En juin, à Fribourg, lors du plus grand procès suisse de militants et militantes du climat, un collectif de 12 avocats romands s’est uni bénévolement pour défendre des activistes d’Extinction Rebellion. C’est une première. Condamnés par le tribunal, les militants feront appel jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme. Me Irène Wettstein, l’une des avocates, mentionne le début d’une longue série de procès de ce type. Pour elle, la désobéissance civile est un aiguillon nécessaire quand la loi n’est plus adaptée à la société. Elle cite en exemple la lutte féministe. «Certaines ont enfreint la loi en allant déposer un bulletin de vote dans les urnes.»
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Me Arnaud Nussbaumer, également avocat du collectif, ajoute: «Contrairement à la violence terroriste ou à la simple marche pacifiste, la désobéissance civile non violente fonctionne bien. C’est ce qu’ont démontré de nombreux chercheurs en sciences sociales. Alors, quand le juge demande s’il y a d’autres moyens pour faire passer le message d’Extinction Rebellion, la réponse est non!»
Comme le reste des experts lors du procès fribourgeois, Oriane Sarrasin, chercheuse et enseignante en psychologie sociale à l’Université de Lausanne, n’a pas été conviée à s’exprimer. L’illustré s’est procuré un document intitulé «Ce que j’aurais dit, Monsieur le Juge, si vous m’aviez écouté·e». En résumé, dans sa lettre, elle souligne que les actes de désobéissance civile jouent «un rôle crucial pour que le grand public prenne conscience de l’urgence climatique».
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Un constat partagé par Valérie d’Acremont, médecin infectiologue et membre actif de Doctors for XR, soit les soignants pro-Extinction Rebellion. A la fin du mois de mai, avec 200 professionnels de la santé, elle a convaincu le directeur de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, de se rallier à leur cause. «Des blouses blanches qui agissent, c’est un symbole fort! Les liens entre climat et santé sont une évidence. Par contre, ils sont moins visibles chez les privilégiés, qui sont les derniers à s’en rendre compte alors que ce sont eux qui ont des positions de pouvoir décisionnel.» Me Nussbaumer conclut ainsi: «Un jour, tous ces gens se diront: «Les activistes avaient raison. Pourquoi les avoir condamnés? Ils étaient du bon côté de l’histoire!»