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15 balades dans les pas de grands artistes

Ils sont nombreux, les esprits créatifs et les penseurs à s’être, souvent furtivement, plus longuement parfois, imprégnés de nos horizons. De la ville à la campagne, en passant par les sommets, 15 invitations à marcher dans leurs pas. Bonne découverte!

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Les spectaculaires parois de la Gemmi qui dominent Loèche-les-Bains

Les spectaculaires parois de la Gemmi qui dominent Loèche-les-Bains.

Alamy Stock Photo/Marcel Gross

Notre sélection pour les cantons suivants:

Balades en Valais


1. Un étranger au village dans la muraille de la Gemmi 
Eté 1951. L’écrivain américain James Baldwin, qui, quelques mois plus tôt, a quitté les Etats-Unis pour échapper à leur racisme ambiant et à la pression qui prévaut sur les questions d’identité sexuelle, séjourne dans la petite station thermale valaisanne de Loèche-les-Bains. Celui qui deviendra l’un des penseurs majeurs de l’émancipation de la négritude y fait l’apprentissage de la méfiance xénophobe. Une déconcertante expérience que James Baldwin relatera deux ans plus tard dans une nouvelle intitulée «Un étranger au village». Il y écrit notamment: «Aucun Noir n’avait jamais, avant moi, posé les pieds dans ce minuscule village suisse.» Son amant de l’époque se souvient de villageois qui, lui passant la main dans les cheveux, lui disaient: «Tu devrais les laisser pousser, ça ferait un beau manteau.» Au-delà de cette douloureuse confrontation, James Baldwin sera ébahi par les vertigineuses parois de rocher qui dominent Loèche-les-Bains. Ce qui ne l’empêchera pas de les affronter dans un aller-retour saisissant jusqu’au col de la Gemmi. Et si vous en faisiez de même?
Infos pratiques: 
Balade au départ de Loèche-les-Bains jusqu’à la station supérieure du téléphérique de la Gemmi. 2h30 de marche pour 900 m de montée, le long du spectaculaire sentier, mais sans danger, taillé dans la paroi. Descente possible en téléphérique, qui n’existait pas encore du temps de James Baldwin.
>> Plus d'informations sur www.leukerbad.ch

James Baldwin

James Baldwin.

Getty Images

2. Dans le décor sauvage de la maîtresse spirituelle d’une certaine de Crayencour 
En août 1951, Marguerite Yourcenar, de son vrai nom Marguerite Cleenewerck de Crayencour, passe quelques jours à Evolène, au cœur du val d’Hérens. En pleine correction de son célébrissime roman «Mémoires d’Hadrien», elle délaisse par moments la chambre de l’Hôtel de la Dent-Blanche, où elle est descendue, pour s’en aller musarder dans les villages de la vallée. C’est lors d’une de ces escapades que l’écrivaine va faire la connaissance de Marie Métrailler, une tisserande et paysanne hors du commun, dont Marguerite Yourcenar n’hésitera pas à dire qu’elle aura été une de ses «gurus». «Cette Valaisanne, précisera l’académicienne, m’a beaucoup appris sur la manière d’envisager la vie et de la vivre.» Pour cheminer à la fois dans les pas de Marguerite Yourcenar et dans ceux de Marie Métrailler, rien de tel que d’emprunter le chemin des villages au départ d’Evolène. Une boucle de trois heures et demie de marche d’abord en rive gauche de la Borgne jusqu’aux Haudères, pour grimper ensuite vers La Forclaz, passer par La Sage et Villa, avant de redescendre sur Evolène. 
Infos pratiques: 
Balade au départ d’Evolène, au cœur du val d’Hérens. Une boucle de 3h30 de marche le long du chemin des villages d’Evolène proposé par www.suissemobile.ch. A la découverte de la tisserande Marie Métrailler, maîtresse spirituelle de Marguerite Yourcenar: www.atelier-marie-metrailler.ch

Marguerite Yourcenar

Marguerite Yourcenar.

Getty Images

Balades dans le canton d'Uri


3. Dans l’esprit du Castor autour de Seelisberg 
En mai 1946, Simone de Beauvoir accompagne Jean-Paul Sartre dans une série de conférences que l’écrivain et philosophe donne en Suisse. Si l’icône féministe s’ennuie ferme dans ces rendez-vous empesés, elle profite de son séjour helvétique pour emmener le chantre de l’existentialisme à Seelisberg, sur les hauteurs du lac des Quatre-Cantons. Un lieu que l’auteur de Huis clos porte tout particulièrement dans son cœur. C’est là que, quelques années auparavant, il a imaginé la fin tragique de l’enfant d’Estelle, un des trois personnages de la fameuse pièce de théâtre. On imagine volontiers que, en marcheuse passionnée qu’elle était, Simone de Beauvoir, dite le Castor, ait profité de cette escapade pour partir à la découverte de cette très belle région. Pour notre part, nous filerons de Seelisberg pour grimper le long du Trans Swiss Trail jusqu’à Wald, descendre au magique lac de Seelisberg, avant de revenir à la station de funiculaire du Seelisberg via Oberschwand, Frutt et Chilendorf, en partie par la forêt. 
Infos pratiques: 
Balade au départ de la station supérieure du funiculaire de Seelisberg, à 1h40 de la gare de Zurich, via Zoug, Brunnen, en train, puis en bateau jusqu’à Treib. Une boucle en descentes et montées de plus de 3h de marche entre prairies et forêts sur le féerique promontoire uranais du lac des Quatre-Cantons (www.lakelucerne.ch). Possibilité de baignade au lac de Seelisberg (www.seelisberg.ch).
>> Plus d'informations sur www.centre-simone-de-beauvoir.com

Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir.

Getty Images

Balades dans le canton de Genève


4. A la recherche de Frankenstein 
L’été naissant de 1816 est détestable; dans un ciel couvert en permanence, les orages se succèdent. A la villa Diodati de Cologny, aux portes de Genève, on s’ennuie ferme en cette nuit du 16 juin. Pour rompre la morosité ambiante, Lord Byron lance un défi littéraire aux amis réunis. Chaque convive écrira une histoire d’épouvante. La jeune Mary Shelley, future dramaturge et écrivaine de renom qui n’a alors que 19 ans, se prend au jeu. En quelques heures, elle pose les fondements de ce qui deviendra deux ans plus tard un véritable best-seller, prémices de la science-fiction: «Frankenstein ou le Prométhée moderne». La création par un jeune savant suisse d’un être vivant à partir de chairs mortes. Un monstre qui très vite échappe à son créateur en multipliant ses méfaits aux quatre coins de l’Europe. C’est l’étape genevoise des terribles frasques frankensteiniennes imaginées par Mary Shelley que je vous invite à suivre. Elle va nous conduire de la villa Diodati de Cologny à la plaine de Plainpalais, où le monstre trucide le frère de son créateur, jusqu’aux portes du Salève, ultime rencontre entre la terrible créature et son inventeur.
Infos pratiques: 
Balade au départ du Pré Byron de Cologny, à 30 min en transports publics de la gare de Genève (www.suissemobile.ch). Près de 4 h de marche jusqu’aux portes du Salève, via les quais, le Jardin anglais, la plaine de Plainpalais, où l’on rejoint la Via Jacobi jusqu’à La Croix-de-Rozon.

La villa Diodati au cœur de Cologny.

La villa Diodati au cœur de Cologny.

Getty Images

5. A travers la très discrète mais présente Genève de l’auteur de «Belle du Seigneur» 
Figure majeure de la littérature du XXe siècle, le poète, écrivain et dramaturge Albert Cohen a vécu plus de cinquante ans à Genève, mais la Cité de Calvin ne garde que très peu de traces de sa présence. Seule une rue, parfaitement anodine, au sein des Pâquis porte son nom. Genève est pourtant omniprésente dans l’œuvre de Cohen, faisant de la Rome protestante presque un personnage à part entière de son univers. S’appuyant sur les 300 occurrences répertoriées dans ses écrits, un collectif réunissant une dizaine de personnes issues du monde de l’histoire et du patrimoine va publier l’an prochain un parcours Albert Cohen à travers Genève, sous la forme d’un ouvrage. Petit avant-goût de cette déambulation, une randonnée de près de trois heures au départ de la gare Cornavin. De là, direction la rue Albert-Cohen, puis halte à la rue du Léman, domicile de Cohen de 1947 à 1961, pour gagner ensuite le quai du Mont-Blanc, haut lieu de la Genève internationale si présente dans son œuvre, avec un crochet jusqu’au parc de l’ancien BIT. Retour par les quais jusqu’à la synagogue Beth-Yacoov. Des portes de Plainpalais, halte à l’Uni Bastions, où l’écrivain fit ses études de droit, avant de filer, via le parc Bertrand, jusqu’à l’avenue Krieg, au cœur de Malagnou, dernier domicile de l’écrivain. 
Infos pratiques:
Balade de près de 3h sur les traces d’Albert Cohen, depuis la gare Cornavin jusqu’à l’avenue Krieg. Retour à la gare en transports publics (www.tpg.ch).
>> Plus d'informations sur la Genève d’Albert Cohen: www.unige.ch

Albert Cohen

Albert Cohen.

Keystone

Balades dans le Tessin


6. Dans les arabesques des Isadorables sur la colline ardente 
Inspirée à jamais par le mouvement des vagues qu’elle a contemplé des heures durant dans son enfance, Isadora Duncan, pionnière de la danse moderne, ne pouvait passer à côté du Monte Verità, cette colline qui domine Ascona et le lac Majeur. Durant cinq ans, de 1913 à 1918, chaque été, elle investit ce haut lieu de la liberté de pensée et de la vie alternative. Durant de longues semaines, en pédagogue née, elle y dispense ses fameux cours axés sur la résonance de l’intime du corps. Sa profession de foi, qui est de danser sa vie, est en parfaite adéquation avec l’esprit qui prévaut alors au Monte Verità. En grimpant sur la colline, au départ des rives d’Ascona, on imagine encore volontiers ce que fut la communauté qui s’y établit au tout début du XXe siècle. Encore imprégné des ondulations d’Isadora Duncan, on peut poursuivre à travers bois le long du Böcc del Cröss en direction d’Arcegno. Le village traversé, toujours en milieu forestier, la randonnée proposée redescend le Val Brima pour regagner le Monte Verità puis Ascona. 
Infos pratiques:
Balade au départ des rives d’Ascona, à 15 min en transports publics de la gare de Locarno. Une boucle de 2h15 de marche en légère montée puis en faible descente, via la colline du Monte Verità proprement dite, puis à travers bois en direction du village d’Arcegno pour un retour vers Ascona par le Val Brima.
>> Plus d'informations sur www.isadoraduncanarchive.org

Isadora Duncan

Isadora Duncan.

Getty Images

Balades dans le canton de Berne


7. Avec le juge et son bourreau le long des gorges de Douanne 
Avant de s’installer définitivement à la maison du Pertuis-du-Sault, en terre neuchâteloise, Friedrich Dürrenmatt, certainement le plus illustre des auteurs suisses, réside quatre ans durant entre Gléresse et Schernelz, au bord du lac de Bienne. C’est au cœur du vignoble seelandais qu’il va écrire «Le juge et son bourreau», son premier roman policier, qui met en scène le commissaire Bärlach, son adjoint Tschanz et le criminel Gastman. Des protagonistes qui nous emmènent entre le plateau de Diesse et les rives du lac de Bienne, principalement le long des gorges de Douanne. Pour cheminer en leur compagnie et bien sûr aussi celle de Dürrenmatt, je vous propose d’emprunter, au départ de Gléresse, le funiculaire jusqu’à Prêles. De là, on grimpe à pied jusqu’à l’entrée de Lamboing pour redescendre d’abord le long des gorges de Douanne, lieu du crime à élucider, pour revenir à travers la forêt puis les vignes jusqu’à Gléresse, via bien sûr le hameau de Festi, si cher à l’auteur. 
Infos pratiques:
Balade au départ de Prêles, via Gléresse, à 10 min en train de Bienne ou 20 min de Neuchâtel. Depuis Prêles, que l’on rejoint en funiculaire, il faut compter 2h de marche, d’abord jusqu’aux portes de Lamboing avant de redescendre le long des gorges de Douanne, puis vers Gléresse à travers le vignoble. La randonnée enquête «Meurtre dans les gorges de Douanne» est uniquement réalisable sur réservation.
>> Plus d'informations sur www.cdn.ch et www.j3l.ch

Les gorges de Douanne

Les gorges de Douanne si chères à Dürrenmatt.

Tourismus Biel Seeland/Stefan Weber

Balades dans le canton de Fribourg


8. Avec San Antonio chez les éplucheurs de pommes de terre 
Une bonne partie des 400 romans, et dans la foulée des centaines de millions d’exemplaires vendus, que Frédéric Dard a produits au cours d’une des carrières les plus prolixes de l’édition française d’après-guerre sont nés à Bonnefontaine. Chez les éplucheurs de pommes de terre; en patois fribourgeois, c’est comme ça qu’on nomme les habitants de ce hameau du district fribourgeois de la Sarine. Très précisément à l’Eau-Vive, une ferme du village datant du XVIIIe siècle, où le père de San Antonio s’installe en 1978, loin des tumultes parisiens, pour poursuivre sa folle production littéraire. Il y restera jusqu’à sa mort en juin 2000. De sa présence dans cette tranquille bourgade, il ne reste qu’une fontaine, offerte par l’auteur, au centre de la placette qui porte son nom. Après avoir fait un crochet par l’Eau-Vive, c’est de là que débute la randonnée du jour. Une boucle qui file vers le sud en direction de Closalet, pour grimper à travers la forêt par un petit sentier qui fait le tour du Poyet, la colline locale. Au retour, le chemin domine le ruisseau de Montécu pour revenir jusqu’à la place Frédéric-Dard. 
Infos pratiques:
Balade de moins de 2 h de marche au départ de Bonnefontaine, à moins de 30 min en bus (www.tpf.ch) de la gare routière de Fribourg. Une boucle facile à travers la forêt. A l’aller ou au retour, possible petit crochet par l’Eau-Vive, la demeure de Frédéric Dard durant plus de vingt ans.

Frédéric Dard

Frédéric Dard.

Getty Images

9. Au pays du vitrail dans les pas d’une couturière devenue sainte 
C’est l’histoire peu banale d’une petite couturière issue d’une modeste famille d’agriculteurs comme on en rencontre beaucoup dans la Glâne fribourgeoise. Marguerite Bays – c’est son nom – rejoint très tôt le tiers-ordre franciscain, mais demeure comme laïque à la ferme familiale de La Pierraz, hameau de Siviriez. Son engagement, elle le dispense depuis chez elle, en allant porter secours et assistance aux plus démunis, aux plus fragilisés, les orphelins, les illégitimes. C’est cette humble vocation dans le quotidien, comme l’a souligné le pape François en 2019, qui, cent quarante ans après sa mort, lui a valu la canonisation. Marcher dans les pas de sainte Marguerite Bays, c’est, au départ de Romont, passer d’abord par l’abbaye de la Fille-Dieu, où elle venait fréquemment se ressourcer. De là, en empruntant le chemin du vitrail, le chemin contourne la cité médiévale, suit le cours de la Glâne jusqu’au Prâli, puis rejoint la route de la Chapelle jusqu’à Notre-Dame du Bois. Cet oratoire où la sainte venait très régulièrement se recueillir est à moins de vingt minutes de la ferme de La Pierraz, son lieu de vie. De là, l’église de Siviriez, où les reliques de la couturière reposent, ne sont plus qu’à vingt minutes de marche. 
Infos pratiques:
Balade au départ de la gare de Romont. Une randonnée de moins de 3 h de marche dans la campagne glânoise, sur les traces de Marguerite Bays, sainte du quotidien.
>> Plus d'informations sur www.marguerite-bays.ch

Marguerite Bays

Marguerite Bays.

Eglise catholique romaine GE

Balades dans le canton de Neuchâtel
 

10. De Fontainemelon à la rue du Neubourg dans les pas d’une sublime analphabète 
«Pour écrire des poèmes, l’usine est très bien. Le travail est monotone, on peut penser à autre chose, et les machines ont un rythme régulier qui scande les vers. Quand le poème prend forme, je note.» L’usine dont parle Agota Kristof, c’est celle de la Fabrique d’horlogerie de Fontainemelon, où elle va œuvrer cinq ans durant à son arrivée en Suisse après avoir précipitamment quitté sa Hongrie natale. Le Val-de-Ruz constituera le point de départ de la randonnée qui va nous permettre de marcher dans les pas de cette figure majeure de la littérature du XXe siècle. Trois bonnes heures de marche à travers champs et forêts, via Fontaines puis Valangin, avant de gagner les gorges du Seyon, aux portes de la ville de Neuchâtel. Une cité prussienne qui, cinquante-cinq ans durant, fut le lieu d’accueil d’Agota Kristof. L’auteure du «Grand cahier» avait une tendresse particulière pour la vieille ville et la rue du Neubourg, son dernier domicile. A cinq minutes de là, on n’omettra pas de faire un saut dans le jardin du Collège Latin, qui vient d’être baptisé place Agota-Kristof.
Infos pratiques:
Balade au départ de Fontainemelon, dans le Val-de-Ruz, à 40 min de transports publics de la gare de Neuchâtel. 3h de marche jusqu’au cœur de la vieille ville Neuchâtel, via Fontaines, Valangin et les gorges du Seyon, jusqu’au 18, rue du Neubourg, dernier domicile de l’auteure de «L’analphabète».

Les hauts pâturages typiques du Val-de-Ruz

Les hauts pâturages typiques du Val-de-Ruz.

Alamy Stock Photo

11. «Les rêveries du promeneur solitaire» du côté de la Robella 
«Je me rappellerai toute ma vie une herborisation que je fis du côté de la Robaila, montagne du justicier Clerc. Jʼétois seul, je mʼenfonçai dans les anfractuosités de la montagne, et de bois en bois, de roche en roche, je parvins à un réduit si caché que je nʼai vu de ma vie un aspect plus sauvage.» Extrait de la «7e promenade» des «Rêveries du promeneur solitaire». Jean-Jacques Rousseau, alors réfugié en terre neuchâteloise, y fait une description précise d’une randonnée qu’il fit en juillet 1765 sur les hauteurs du Val-de-Travers. Si l’on se veut fidèle au philosophe et herboriste éclairé, on peut entamer sa balade à Buttes et grimper jusqu’à la Petite Robella, par la fontaine des Fées et le Plan des Auges. De là, direction Crêt des Lisières pour partir à droite à travers forêts et pâturages jusqu’à la Grande Robella avant de redescendre sur Buttes via Prise Cosandier et le Crêt Rond. Avec un peu de chance, vous apercevrez le long du parcours «Nidus avis», orchidée si chère à notre rêveur. 
Infos pratiques:
Balade au départ de Buttes, dans le Val-de-Travers, à 45 min en train de la gare de Neuchâtel. Une boucle de 3 h 45 de marche pour près de 800 m de montée à travers forêts, rochers et pâturages. De juillet à août, possibilité d’emprunter le télésiège Buttes-Robella si l’on veut raccourcir la randonnée. www.robella.ch
>> Plus d'informations sur Rousseau, une présence neuchâteloise sur www.unine.ch

Jean-Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau.

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Balades dans le canton du Jura


12. De Porrentruy à Bressaucourt dans le sillage d’un discret prodige 
Elisa Shua Dusapin a beau passer son temps en perpétuel mouvement, d’un continent à l’autre, d’une cité de passage à l’autre, se réfugier dans les profondeurs de sa Dordogne natale pour écrire, l’Ajoie de son enfance et de son adolescence reste son absolu port d’attache. C’est que l’écrivaine, première Suissesse à avoir été couronnée d’un National Book Award, l’une des plus hautes distinctions de la littérature anglo-saxonne (c’était en 2021 pour la traduction de son roman «Hiver à Sokcho»), a besoin de son Porrentruy pour se recentrer. Mais aussi et peut-être surtout des campagnes qui l’entourent pour que, comme elle le dit volontiers, tout s’éclaire de nouveau. Entre bois et pâturages ajoulots si chers à Elisa Shua Dusapin, pourquoi ne pas opter pour la balade qui, des confins de la cité médiévale via la forêt du Banné puis Champs-Graitoux, conduit jusqu’au village de Bressaucourt, première installation jurassienne de la jeune écrivaine. De là, retour vers Porrentruy en passant par la plaine du Creugenat puis celle de Courtedoux. 
Infos pratiques:
Balade au départ de Porrentruy, plus précisément à l’école primaire de l’Oiselier en direction du village de Bressaucourt, via Champs-Graitoux. Retour vers la cité des princes-évêques par les pâturages de la plaine de Creugenat, puis celle de Courtedoux. Une randonnée facile de 3h15.
>> Plus d'informations sur www.jurarando.ch

Elisa Shua Dusapin

Elisa Shua Dusapin.

Blaise Kormann

Balades dans le canton de Vaud


13. Avec le réalisateur et acteur des «Temps modernes» à travers les terrasses de Lavaux 
Fin 1952, pris dans les filets de l’hystérie anticommuniste, Charlie Chaplin, pourtant star hollywoodienne incontestée, perd son visa de séjour aux Etats-Unis. Il décide alors de s’installer avec sa famille en Suisse. Pendant vingt-cinq ans, depuis sa base de Corsier-sur-Vevey, il va notamment sillonner Lavaux. Pour suivre Charlot à travers les vignes, il suffit de commencer sa balade à la petite gare de Saint-Saphorin. Première halte au cœur du village, à l’Auberge de l’Onde, où Chaplin avait ses habitudes. Le chemin grimpe ensuite vers l’église gothique pour filer à travers le vignoble en direction de Burignon, avant d’atteindre les hauteurs de Corsier, le tout dans un décor de rêve qui va du lac aux Alpes vaudoises et valaisannes. Peu après la Cave de Corseaux, on quitte le chemin des terrasses de Lavaux pour descendre vers la station de départ du funiculaire pour le Mont-Pèlerin. Une station que l’on contourne pour remonter vers le cimetière, où Chaplin repose aux côtés de sa femme Oona. De là, il faut encore compter une vingtaine de minutes pour rallier le Manoir de Ban. Le domaine de 14 hectares, lieu de résidence de la famille Chaplin et de ses 8 enfants, abrite désormais un musée consacré à Charlot et à son œuvre. 
Infos pratiques:
Balade au départ de la gare de Saint-Saphorin. 2h de marche à travers les terrasses de Lavaux jusqu’au Manoir de Ban (www.suissemobile.ch).
>> Plus d'informations sur www.chaplinsworld.com

Charlie Chaplin

Charlie Chaplin.

Getty Images

14. Des humeurs de vacances romaines sur la côte lémanique 
Audrey Hepburn est l’une des très rares actrices à avoir connu tous les honneurs hollywoodiens, l’Emmy, le Grammy, le Tony et l’Oscar. C’est que cette star incontestée était à l’aise aussi bien devant la caméra, sur scène que dans ses pas de danse. Au début des années 1960, la princesse de «Vacances romaines» aspire cependant au calme et décide de s’installer dans le paisible village de Tolochenaz. C’est là que, trente ans durant, elle va goûter au bonheur de la discrétion qu’elle chérissait par-dessus tout. Au départ de la gare de Morges, une lumineuse randonnée d’un peu plus de deux heures vous permet de marcher dans ses pas. Direction l’hôtel de ville, où elle épousa le psychiatre Andrea Dotti, la Grand-Rue, où elle faisait régulièrement son marché, pour gagner ensuite les rives du lac qu’elle aimait tant en suivant le parcours du panorama alpin. Le chemin remonte ensuite le cours du Boiron jusqu’à la STEP. De là, direction Tolochenaz en passant d’abord devant La Paisible, sa discrète maison, jusqu’à la place du village, qui porte son nom. A quelques centaines de mètres de là, le cimetière où Audrey Hepburn repose depuis trente ans déjà. Empreint de la grâce qu’elle incarnait, on retourne à la gare de Morges via Prélionne. 
Infos pratiques:
Balade de 2h15 au départ de la gare de Morges et retour, via le centre-ville, puis les bords du lac, le long du parcours du panorama alpin jusqu’à Tolochenaz, lieu de vie d’Audrey Hebpburn et sa famille qu’elle chérissait (www.suissemobile.ch).

Audrey Hepburn

Audrey Hepburn.

Wikipédia/Otto Wegener

Balades dans les Grisons


15. La passion selon Marcel sur les hauteurs de la Bernina 
Eté 1893, le jeune Marcel Proust, qui n’a alors que 22 ans, est en vacances en Engadine avec son ami Louis de la Salle. Le 22 août très précisément, il profite d’un séjour à Saint-Moritz pour entreprendre une excursion entre l’hospice de la Bernina et l’Alp Grüm. De passage au refuge de Sassal Mason, c’est un Proust passionné qui laisse un signe énigmagtique dans le livre d’hôtes de l’établissement. Quelques longues semaines plus tard, il écrira dans «Présence réelle»: «Nous partîmes pour l’Alp Grüm, imaginant que, dans le panorama étendu devant le pic là où commencerait l’Italie le paysage réel et dur cesserait brusquement et que s’ouvrirait dans un fond de rêve une vallée toute bleue. En arrivant au sommet nous restâmes éblouis. Notre enfantine imagination était devant nos yeux, réalisée.» Cent trente ans plus tard, le paysage qui a tant ébloui le jeune Proust est presque à l’identique, à la notable exception de la glace du Piz Palü qui a cédé sa place à une spectaculaire cascade dont les eaux vont finir leur course dans l’Adriatique.
Infos pratiques:
Balade au départ de la gare de l’hospice de la Bernina à 45 min de train de Saint-Moritz le long de la mythique ligne du Bernina Express. www.rhb.ch 3h de marche dont 240 m de montée et 800 m de descente jusqu’à Cavaglia en passant par le Lago Bianco, Sassal Mason si cher à Marcel Proust, l’Alp Grüm et le Lagh da Palü (www.suissemobile.ch).

col de la Bernina

Sur les hauteurs du col de la Bernina.

Alamy Stock Photo
Par Jean de Preux publié le 22 octobre 2023 - 00:46