Dayan Nessah: Le dessus du panier
Héritier naturel de Thabo Sefolosha et de Clint Capela sous les paniers, Dayan Nessah est né et a grandi à Genève. Au bénéfice d’une double culture (suisse et camerounaise), ce solide athlète (2 mètres pour 92 kg), à l’aise à tous les postes, a mis ses premiers paniers au Grand-Saconnex, avant de rejoindre Meyrin et Lancy. Passé par la Swiss Hoops Academy, il a ébloui les recruteurs catalans du FC Barcelona Bàsquet dont il a rejoint la réserve U18 en 2020. A 17 ans, Dayan fait maintenant partie du contingent de l’équipe A, son premier contrat pro en poche. Déroutant d’aisance, ce jeune basketteur est un «showman». Son propre père le décrit comme un lion. Ambitieux, il vise la NBA via le top 5 de la draft 2025 ou 2026. Pas moins. Son pote Lamine Yamal, footballeur précoce du grand Barça, y croit dur comme fer.
Jamie Lee Cussigh: Au diapason de l’égérie du black metal
Un père frioulan disquaire à Porrentruy (JU), une maman bulgare et chanteuse, Jamie Lee Cussigh – elle doit son prénom à l’actrice Jamie Lee Curtis – a grandi en musique. Fan de metal depuis ses 10 ans, elle a d’abord étudié le piano avant de choisir la basse. Formée au Conservatoire de Neuchâtel, elle a la beauté du diable et peut tout jouer. Membre du groupe Sacrifizer, elle a rejoint en 2020 le groupe de black metal Triumph of Death, rejeton damné de Hellhammer du Zurichois Tom Gabriel Fischer. Un album live, «Resurrection of the Flesh», témoignant d’une année faste autour du globe, vient de sortir. Un son puissant débité à la vitesse de la lumière, une atmosphère oppressante: que du bonheur pour Jamie Lee Cussigh (25 ans), native de La Chaux-de-Fonds et Bruxelloise d’adoption, qui mène en parallèle un projet new wave baptisé Letten 94.
Romane de Watteville: Avec Paris pour décor
Sa peinture, figurative, raconte des histoires. L’artiste lausannoise Romane de Watteville (30 ans) y met beaucoup d’intime, tels ses autoportraits au cadrage singulier. En teintes douces et pastel, elle interpelle notre inconscient, distillant sensualité et mystère sur plusieurs niveaux, jouant avec nous. En termes d’influences, le pop art saute aux yeux, la peinture flamande et les peintres de la Renaissance italienne se devinent. Formée à l’Unil, puis à l’ECAL où elle a aussi enseigné, deux bachelors (histoire de l’art et du cinéma et arts visuels) en poche, lauréate du Prix Mobilière 2022 et, en 2023, d’une Bourse culturelle Leenaards, elle a exposé l’an dernier à Rennes, à Milan et à Bâle. Romane de Watteville est en résidence artistique à Paris jusqu’à fin juin pour développer son projet «Picture of You Staring».
Yannis Voisard: La roue de la fortune
Les spécialistes l’ont découvert au printemps 2022, lors de sa victoire surprise au 31e Alpes Isère Tour. Un grimpeur poids plume, redoutable en descente et capable de taquiner un spécialiste comme Stefan Küng sur le contre-la-montre. Yannis Voisard, 25 ans, a grandi à Fontenais (JU), en Ajoie. Etabli à Neuchâtel, il sort d’une année folle – sa première chez les pros – au cours de laquelle il a remporté l’étape reine du Tour de Hongrie, bouclé au 3e rang du général, s’est classé 7e au Tour de Sicile et 18e au Tour de Romandie – son premier top 20 sur le World Tour –, le tout en obtenant un bachelor en biologie. Avec ou sans lunettes, il se donne à fond. L’équipe Tudor a prolongé son contrat jusqu’en 2026. Cette année, le Jurassien aura à cœur de mieux se distinguer encore. Pourquoi pas sur le Giro si son équipe est invitée?
Franck W. Surdez: L’enfant de la balle
Il suffit de le regarder jouer pour saisir le potentiel inouï de ce footballeur de bientôt 22 ans. Droitier, très habile balle au pied, élégant, voyant le jeu avant les autres, Franck W. Surdez (1m88) évolue avec Xamax depuis 2020. Son contrat a été prolongé jusqu’à l’été 2025. Surdez a aussi brillé avec les Rougets (équipe de Suisse M21) cet automne. En Challenge League, le gamin du Landeron (NE) a signé sept buts et autant de passes décisives en 17 matchs cette saison. Il a aussi écopé d’un carton rouge... Le garçon a du caractère. Trop parfois. Il s’était mis son club à dos pour une histoire de transfert avorté et s’est retrouvé banni un an. Il en a tiré une vraie leçon.
Le coach Uli Forte l’a bien compris. Selon le site Transfermarkt, Surdez vaut aujourd’hui 200 000 euros. Une paille pour un grand club.
Vanie Gogniat: Par l’épée tu vaincras
Au terme d’une formation dans l’audiovisuel, elle vient de remettre son travail de diplôme, mais c’est l’épée à la main que Vanie Gogniat, 18 ans, veut s’affirmer. A l’automne, la Neuchâteloise de Vilars, dans le Val-de-Ruz, est devenue championne de Suisse élite. Affiliée au Cercle d’escrime de Bienne, la gauchère, qui souffre de dyslexie et de dysorthographie, a débuté à 6 ans pour mieux se situer dans l’espace. Une réussite. La mythique série «Zorro», qu’elle suivait chez ses grands-parents, l’aurait aussi motivée. D’un naturel timide, Vanie Gogniat devient, masquée, une vraie tueuse. Son rêve ultime? Disputer les JO de Los Angeles. Elle peut le faire. Figurant dans le top 20 mondial chez les moins de 20 ans, l’élève de Rémy Grosjean doit apprendre à gérer ses émotions. On la suivra sur le circuit U20 international.
Meriam Mastour: Vocation, défenseuse des droits humains
Une force de conviction rare. Née à Nyon en 1992, d’origine tunisienne, Meriam Mastour a grandi à Gland. Se voulant utile, elle crée à 13 ans l’ONG Etincelle d’espoir. Elle fera ensuite du droit à Genève. Cofondatrice du collectif Les Foulards Violets, organisation féministe suisse contre la discrimination islamophobe fondée sur le genre, spécialiste du droit d’asile et des étrangers notamment, son expertise sur les questions de racisme et d’inclusion est reconnue. Juriste et spécialiste diversité et inclusion depuis 2022, elle a dénoncé l’existence en Suisse d’un racisme structurel. En 2023, le jury international du JCI World Congress l’a désignée dans le top 10 des personnalités les plus influentes du monde pour sa contribution à l’enfance, à la paix et aux droits humains. Mariée et mère de trois enfants, Meriam Mastour (31 ans) vit à Dakar.
Kilian Feldbausch: Un jeu de patience
Derrière l’épatant Dominic Stricker, le droitier genevois Kilian Feldbausch est en constant progrès. A l’issue de sa première saison pro, il pointait mi-décembre au 441e rang à l’ATP, ce qui en fait, à l’âge de 18 ans, le tennisman suisse le mieux classé de l’histoire après Federer! Cathy Caverzasio, sa mère, naguère 34e mondiale, l’entraîne. Formé au TC Champel, Kilian a commencé le tennis à 3 ans. Ses atouts? Une lecture du jeu rare, de l’ambition, un entourage stable aussi. Sa saison 2023 a été marquée par des blessures de fatigue. Sept mois out. Le doute, puis un retour gagnant. A Boca Raton, en Floride, le demi-finaliste de l’Open d’Australie 2022 juniors a remporté son premier tournoi ITF. Avec sa taille (1 m 91), il doit encore affûter son service. Actuellement en Amérique du Sud, il vise le 230e rang mondial pour la fin 2024.
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Audrey Werro: L’étoile de la piste
Une foulée impériale. A 19 ans, l’athlète du CA Belfaux, établie à Courtepin (FR), a le potentiel d’une future star de la piste. Née à Fribourg d’un père suisse et d’une mère ivoirienne, Audrey Werro a commencé l’athlétisme à 9 ans. Sa spécialité? Le double tour de piste, qu’elle domine tout en terminant sa maturité gymnasiale. Coachée par Christiane Berset Nuoffer, sœur du conseiller fédéral sortant Alain Berset, son palmarès chez les U20 est éloquent: championne d’Europe en 2021 et 2023, vice-championne du monde en 2022. En septembre, la double championne de Suisse a réalisé à Bellinzone un chrono de 1’58’’13, se qualifiant pour les JO de Paris. Le record national de Selina Büchel (1’57’’95) est à sa portée. A condition qu’elle se montre moins empressée à courir seule devant, la Fribourgeoise fera des étincelles.
Raphaël Ahumada: Quand l’eau vient à la bouche du rameur
L’histoire est folle. A l’été 2013, Raphaël Ahumada (23 ans), citoyen dengereux – il vit à Denges (VD) –, reçoit un flyer pour une initiation à l’aviron... Dix ans plus tard, il remporte la Coupe du monde, devient champion d’Europe et vice-champion du monde en double poids légers, avec le Nidwaldien Jan Schäuble! Le sociétaire du Forward Rowing Club de Morges a ramé et il a bien fait, surtout après la saison 2019, décevante. Le covid l’a remis en selle, au point de pouvoir rêver de médaille olympique à Paris. La qualification du bateau est acquise. Swiss Rowing doit maintenant valider l’équipage. Raphaël Ahumada a mis ses études d’architecture à l’EPFL entre parenthèses. Question de priorité. Sans compter que sa discipline en aviron, le double poids légers, ne sera plus olympique à Los Angeles en 2028. C’est maintenant ou jamais.