Alexandre Hermanseder, 58 ans, Genève
Conseiller commercial automobile, 12 salaires, variable selon les commissions. Salaire: 9000 fr.
«C’est une bonne rémunération, mais c’est aussi un travail de 7 h à 19 h. Ça fait vingt-deux ans que je suis commercial automobile. Ces dernières années, les marges ont été réduites, donc je dois vendre beaucoup plus de véhicules pour gagner le même montant, car une partie de mon salaire dépend des commissions.»
Lisiane Rapin, 25 ans, Lausanne
Libraire chez Payot, 80%, 13 salaires. Salaire: 3111 fr.
«Le salaire peu élevé ne me permet pas de me projeter dans l’avenir et de penser par exemple à louer un appartement plus grand. Mais j’aime cette entreprise, ce métier et surtout le monde des livres. Mon but était aussi de travailler à 80% afin de dégager du temps pour un projet littéraire. Pour le moment, mon objectif est atteint.»
Katia Meylan, 34 ans, Lausanne
Rédactrice en chef de la revue bimestrielle «L’Agenda», 80%, 12 salaires. Salaire: 4000 fr.
«Ça fait depuis 2017 que je travaille dans ce poste et j’ai été augmentée début 2023. Je trouve que c’est très bien, pour l’instant, je n’ai pas besoin de plus. L’association fonctionne grâce aux subventions, aux abonnés à la revue et aux publicités. Si elle gagnait plus d’argent, il y aurait d’autres priorités où le placer.»
Benjamin Righetti, 41 ans, Lausanne
Professeur d’orgue à l’HEMU, 13 salaires, organiste titulaire à Saint-François et enseignant. Salaire: 9000 fr.
«Je trouve que mon salaire correspond bien au type de formation que j’ai. Mon salaire est basé sur la grille d’enseignement de la HES-SO. Je fais partie des privilégiés dans le monde de la musique, car j’ai un revenu fixe, ce qui n’est pas le cas de la plupart des musiciens. Je n’ai pas de pression sur les concerts. D’autres n’ont pas cette chance, d’autant plus que les revenus lorsqu’on joue à l’étranger ont tendance à diminuer à cause du franc fort.»
Ramiza Silva Dias Guso, 33 ans, Genève
Conductrice de bus et tram, 12 salaires, variable selon les primes de nuit ou de week-end. Salaire: 6095 fr.
«Je suis arrivée aux Transports publics genevois en avril 2019 en tant que conductrice de bus et ensuite j’ai passé aussi le permis pour conduire les trams. Je suis contente de mon salaire, par rapport à ce que je gagnais quand j’étais assistante en pharmacie, avant ma reconversion professionnelle. Mais on veut toujours plus, surtout avec les prix de la vie qui augmentent.»
Léonore Porchet, 34 ans, Lausanne
Conseillère nationale, 12 salaires, variable selon les heures de présence. Salaire: 5000 fr.
«Pour une personne seule, il n’y a pas de quoi se plaindre. Mais il faut admettre que cela ne correspond pas à nos responsabilités et au fait que nous devons être disponibles tous les jours de la semaine pour répondre aux sollicitations. En réduisant le revenu des parlementaires, on empêche des gens plus précaires de devenir candidats, surtout quand le coût de la vie augmente. A part ce salaire, je travaille à 40% à BDFIL pour assurer mes cotisations et garnir mon CV, pour la vie après la politique.»
Martial de Montmollin, 43 ans, Saint-Cergue (VD)
Ingénieur forestier EPFZ au canton de Vaud, 13 salaires. Salaire: 9177 fr.
«J’ai commencé à travailler au service des forêts du canton de Vaud en 2004 et je suis inspecteur des forêts depuis 2018. Je suis satisfait de mon salaire, quand je vois combien sont payés les bûcherons par exemple, ce serait malvenu de ma part de me plaindre. Puisque je travaille à l’Etat, la progression salariale est automatique et je connais mes revenus jusqu’à la fin de ma carrière.»
Sylvain Genton, 35 ans, Le Mont-Pèlerin (VD)
Eleveur laitier, 12 salaires. Salaire: 4200 fr.
Associé à son père sur le domaine familial du Mont-Pèlerin, cet éleveur laitier possède 50 vaches en production intégrée qui produisent 420 000 litres de lait, qu’une coopérative achète en moyenne 62 centimes le litre. Cela lui permet de se payer un salaire brut de 4200 fr. par mois. «Le plus inconfortable, c’est l’incertitude sur le prix du lait, qui bouge chaque mois. Mais j’aime la diversité de ce travail. Il faut de la passion pour élever des animaux, pour faciliter en pleine nuit un vêlage. Et il vaut mieux ne pas compter les heures supplémentaires.»
Jean-Philippe Ceppi, 61 ans, Genève
Journaliste et producteur, 13 salaires. Salaire: 9500 fr.
«A la tête de l’émission Temps présent depuis 2005, je touche le salaire d’un journaliste à plein temps en fin de carrière, selon le barème de la convention collective de la SSR, avec un petit supplément pour ma fonction de producteur. Hormis quelques indexations au coût de la vie, je n’ai pas été augmenté depuis 2016, étant au sommet de ce que je peux gagner dans la branche. Avant de suivre mes deux ans de stage de journalisme entre 1987 et 1988, j’ai décroché un master ès lettres, ainsi qu’un MBA (Master of Business Administration).»
Miguel Lobo, 25 ans, Cully (VD)
Mécatronicien, 13 salaires. Salaire: 5000 fr.
La colonisation des véhicules par l’électronique a rebaptisé mécatroniciens les mécaniciens automobiles du XXIe siècle. Miguel Lobo a d’ailleurs deux CFC, un de mécanicien et un de mécatronicien. Six ans de formation en tout. Il travaille aujourd’hui au Garage Central de Cully (VD). «Je gagne 5000 francs par mois, témoigne le jeune homme, mais c’est l’ambiance de travail qui prime pour moi.» Et puis le mécatronicien est passé côté bureau, avec en ligne de mire un brevet fédéral de conseiller SAV secteur automobile et un avenir mieux rémunéré.
Carole Pellouchoud, 49 ans, Martigny
Fondatrice et copilote de l’agence Le fin mot Communication, 12 salaires. Salaire: 8850 fr.
Pour la fondatrice, en 2005, à Martigny, de l’agence de communication Le fin mot, la transparence salariale est assez naturelle. Son petit bureau des débuts, devenu Sàrl en 2016 et où la direction est partagée (ou plutôt «en copilotage») depuis 2020, pratiquera en effet cette transparence en interne dès le 1er janvier prochain. La fondatrice de cette fabrique de textes, de sites web et de conseils stratégiques, qui compte une dizaine de collaborateurs (5,7 équivalents plein-temps), se donne un salaire mensuel brut de 8850 fr.
Jonathan Moreau, 40 ans, Lausanne
Restaurateur-gérant, 12 salaires. Salaire: 4800 fr.
«Je fais ce travail depuis une vingtaine d’années, d’abord en France, puis ici. Je suis en Suisse depuis douze ans et je gère le café The Hideaway depuis 2014. Je suis content de mon salaire. Gagner plus voudrait dire payer plus d’impôts, donc c’est bien comme ça. C’est surtout le bon fonctionnement de l’établissement qui m’intéresse.»
Christophe Flubacher, 66 ans, Sion
Retraité de l’enseignement et du journalisme. Salaire: 9346 fr.
Cet historien de l’art a enseigné à l’école vaudoise de 1987 à 2022 avec deux coupures. Une de quatre ans comme journaliste, «avec un sacrifice financier substantiel». Puis il a pris la direction scientifique de la défunte Fondation Pierre Arnaud à Lens (VS). «Là, je gagnais près de 11 000 fr. net. Mais la fondation a fermé et j’ai connu une année de chômage avant d’être engagé dans un gymnase lausannois où j’ai fini ma carrière à un peu plus de 10 000 fr. net. Je m’estime privilégié avec cette retraite, somme de l’AVS, du 2e pilier et des allocations pour mon fils de 18 ans encore aux études.
Thierry Romanens, 60 ans, Vevey
Comédien, chanteur, metteur en scène. Salaire: 7000 fr. (en moyenne)
Depuis 2020, après une trentaine d’années dans les arts vivants, Thierry Romanens est salarié par sa compagnie. Il touche 1000 fr. mensuels en fixe en tant que directeur artistique et le reste varie suivant la concrétisation de ses projets, les répétitions et les tournées. S’ajoutent à cela Les Dicodeurs à la radio et les droits d’auteur. Stressant? «Non, il y a des bons et des mauvais mois. En moyenne, cela fait 7000 francs mensuels, ce qui n’est pas mirobolant vu mon âge et sachant que je fais régulièrement travailler une dizaine de personnes. Je jouis de mon métier, malgré l’instabilité des revenus.»
Morgan Pham, 35 ans, Granges-de-Vesin (FR)
Mécanicien sur avion militaire, 13 salaires. Salaire: 7694 fr.
Cela fait huit ans que Morgan, doté d’un CFC de mécanicien motocycle, entretient et répare les avions des forces aériennes suisses à Payerne. Son salaire (classe 13 dans les barèmes de la Confédération et bonus d'ancienneté) est supérieur à celui qu’il aurait touché dans un garage. Mais le marché du travail manque de pros comme lui. Dans l’aviation civile et dans l’industrie, un salaire supérieur serait possible. Mais bichonner des F-A/18, c’est incomparable. «Et la Confédération garantit de bonnes prestations de 2e pilier et la sécurité salariale», souligne le mécanicien.
Pascale Combettes, 53 ans, Genève
Coiffeuse et gérante de salons, 12 salaires. Salaire: 7000 fr.
«J’ai commencé à 16 ans et, à 18 ans, je gagnais 2500 francs net après mon apprentissage. Aujourd’hui, je gère quatre salons de coiffure à Genève, le premier a ouvert il y a vingt-deux ans. C’est beaucoup de travail administratif. J’estime que je devrais gagner plus, mais les temps sont durs et on ne peut pas s’augmenter même en étant cheffe d’entreprise. Pour cela, il me faudrait augmenter aussi les tarifs et je risquerais de perdre des clients. Ce ne sont pas eux qui doivent en pâtir.»
Christophe Longchamp, 49 ans, Chavannes-le-Veyron (VD)
Agriculteur, 100%, dont 30% dans l’association agricole Prométerre, 12 salaires. Salaire: 5200 fr.
«Mon salaire n’est pas régulier parce que je suis indépendant et que je suis tributaire de la météo, surtout du chaud et du sec. Elle peut occasionner 20% de différence de revenu en plus ou en moins, selon l’année. Je travaille soixante heures par semaine, avec des pics en haute saison. La production de viande fournit environ 60% de mon revenu, 40% viennent des cultures. Si ce salaire me convient? Non, mais c’est un métier de passion.»