Il y a un mème qui tourne sur les réseaux sociaux depuis le début de l’été. Pour cette image populaire qui se répète à l’envi sur les fils d’actualité de nos amis, nous sommes retournés dans les années 80. Les preuves? Elles sont multiples. Nous redoutons une guerre nucléaire lancée par ce qui ressemble de plus en plus à l’URSS, le droit à l’avortement est encore un combat partout dans le monde, l’inflation fait son grand retour dans de nombreux pays, les centrales nucléaires reviennent à la mode, «Top Gun» triomphe au cinéma et la chanteuse Kate Bush retrouve une place de numéro un dans les charts.
Au-delà de l’humour, cet étrange retour en arrière démontre que rien n’est jamais acquis. Une poussée démocratique associée à une économie libérale a permis à un dictateur d’asseoir son pouvoir et de voler son pays comme personne avant lui, quand des juges conservateurs ont pu retourner la loi aux Etats-Unis et mettre fin à un acquis vieux d’un demi-siècle. Seul le domaine des arts nous tire vers une époque plus joyeuse en établissant des connexions entre générations grâce à des artistes dont le travail continue d’émouvoir à travers les décennies.
Nous verrons comment nos banques centrales géreront le défi des prix qui s’envolent et nos politiques la crise énergétique, mais déjà une autre calamité née il y a quarante ans et plus fait irruption dans l’actualité. La tentative d’assassinat de Salman Rushdie le vendredi 12 août week-end ravive le souvenir (ou fait découvrir aux plus jeunes) d’une réalité constamment présente en filigrane dans nos vies depuis la fatwa lancée contre l’écrivain par l’ayatollah Khomeiny en 1989. Celle d’un islam radical qui se confond avec le terrorisme.
Le plus intéressant serait de déterminer si ce grand brassage des cartes du temps nous donne une quelconque prévisibilité sur les années à venir. Après les années 80, la décennie suivante a vu le monde se globaliser du point de vue de l’économie et du commerce, internet a émergé avant de connaître un krach historique en bourse puis de repartir de plus belle et tous les ferments de la crise écologique que nous connaissons aujourd’hui prenaient de la consistance. Impossible bien sûr d’en tirer des conclusions, mais nul doute que dans tous ces domaines – économie, vie quotidienne et technologie, respect de la nature – les progrès à venir ne seront pas linéaires.