Il ne se passe pas un jour sans une nouvelle révélation concernant le champion toutes catégories des «12 coups de midi», le jeu quotidien de TF1 animé par le populaire Jean-Luc Reichmann. Les témoignages et les accusations de jeunes filles, dont certaines étaient mineures au moment des faits, ne cessent en effet de s’empiler. «Il était en train de me violer quand j’ai pu réagir», a par exemple expliqué la semaine dernière Mélissa, 17 ans, sur le plateau de l’émission «Touche pas à mon poste» (TPMP).
Pour mémoire, celui qui a gagné 809'392 euros en 193 participations entre 2016 et 2017 a été placé en détention provisoire le 27 mars dernier, à la suite d’une plainte d’une autre jeune fille de 17 ans à laquelle il aurait naguère fait des propositions sexuelles. Christian Quesada (54 ans) est accusé de «détention et diffusion d’images pédopornographiques ainsi que de corruption de mineur».
Des faits récemment confirmés par le procureur de Bourg-en-Bresse, Christophe Rode. Le magistrat a rappelé que l’accusé avait déjà été condamné à des peines de prison avec sursis en 2001 pour exhibition sexuelle et en 2009 pour détention d’images pédopornographiques. Toujours selon l’homme de loi, les enquêteurs de la gendarmerie de Lyon ont trouvé plusieurs milliers d’images, notamment de viols d’enfants de moins de 10 ans, dans les trois ordinateurs du champion déchu. Des photos et des vidéos que ce dernier diffusait à des personnes se complaisant à les regarder, a-t-il commenté.
Quant à savoir si Christian Quesada a lui-même passé à l’acte et/ou s’il appartenait à un réseau pédophile, l’enquête le dira, a précisé Christophe Rode. Surveillé depuis deux ans, le «champion», divorcé en 2012 après quatre ans de mariage et père de deux garçons de 6 et 7 ans, utilisait des adresses e-mail fictives qu’il bloquait au fur et à mesure de leur utilisation. Il a avoué l’ensemble des faits.
Chambre de bonne
A L’illustré comme dans tous les médias francophones, le phénomène Quesada nous avait beaucoup fascinés à l’époque. Sous sa domination, le taux d’audience du jeu était d’ailleurs monté en flèche, y compris en Suisse romande. Un succès qui nous avait incités à partir à sa rencontre, à Hauteville, petite bourgade du département français de l’Ain (3800 habitants) située à 90 km de Genève et réputée pour son thermalisme.
Première surprise, malgré ses gains (il en était à 750'000 euros au moment de notre visite), Christian Quesada vivait dans une chambre de bonne, au dernier étage d’une modeste auberge, au cœur de la ville. Rencontré par hasard dans le bistrot d’à côté, il nous avait expliqué que sa maison avait été vendue à la suite de son divorce et que, vivant la plupart du temps dans un hôtel parisien à cause du jeu, il n’était pas pressé de trouver quelque chose de plus en adéquation avec son nouveau statut.
Ce jour-là, nous lui avions fait part de la rumeur de sa prochaine élimination, un certain nombre d’épisodes du jeu étant enregistrés à l’avance. Il n’avait ni confirmé, ni infirmé mais, au moment de prendre le bus régional l’amenant au TGV, à Lyon (il a gagné sept voitures pendant le jeu mais ne possède pas le permis de conduire), il avait accepté l’idée de réaliser avec nous un reportage à Paris, après son élimination.
L’illustré humilié
Avant de quitter Hauteville, nous avions encore fait le détour d’une grande surface de la cité, où l’organisme gérant le chômage en France l’avait placé comme caissier durant quelques mois.
Le jour de son élimination, nous nous sommes donc rendus, comme convenu, dans les locaux de TF1, qui organisait une rencontre avec les médias. Dans l’auditorium de la chaîne, Jean-Luc Reichmann a d’abord raconté les coulisses de l’émission à un parterre d’une cinquantaine de journalistes, enchaînant les anecdotes vécues aux côtés du champion devenu l’un de ses proches au fil de ses sept mois de présence, avoua-t-il. Puis vint le tour de Quesada de répondre aux questions des journalistes.
Mais là, coup de théâtre. Avant de se prêter au jeu, il exigea de la chaîne que le représentant de L’illustré soit expulsé de la salle. Sans que la production nous demande notre avis sur les raisons motivant la star du jour, nous avons donc été priés de quitter les lieux manu militari en raison de l'enquête en cours.
ARTICLE MODIFIÉ EN DATE DU 20 MAI 2019
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