«Les métiers artistiques sont assez similaires aux métiers agricoles: on ne s’arrête jamais», estime Lorena Stadelmann, artiste performeuse et musicienne de 27 ans aussi connue sous le nom de Baby Volcano. Si l’agriculteur investit ses journées dans le soin de la terre, la musicienne doit «alimenter son jardin artistique». Dans son quotidien «souvent à 200%», les journées sont variées, entre création de pièce, conception d’album et tournée. Lorena Stadelmann profite de quelques périodes plus creuses pour se reposer, mais elle insiste: «Ce ne sont pas vraiment des vacances. Je fais de l’administration, par exemple pour des demandes de subventions.»
Artiste pluridisciplinaire, la jeune femme évolue dans les domaines de la musique et des arts de la scène. D’un milieu à l’autre, les différences sont notables: «La scène, c’est un monde syndicalisé avec des salaires minimums pour les artistes, donc ce que je gagne est décent. Par contre, dans la musique, c’est très variable. Ça se fait souvent à la notoriété, surtout dans les musiques actuelles.» La performeuse précise également que ses projets de danse sont souvent des coproductions avec les institutions, par exemple le Théâtre Sévelin 36, où elle a travaillé sur une création en février. Pour ce genre de projet, elle peut bénéficier de subventions, ce qui est beaucoup plus difficile dans la musique. «Je trouve ça fou parce que c’est la même artiste d’un côté ou de l’autre», soupire-t-elle en confiant qu’elle s’en sort parfois «tout juste» au niveau financier.
Lorena Stadelmann s’est professionnalisée en 2019, à son retour en Suisse après quatre ans passés en Argentine, où elle a étudié la danse, la performance et l’interprétation théâtrale. Un détail lui est resté de ce pays: «Les gens demandent à quoi tu te dédies et non comment tu gagnes ta vie. Je trouve que ça donne beaucoup plus de liberté.» Elle déplore le débat entre artistes professionnels et amateurs qui peut exister en Suisse, trouvant que l’argent rapporté par la pratique artistique ne devrait pas déterminer «si l’on est vraiment artiste ou non».
Pour cette diplômée du lycée cantonal de Porrentruy, seul établissement suisse à proposer l’option théâtre au niveau secondaire II, le plaisir artistique se situe dans l’aboutissement d’une œuvre. «Aller jusqu’au bout du projet, avec une équipe, je trouve ça vraiment magnifique», sourit-elle à l’aube de sa tournée prévue cette année.
>> «L'illustré» est parti à la rencontre de quatre jeunes Romands qui vivent de leur art. Retrouvez d'autres portraits: