Jean-Pierre Bettiol vient tout juste de rentrer de balade à vélo et d’essuyer une splendide averse. «Je roule en tout cas deux heures par jour. En février, j’ai dépassé les 300 000 kilomètres», glisse-t-il, prototype de l’alerte retraité, qui dit de cette période qu’il se lève le lundi et qu’il arrive au samedi soir sans s’en rendre compte. Le hockey aux Vernets, il y va quand il est invité, il redoute les nombreux docteurs dans les tribunes. Mais il a vibré pour les Grenat, a été tendu jusqu’à la libération du 27 avril.
Ce qu’était un hockeyeur au début des années 1970? «Question sport, tout allait plus lentement. Je me demande même si aujourd’hui les choses ne vont pas trop vite par rapport au cerveau.» Il raconte une époque où tout le monde travaillait, hormis l’entraîneur. «J’étais technicien en bâtiment. On s’entraînait cinq fois par semaine, mais les patrons étaient sympas. Ils nous libéraient l’après-midi des matchs, fiers d’avoir un joueur chez eux. De plus, pas mal de joueurs étaient employés aux Services industriels.» Aux Vernets, la patinoire accueillait 11 000 personnes, 5000 de plus qu’aujourd’hui. Beaucoup de monde était debout et cela «torraillait» sec...
«Après le premier tiers-temps, on ne distinguait plus le haut des tribunes à cause de la fumée.» Rayon matériel, il a longtemps joué sans casque et s’est fait deux grosses commotions. Gants et plastrons étaient en cuir et pesaient lourd. Etonnamment, les Romands n’étaient déjà pas si nombreux au club. A peine un tiers, la faute à la fusion de 1963 entre UGS et Servette, qui regroupa les meilleurs éléments et bloqua beaucoup de jeunes. Il dit enfin une enfance sur patins: «L’hiver, dans mon quartier des Délices, on arrosait un toit de garage pour patiner dessus. Notre lieu de rencontre, c’était inévitablement «la pato.»
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