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Musique

Alain Morisod et les Sweet People rempilent avec un nouveau spectacle de Noël

Ils avaient annoncé la fin de leurs tournées il y a deux ans, mais le musicien genevois et son groupe n’ont pas pu résister au plaisir d’arpenter de nouveau la Suisse romande et l’Alsace avec leur traditionnel spectacle de Noël. Il sera précédé sur Léman Bleu par une nouvelle émission, «Les années Coups de cœur».

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Alain Morisod & les Sweet People

Jean-Jacques Egli, Jean-Luc Mailler, Alain Morisod, Mady Rudaz, François Torche et Julien Laurence sont heureux de repartir en tournée car plus de vingt ans de fidélité professionnelle les unit. Sans contrat, juste sur une parole donnée.

Sigfredo Haro

L’été est loin, mais il y a comme un air de colo estivale dans le studio d’enregistrement qu’Alain Morisod et les Sweet People ont investi dans le quartier des Eaux-Vives, à Genève, pour leur première répétition depuis des mois. On s’embrasse chaleureusement, on se donne des nouvelles d’amis communs et on distille généreusement les blagues Carambar comme un vieux rituel qui soude tout le monde autour d’éclats de rire bruyants. Il n’y a guère que Mady Rudaz qui appréhende un peu. «Cela fait quelques mois que l’on s’est arrêtés, alors il faut se remettre en forme, glisse-t-elle dans un sourire. Je chante un peu partout, mais surtout dans la voiture. Une fois que je serai fixée sur les titres de la tournée, sur ce que je mettrai et comment on s’organise, alors seulement, je serai totalement rassurée.»

Avec en cadeau un retour surprise
 

A entendre la voix cristalline de la chanteuse faire des merveilles sur «Summertime» une fois la répétition lancée, ses craintes devraient être vite apaisées. Bien installée derrière ses instruments, la petite équipe enchaîne les titres avec Alain Morisod en chef de bande. «Maria Dolorès» et ses sonorités latinos mettent en valeur la guitare et la voix de Julien Laurence, tandis que le rythme très country d’«Heureusement y’a la radio» révèle la grande surprise de cette tournée de Noël: le retour de Jean-Jacques Egli, sept ans après son départ des Sweet People, fatigué qu’il était par les longues tournées. «Eh ben, il a encore toute sa voix!» lancent ses compères, aussi admiratifs que taquins. «Avec le départ ce printemps du chanteur Fred Vonlanthen, Alain m’a demandé si j’avais envie de revenir. Je l’ai pris comme un défi, car ma voix a baissé d’une tonalité, mais, par chance, je n’ai pas encore attrapé ce que l’on appelle dans le métier le «vibrato sénile». Je suis fier de voir qu’à 81 ans j’en ai encore sous le pied. J’espère juste que ce ne sera pas le chant du cygne!» se marre Jean-Jacques Egli, manifestement le boute-en-train du groupe. «Ce sera l’occasion de réentendre des titres comme «American Trilogy» ou «Un piano pleure à Varsovie» qui n’étaient plus sur notre set list depuis son départ et de retrouver les duos célèbres de Jean-Jacques et Mady», confie Alain Morisod. 

La répétition d’Alain Morisod et de ses Sweet People u Kitchen Studio des Eaux-Vives à Genève

Après de longs mois passés sans jouer ensemble, la répétition d’Alain Morisod et de ses Sweet People a été vraiment joyeuse au Kitchen Studio des Eaux-Vives à Genève.

Sigfredo Haro

Mady, Alain et Jean-Jacques, cela fait plus de cinquante ans que ces trois-là prennent régulièrement la route ensemble; depuis la période des bals de campagne, lorsqu’ils écumaient principalement le canton de Vaud. «J’appelle cette période «mes années lumières», se souvient Jean-Jacques Egli. Jusqu’à dix soirs par mois on était sur scène, très libres, je déconnais pas mal, ce qui nous a valu de sacrés fous rires.» 

Avec la création des Sweet People en 1977, il y a eu les premières tournées en Suisse romande, puis cela s’est étendu à l’Alsace et à l’est de la France et, enfin, au Canada. Autant de voyages et de concerts qui leur ont apporté de la joie, de la bonne humeur. «On a la chance d’avoir un public incroyable, d’une générosité et d’une convivialité infinies avec nous, relève le chanteur Julien Laurence, visiblement touché à cette évocation. Beaucoup de spectateurs ne prennent pas un billet mais plusieurs pour suivre une bonne partie de la tournée, c’est fou.» Le record est d’ailleurs détenu par une Canadienne qui a assisté à 528 concerts dans sa vie. Cet amour inconditionnel de leurs fans, Alain Morisod et les Sweet People le choient bien aussi car, après des concerts de trois heures, il n’est pas rare de les voir encore rester signer des autographes durant plus de deux heures. «Quel que soit le pays dans lequel nous sommes, nous véhiculons de l’amour et de la gentillesse, les gens le sentent. Souvent, ils ne viennent pas que pour notre musique, mais pour une ambiance, un état d’esprit. Alain leur parle, leur raconte des histoires, un peu comme les conteurs africains. C’est notre griot suisse. Ses mots réchauffent le cœur des spectateurs dans la salle en leur faisant beaucoup de bien. Et ça, en tant que chanteur sur scène, on le ressent très fort», souligne encore Julien Laurence, qui a été adopté en 2004 par Alain Morisod et les Sweet People au sortir de l’émission «Nouvelle Star» sur M6, dont il a été finaliste. «Pour moi aussi, tout ça, c’est une rencontre, une aventure humaine autant que musicale. Et ceux qui ne comprennent pas ce choix, car je viens d’un univers musical plus pop rock et anglophone, je les emmerde!»

Alain Morisod & les Sweet People dans le quartier des Eaux-Vives à Genève

Dans le quartier des Eaux-Vives, à Genève, Alain Morisod, c’est le boss! Tout le monde le connaît et s’arrête pour un brin de causette avec lui.

Sigfredo Haro

Des galères qui ne s’oublient pas
 

Dans ce contexte d’aventures musicales mouvementées, il y a bien évidemment aussi eu quelques galères mémorables. Et les premiers responsables des petits retards comme des grosses frayeurs, ce sont souvent le froid, la neige ou les pannes d’électricité en plein concert. A Chandolin, c’est le camion du matériel qui reste bloqué dans un mur de neige. Ailleurs, c’étaient des églises où le groupe se produisait qui n’étaient pas chauffées. Ce qui ne les empêchait pas de se changer dans les sacristies ou carrément derrière l’autel. «A Courgenay (JU), dans les années 1990, on a dû entrer dans un cimetière avec notre camionnette pour déposer notre matériel. Impossible d’en ressortir, il a fallu déplacer une tombe… On a aussi joué une fois au-dessus d’une porcherie; les sapins de la déco n’ont pas suffi pour masquer l’odeur!» se marre Alain Morisod. 

Au Québec, ce sont des histoires de pannes d’essence frôlées au milieu de nulle part ou d’hôtel qui ne les a pas attendus après un concert. «A Lac-Mégantic, j’ai ainsi passé une bonne partie de la nuit dehors, jusqu’à ce que Julien Laurence arrive. Nous avons finalement fracturé une chambre non chauffée pour pouvoir dormir un peu», raconte Jean-Jacques Egli. Et puis il y a aussi les journées de repos passées à faire du quad. Un repos tout relatif, puisque certains se sont perdus dans les bois, tandis que d’autres ont jugé responsable de laisser les commandes de l’un de ces engins à un Alain Morisod qui n’a pas son permis de conduire. «Résultat, il a confondu l’accélérateur et le frein. Le quad flambant neuf a été bon pour la casse, mais heureusement personne n’a été blessé dans l’accident», avoue, amusé à ce souvenir, François Torche, le percussionniste du groupe depuis 1997.

Alain Morisod & les Sweet People dans le quartier des Eaux-Vives à Genève

En attendant que le matériel soit installé pour la photo de couverture de «L’illustré», petit concert improvisé sur les quais de Genève au son des «Champs-Elysées» de Joe Dassin. Les passants étaient ravis.

Sigfredo Haro

Une générosité unique
 

Malgré ces péripéties, ces tournées font partie des plus belles années du groupe. «Entre la production en studio et les voyages, j’ai pu gagner ma vie auprès d’Alain avec une famille de cinq enfants. Une telle opportunité, cela change tout pour un musicien car, en Suisse romande, il est plutôt difficile de vivre de cet art. Sans parler de sa générosité. En voyage, nous avions toujours notre propre chambre, notamment, chose qui n’est pas forcément évidente avec d’autres artistes», relève, reconnaissant, le claviériste Jean-Luc Mailler, qui côtoie les Sweet People depuis 1991. Et dès son arrivée, il a embarqué avec eux pour le Canada, parfois avec tous ses enfants. «On n’imagine pas ici le succès qu’Alain a là-bas. Au Nouveau-Brunswick, on nous accueillait avec de grandes bannières suspendues en travers de la rue comme dans les westerns! On nous a aussi demandé si on voulait bien d’une toute jeune chanteuse adolescente pour notre première partie, c’était Natasha St-Pier», se souvient-il encore.

D’ici au 1er décembre prochain, date de leur premier concert à Belfort, en France voisine, tout ce petit monde aura encore une petite semaine de répétition avant d’être totalement au point, Alain Morisod ayant ajouté quelques nouveautés à son répertoire traditionnel. «Et aussi parce que la pause a été plus longue. D’ordinaire, deux jours suffisent si chacun connaît bien sa partie», explique encore Mady Rudaz. Quatorze dates (à retrouver sur le site www.morisod.com) sont prévues à leur agenda d’ici à Noël. De Genève à Chamoson, en passant par Strasbourg et Bassecourt, ils vont remplir à ras bord des salles allant de 450 à 2500 places. «Entre-deux, comme on n’est plus de première fraîcheur, on va se ménager un peu, ou en tout cas moins faire les cons, promet Alain Morisod. Je me réjouis de repartir. On a plus de cheveux gris, plus de bide, mais… c’est nous! En 2022, lorsque j’ai annoncé que c’était notre ultime tournée, j’étais sincère. Dans ma tête, j’en avais fini avec les voyages, on avait même dit au revoir à certaines salles où on ne reviendrait plus. Mais que voulez-vous, on ne se refait pas. J’ai retrouvé une affiche de concert barrée d’un gros «Pour la dernière fois!», elle datait de… 1976!»

«Les coups de cœur» voient double

Diffusés entre 1998 et 2019, «Les coups de cœur d’Alain Morisod» ont marqué les Romands. Ils auront donc évidemment leur place parmi les divertissements emblématiques de la RTS dans «Il était une fois votre télévision», l’émission qui célébre les 70 ans de la chaîne. Mais c’est sur Léman Bleu qu’on les retrouvera beaucoup plus longuement. Ainsi, après avoir diffusé plusieurs numéros d’une compil baptisée «Super sympa» en 2020-2021, la petite chaîne du bout du lac reprogrammera sur son antenne le plus genevois des musiciens le 16 novembre à 20h pour la première d’une nouvelle émission qui devrait revenir en février, «Les années Coups de cœur». «Avec les archives de 95 émissions des «Coups de cœur» et 45 «Estivales», j’ai bien assez de matière pour mettre en valeur des moments inoubliables. Et pas qu’avec de vieux chanteurs, relève malicieusement Alain Morisod, puisqu’il y aura aussi Kendji Girac, Louane ou encore Vianney. Ce programme est resté dans le cœur des gens et on me l’a souvent redemandé, que ce soit par courrier ou dans la rue. Beaucoup de jeunes font aussi des selfies avec moi. Je sais bien que ce n’est pas pour eux, mais pour leur mamie avec qui ils regardaient l’émission.»

Par Isabelle Rovero Publié il y a 4 heures