- Dans vos prévisions pour 2020, vous évoquiez une conjoncture qui ne s’était pas produite depuis 500 ans, un ralentissement de la croissance au printemps pour des raisons de survie, notamment en lien avec une épidémie. Qu’est-ce que ça fait d’avoir eu à ce point raison?
- Sandra Gaudin: Je voyais une épidémie possible, c’est vrai, mais j’ai quand même été surprise par son ampleur. On avait déjà cet aspect Jupiter-Neptune avec la grippe espagnole et le SRAS. Mais ce qui m’a frappée avec le Covid-19, c’est la démesure, très marquée par la présence de Jupiter. On a beaucoup tiré sur la corde de la peur.
- Vous prévoyez une deuxième vague?
- Je ne le pense pas. Mais vous savez, l’astrologie, c’est l’art de l’interprétation, on n’a pas forcément la même entre astrologues. Certains disent que cela va être l’horreur toute l’année à cause de ce Pluton-Uranus-Saturne. Pour moi, l’épidémie était plutôt liée à Neptune, je situais son pic à Pâques. Mercure sortait des Poissons, où il y a Neptune en ce moment, je me suis dit qu’il allait y avoir une baisse. Ce qui s’est produit.
- On est tiré d’affaire?
- On pourrait connaître encore des catastrophes naturelles en août, de type sécheresse ou tsunami, mais plus localisées et pas forcément en Suisse. Comme si ces événements venaient appuyer la nécessité du changement induite par Pluton, une planète lente symbolisant la destruction pour la reconstruction. La dernière fois qu’elle est passée en Capricorne, c’était il y a 250 ans, lors de la révolution industrielle. Il y a un aussi risque de conflits internationaux dès l’été, qui vont faire un peu peur mais pourront être gérés. Mais j’avoue que ça va être encore un peu rock’n’roll jusqu’à la fin de l’année. Si on est optimiste, disons que 2020 devrait voir l’organisation d’un système monétaire international plus stable et plus régulé, car, avec les planètes en Capricorne, qui génèrent une crise nécessaire, on constate une demande de plus en plus croissante de transparence et d’humanité.
- Vous aviez planifié pour vous-même ce qui est arrivé?
- Disons que j’avais un peu prévu ce qui allait arriver, je me suis dit: «Cette année, Sandra, tu te calmes, tu fais plus de préparation que de représentations.» Heureusement, mes trois projets de théâtre sont pour cet automne*. J’avoue que j’ai bien vécu cette période, perçu aussi le côté salutaire de cette crise qui nous a obligés à ralentir. Je suis Bélier troisième décan, j’avais vu dans mon thème que je serais personnellement touchée par ces trois planètes, j’ai même pensé à un moment que j’allais tomber gravement malade et j’ai demandé à ma guérisseuse de renforcer mon immunité (sourire). Je pense avoir attrapé le virus au début du confinement. J’ai passé aussi beaucoup de temps à rassurer les gens, les amis qui me téléphonaient.
- Vous utilisez parfois un vocabulaire très technique. L’astrologie est-elle une science à vos yeux?
- Ce n’est ni une croyance ni une science.
- Comment des planètes situées à des millions de kilomètres peuvent-elles influencer la vie des hommes? Les astronomes invoquent souvent cet argument pour discréditer l’astrologie. Que leur répondez-vous?
- Qu’ils ont raison. Moi non plus, je ne peux pas imaginer que des planètes aussi lointaines puissent nous influencer, je l’avoue, mais l’astrologie est un art symbolique. C’est un conte, mais un conte qui fonctionne!
- L’axe de rotation de la Terre a changé, avancent ces mêmes astronomes; une personne née aujourd’hui au solstice de printemps devrait être logiquement du signe des Poissons et pas du Bélier…
- C’est certainement vrai, je n’ai pas d’explication. Tout ce que je peux dire, c’est que ça marche, je le constate tous les jours. Je n’essaie pas de défendre l’indéfendable, mais du moment où c’est un art qui fait du bien, qui fait évoluer, qui est au service de l’homme, lui donnant des outils pour mieux se comprendre, se rassurer, pourquoi s’en priver?
- Sommes-nous alors dans le domaine de la croyance?
- Je dirais plutôt de l’acceptation. J’ai fait un spectacle sur la physique quantique, un domaine qui me passionne; elle a démontré que le cerveau humain, avec son petit filtre, ne perçoit que 0,5% de ce qui est réel. C’est hallucinant, non? C’est quelque chose qui parle à l’astrologue que je suis. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas, comme avec ce virus, et je les accepte d’emblée, parfois beaucoup plus que les choses qui s’expliquent (sourire).
- Elle est entrée comment dans votre vie, l’astrologie?
- Je revenais d’une école de théâtre en Belgique et je vivais un moment très difficile, une trahison amicale qui avait entraîné chez moi une grosse dépression. Je suis allée à la bibliothèque municipale de Lausanne chercher un bouquin sur les Bélier. Au début, c’était pour apprendre à me connaître, j’étais si floue, j’avais 21 ans et je ne savais rien de moi. J’ai dévoré le rayon astrologie en apprenant petit à petit à calculer, à monter des thèmes toute seule.
- Vous doutez quand même parfois de l’astrologie, malgré tout?
- Oui. Tous les jours, je repars à zéro; quand je fais un thème, il faut que l’astrologie me convainque, que j’y voie un intérêt. C’est pour moi un outil dont la principale mission est d’aider. Si elle ne le fait pas, il ne faut pas l’utiliser.
- Mais en nous prédisant cette épidémie, vous nous avez fait peur avant l’heure…
- Je réfléchis toujours avant d’écrire des choses aussi fortes, ce d’autant plus que je déteste le sensationnel. J’essaie toujours de donner un sens aux choses, de la même manière qu’en consultation, quand on voit sur le thème de la personne que cela va être des années difficiles pour elle, on essaie de lui donner des outils pour que l’impact soit moins grand.
- Vous allez mettre en scène «Le vilain petit canard»*, le conte d’Andersen, avec Arnaud Valois, l’acteur de «120 battements par minute», et Etienne Daho pour la musique. Vous faites le thème de vos comédiens avant de les engager?
- Non, comme tout est cyclique et que le thème est donc en évolution constante, je ne sais pas où la personne se trouve dans sa vie tant que je ne l’ai pas rencontrée. Après, pendant les répétitions, je reconnais qu’il m’arrive d’aller regarder ce qu’elle vit sur le plan astrologique. Ce qui reste troublant, malgré tout, c’est de regarder le thème d’un inconnu; cela me donne tout un tas d’informations sur son enfance, son rapport à sa mère, bien avant de l’avoir rencontré.
- Les gens nés le même jour à la même heure et la même année vont-ils vivre la même chose?
- C’est là qu’on voit la beauté et le libre arbitre autorisé par l’astrologie. Chacun va passer par les mêmes moments de difficulté, de crise, mais va y répondre différemment.
- Il y a des thèmes parfaits? Des personnes marquées par la chance?
- Oui. Marcel Bianchi, qui fut mon professeur, nous avait donné à étudier celui de Bernard Tapie, un Verseau ascendant Taureau. Il avait un thème cerf-volant de la chance, comme on les appelle, avec beaucoup de trigones. Mais on peut avoir un thème parfait et s’effondrer au moindre problème, alors que d’autres personnes avec un thème plus compliqué affrontent mieux l’adversité et s’estiment heureuses.
- Est-ce que vous êtes très caractéristique de votre signe, le Bélier?
- Pas du tout. J’ai mon Bélier en maison XII, la maison des épreuves, de l’introversion, la difficulté à oser exister, à prendre sa place, mais ce qui est intéressant, c’est que c’est aussi la maison de l’art et du monde invisible. Je suis ascendant Taureau, ce qui renforce l’impact de cette maison XII. Mais parfois je me sens vraiment Bélier, pour l’énergie, l’indépendance, mais aussi pour la naïveté. C’est le signe le plus naïf du zodiaque!
- Et sur le plan amoureux, pas d’engagement avant d’avoir regardé où sont les planètes du partenaire?
- Non, là, j’y vais à l’intuition (rire).
- Quel a été le plus beau cadeau que vous ait offert l’astrologie?
- Devenir une femme libre. Au lieu de m’enfermer, elle m’a ouverte à la vie, m’a permis de mieux me rencontrer et d’être aussi moins étrangère aux autres.
>> *Retrouvez les mises en scènes de Sandra Gaudin au théâtre dans:
- «Le vilain petit canard», à la Philharmonie à Paris les 21 et 22 octobre, puis en Suisse en 2021.
- «Le balcon de Jean Genet» à la Grange de Dorigny, à Lausanne, du 9 au 14 février 2021.
- «Le cabaret des réalités», d’après Jodorowsky, au Théâtre des Osses, à Givisiez (FR), du 23 avril au 2 mai 2021.