Avec son plumage aux couleurs orangées, ses ailes zébrées de noir et de blanc, sa huppe hérissée vers le ciel et la fine courbure de son long bec, impossible de confondre cet oiseau avec un autre volatile: c’est une huppe fasciée. Encore faut-il avoir la chance de la rencontrer. Bien rares sont les chanceuses et les chanceux qui ont pu l’observer en Suisse ces dernières années: ces oiseaux migrateurs avaient presque totalement déserté le territoire helvétique. Ils ne nidifiaient pratiquement plus qu’en Valais, dans de rares endroits aux abords du Rhône, en amont de Sion, après avoir passé l’hiver en Afrique.
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Car la huppe fasciée se montre plutôt exigeante quant au choix de son territoire. Si elle aime les zones chaudes et sèches, elle veut aussi qu’elles soient fertiles. Elle apprécie les endroits cultivés, ouverts ou parsemés d’arbres et de hauts buissons, les pâturages entourés de haies agrémentés de quelques arbres ou encore les vignes entrecoupées de zones en jachère et de murs en pierres sèches. Depuis les années 1970, sous l’énorme pression humaine que subissent les campagnes, en Suisse comme en Europe, ces régions ont été soumises à des changements rapides. L’urbanisation et les pratiques agricoles extensives ont détruit à la fois l’habitat de la huppe fasciée et les insectes dont elle se nourrit. Conséquence: elle a pratiquement disparu de tout le Plateau suisse. Avec seulement 200 couples rescapés dans notre pays, ces oiseaux étaient aussi trop isolés les uns des autres, ce qui rajoutait une difficulté supplémentaire pour la survie de l’espèce.
Classée comme vulnérable, la huppe fasciée fait maintenant l’objet d’une protection prioritaire sur les plans cantonal et national. Il s’agit d’abord d’encourager et de recenser toutes les observations faites par les habitants des régions concernées, afin de mieux connaître ses habitudes. Riches de ces informations, les autorités locales peuvent mieux protéger les sites de nidification, et même en augmenter le nombre par la pose de nichoirs artificiels. Ces petites constructions compensent la disparition des cavités naturelles où l’oiseau migrateur cache sa progéniture. Une démarche payante! Grâce à la coordination de tous ces efforts, la huppe a déjà fait son retour dans le canton de Genève. Cette première victoire, même si elle est encore fragile, justifie un certain optimisme: l’objectif aujourd’hui est d’atteindre, à moyenne ou longue échéance, un effectif d’au moins 300 couples.
Quand on veut, on peut!
Les huppes sont protégées par la loi dans la plupart des pays européens. Mais elles sont encore parfois braconnées, comme à Malte, ou capturées pour leurs attributs prétendument magiques et thérapeutiques, en Afrique du Nord notamment. La préservation du paysage, la limitation des pesticides et le maintien de vieux arbres à cavités, comme les chênes, les châtaigniers ou les hêtres, permettent le retour de l’espèce. Les nichoirs favorisent aussi leurs chances de survie, comme en Valais, où la pose de 700 pièces a permis une hausse substantielle de sa population.