, qui a coproduit ce projet audiovisuel devenu phénomène, c’est du pain bénit alors que les ventes de la figurine dégringolaient. A l’ère du marketing immersif et expérientiel, la mannequin-égérie s’est muée en héroïne de fiction sur grand écran. Mattel prépare d’ailleurs 14 films liés à ses autres marques, de Polly Pocket au jeu «Uno».
La vie en rose jusqu’à l’hiver?
Quant à l’aventure «Barbie», elle ne s’arrêtera certainement pas à la fin des projections. La presse américaine pressent une série de nominations aux futures cérémonies des Golden Globes et des Oscars. A commencer par Greta Gerwig, pour la réalisation mais aussi dans la catégorie scénario original ou adapté (c’est en débat). Certains projettent également la sélection de Ryan Gosling parmi les meilleurs rôles secondaires tant son interprétation d’un Ken cocasse a marqué les esprits. Les équipes costumes, décors, maquillage et coiffure ont elles aussi toutes leurs chances d’être en lice. L’avenir nous le dira mais, si Barbie gagne des prix en 2024, on imagine déjà Mattel sortir en exclusivité une poupée 100% dorée, inspirée par les fameuses statuettes de ces grands rendez-vous du cinéma.
>> Lire aussi: La Barbiemania vue par deux politiciennes suisses
Une Barbiemania globalisée
La frénésie Barbie a transcendé les frontières. En Amérique centrale et du Sud, les hommages à la poupée mannequin se sont multipliés: Volaris, une compagnie aérienne mexicaine, a repeint ses avions aux teintes flashy de Barbie. En Bolivie, des cholitas du peuple Aymara ont repensé leur costume traditionnel en rose, tandis qu’au Salvador une entreprise de pompes funèbres propose des cercueils Barbie. De l’autre côté du globe, en Chine, non seulement le film hollywoodien n’a pas été censuré, mais il s’est inscrit dans le top 5, tandis que la poupée a été élevée au rang d’icône féministe. Etonnant dans un pays où ces jouets Mattel ne sont que très peu distribués! La Corée du Sud, en revanche, semble hermétique à ce succès. Cela s’expliquerait, selon Haein Shim, une militante féministe à Séoul qui s’est confiée au Guardian, par le fait que «le féminisme est toujours considéré tabou dans [son] pays». A noter aussi que certains gouvernements ont interdit la sortie de Barbie: le Vietnam, le Koweït et le Liban.